" Expliquons ce que l'on fait ", la parade anti-agribashing de Christiane Lambert
« Les médias aiment-ils l’agriculture ? ». Pas toujours. Le monde agricole se sent même souvent victime d’un phénomène d’agribashing. Comment y remédier ? Les agriculteurs doivent parler eux-mêmes de leur métier et des réalités de l’agriculture.
« Les médias aiment-ils l’agriculture ? », telle était la question du débat organisé par AgroParisTech Alumni et les Agros de Normandie. La table ronde s’est déroulée le 20 novembre à Paris et était retransmise en direct à Saint-Rémy sur Orne dans le Calvados. Un rendez-vous ville et campagne rendu possible grâce à la magie de Facebook live sous la baguette de Geneviève de Sainte-Marie en Normandie.
Autour de la table, cinq intervenants :
- Chistiane Lambert, présidente de la FNSEA, syndicat agricole,
- Valérie Lobry, directrice générale de la division Agriculture-Alimentation de Comexposium, organisateur d ‘évènements, dont le Salon de l’agriculture,
- René Siacci, directeur régional à France 3,
- Eddy Fougier, rédacteur du rapport « Le monde agricole face au défi de l’agribashing »,
- Jean Guillaume, exploitant agricole « Les Bisons du Sachuron » dans le Haut-Doubs.
Catherine Verger, journaliste, animait les débats.
Communiquer sur les réalités de l'agriculture
La communication parfois difficile serait-elle tout simplement due à une différence de rythme ? C’est l’hypothèse suggérée par Jean Guillaume qui pointe le besoin de vitesse des médias quand les agriculteurs cultivent plus volontiers la patience. Et l’éleveur le reconnaît bien humblement : « On n’a pas été formés à se livrer, à parler de notre métier ».
Le « manque de temps » est aussi mis en avant par le journaliste René Siacci, dans cette recherche actuelle d’information continue, de réponses immédiates. « Dire la vérité, c’est toujours faire son métier. Pour autant, « ce n’est pas forcément être agressif, ce n’est pas forcément pousser quelqu’un dans ses retranchements ».
Autre explication possible aux malentendus entre journaliste et monde agricole : « l’information agricole échappe souvent aux spécialistes de l’agriculture », constate René Siacci. D’où une certaine méconnaissance.
Il faut dire que l’agriculture est devenue un sujet sociétal. « L’agriculture touche à l’alimentation ce qui fait que nous sommes un secteur très regardé actuellement », note Christiane Lambert.
Pour Eddy Fougier, la plupart des produits alimentaires sont industriels mais la communication de l’industrie agroalimentaire promet une « image traditionnelle de l’agriculture » dont les agriculteurs se retrouvent « prisonniers ».
Valérie Lobry constate aussi ce décalage entre la « perception de l’agriculture et ce qu’elle est en réalité ».
Finalement, tous les intervenants s'accordent à dire que la solution est dans la communication. « Apprenez à maîtriser votre discours » conseille René Siacci au monde agricole. Il faut des communicants qui soient aussi « de grands écouteurs » pour devenir porte-paroles de ceux qui ne communiquent pas.
« Restons calmes, expliquons ce que l’on fait », propose Christiane Lambert. « J’ai confiance en ces capacités à réussir ce dialogue avec les journalistes ».
Jean Guillaume parle aussi d‘éducation, « de mettre la main dans la terre » à l’école. Pour les plus jeunes, Christiane Lambert, elle, propose de « faire venir les amis des enfants au salon de l’agriculture ». Un voyage en terre inconnue qui peut devenir rendez-vous en terre agricole.
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