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Ingrédients
Eurogerm : de bons résultats au premier semestre 2020, malgré la crise sanitaire liée à la Covid-19

L’ingrédientiste français a tiré son épingle du jeu dans un environnement économique perturbé, grâce à une présence à l’international marquée.

Benoît Huvet, directeur général délégué d’Eurogerm.
© Groupe Eurogerm

« Impacté notamment par une évolution défavorable des taux de change, le chiffre d’affaires d’Eurogerm s’inscrit à 53,6 M€ pour le premier semestre 2020, en recul de -1,3 % [versus janvier-juin 2019]. A taux de change et périmètre constants (hors contribution de son ancienne filiale IDS cédée en octobre 2019), le chiffre d’affaires est en progression de +4,2 % », indique le spécialiste français des ingrédients et auxiliaires technologiques pour la filière Blé-Farine-Pain, dans un communiqué en date du 16 octobre. Le résultat net du groupe Eurogerm atteint 2,6 M€ au premier semestre 2020, en hausse de 8,7 % par rapport au même semestre de 2019. L’entreprise explique ses bons résultats par « résilience de son modèle d’affaires dans un contexte conjoncturel exceptionnel ».

Un fort développement à l’international

« Outre la bonne résistance de la filière Blé-Farine-Pain en cette crise sanitaire liée à la covid-19, à l’image de celle du riz et des pâtes, la résilience de notre modèle d’affaires réside dans le caractère international de notre activité. Quelque 65 % de notre chiffre d’affaires s’est effectué hors de nos frontières au premier semestre 2020 [contre 62 % de janvier à juin 2019] », explique Benoît Huvet, directeur général délégué d’Eurogerm.

Les baisses d’activité dans certaines zones géographiques sont, par ailleurs, compensées par des hausses de chiffre d’affaires dans d’autres bassins de consommation. « En Amérique du Sud et en Afrique, nos ventes ont progressé car les populations, au moindre pouvoir d’achat (au Pérou, le chômage atteint 50 %), achètent des aliments plus basiques comme le pain », se félicite le dirigeant. Les correcteurs de meunerie et améliorants de panification ont ainsi crû de respectivement de +2,8 % et +0,4 %, selon le communiqué. « A l’inverse, en Amérique du Nord, alors que les ventes avaient bien augmenté au premier trimestre, elles se sont effondrées au deuxième trimestre [à cause du confinement]. En France, c’est sur le circuit de la restauration hors foyer (cafés, restaurants) que l’on a enregistré la plus forte baisse d’activité », précise le directeur général délégué.

Enfin, « nos trois métiers – boulangerie industrielle, meunerie et pâtisserie – se compensent les uns les autres », ajoute Benoît Huvet. « Concernant la pâtisserie, 60 % de nos clients français ont arrêté leur activité sur la période avril-mai-début juin. D’où l’intérêt de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ! » Les ingrédients, concepts, avant-produits de pâtisserie et divers sont ainsi en « retrait de -3,9 % sur le premier semestre 2020 », selon le communiqué.

En plus d’une filiale dédiée à la pâtisserie en France, le groupe Eurogerm compte 12 filiales à travers le monde (Allemagne, Italie, Espagne, Maroc, Sénégal, Afrique du Sud, Pérou, Colombie, Mexique, Brésil, Etats-Unis, Liban), qui lui permettent d’être en contact direct avec la clientèle. « Nous ne confions pas la commercialisation de nos produits à des agences commerciales. Nos collaborateurs vont physiquement voir nos clients sur place, un atout en cette période où les voyages sont limités », souligne Benoît Huvet. En Asie, le groupe Eurogerm fait appel au « premier groupe meunier japonais, Nisshin, pour distribuer ses produits ».

Une productivité horaire améliorée

La résilience du modèle d’affaires du groupe Eurogerm s’explique également par « la poursuite de la prise de parts de marché et les mesures déployées pour neutraliser les effets de la pandémie sur l’activité (mise en sécurité de la production, mesures de contrôle et de baisse des coûts) », indique le communiqué.

« Les seuls gros investissements effectués en ce premier semestre 2020 ont concerné la sécurité des personnes (mise en conformité avec les règles sanitaires liées à la Covid-19) et des biens, dans l’objectif d’assurer la production », affirme Benoît Huvet. Et d’ajouter : « Nous avons sécurisé la production grâce la confiance qui nous avons réussi à instaurer avec nos salariés. Pratiquement, nous n’avons eu aucun cas de Covid-19 dans l’entreprise ».

L’entreprise a de plus abaissé ses coûts pour consolider ses résultats. « Aux moindres frais de voyage de nos commerciaux, en télétravail, s’ajoutent un repli de l’emploi d’intérimaires, l’arrêt des CDD et la limitation des CDI », énumère le dirigeant, qui se félicite « de l’amélioration de la productivité horaire sur l’année 2020 ». Le directeur général délégué explique « la hausse de la production, avec un personnel restreint », par « la prise de conscience de la part des employés de la réalité de la situation » : « les gens se sont montrés à la hauteur ! »

Une tendance au plus « local » et au plus « moelleux »

Concernant les investissements à venir, « nous continuons à améliorer les capacités de production, tout en restant prudents », souligne Benoît Huvet. Mais certains projets sont suspendus. « La donne ayant changé sur les marchés, nous nous donnons le temps de la réflexion, pour déterminer nos axes prioritaires en termes d’augmentation de nos capacités de production et de stockage en France et à l’étranger. » Les marchés étant de plus en plus locaux, le groupe Eurogerm réfléchit à « adapter son sourcing et sa production à une demande de proximité, en créant des circuits courts de plus en plus sollicités ».

En termes d’innovation, « la tendance étant à la diminution des additifs et autres intrants dans les formules, nous travaillons au traitement de farines particulières afin d’améliorer la qualité de nos produits », déclare le directeur général délégué. Par ailleurs, « en France, nous nous approvisionnons davantage en matières premières agricoles certifiées CRC et leur transformons plus localement ». Le groupe Eurogerm surfe sur la vague du « moelleux » (qui détrône actuellement le  « croustillant »), dernière tendance internationale de consommation.

Lire aussi : "Un premier semestre 2019 difficile pour Eurogerm"

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