Aller au contenu principal

Marché du blé et du maïs : quelle tendance pour les prix dans les prochains mois ?

Le groupe Argus Media, via sa filiale française Agritel, a livré son point de vue quant au marché mondial du blé et du maïs, lors de la 64e Bourse de commerce européenne des céréales et des oléoprotéagineux qui s'est tenu du 5 au 6 décembre au Grand Palais à Paris.

 

Image avec un graphique et des gens en ombre chinoise, assis en premier plan.
Le marché du blé et du maïs est jugé indécis par Argus Media-Agritel.
© geralt-Pixabay

Quelle direction vont prendre les prix du blé et du maïs lors des prochains mois ? Selon Maxence Devillers, analyste d'Argus Media et de sa filiale basée en France Agritel, « le marché est indécis. Nous tablons sur une tendance stable à légèrement haussière », s'est-il exprimé durant une conférence, tenue lors de la 64e Bourse de commerce européenne des céréales et des oléoprotéagineux au Grand Palais à Paris le 6 décembre. Par conséquent, à moins d'une catastrophe (incident climatique, évènement géopolitique, etc.), les cours ne devraient pas flamber, d'après le bureau d'analyse.

Lire aussi : Moisson de maïs français 2024 : des mycotoxines, mais pas de panique !

Lire aussi : Blé et Maïs : « L’offre décroît et la demande n’est pas très dynamique... avec des stocks de report prévus à 584 Mt », selon le CIC

Des stocks de blé assez bas chez les exportateurs

Du côté du blé tendre, Maxence Devillers estime que « les prix ont atteint un plus bas. Les stocks au sein des principaux exportateurs internationaux sont assez tendus. On ne pourra pas se permettre un accident climatique ». Néanmoins, il semble « que le marché ait trouvé un certain équilibre »

Des pays exportateurs ont en effet connu une récolte 2024 difficile. La France a par exemple engrangé une moisson catastrophique. En Russie, les volumes sont corrects, mais sans être faramineux. Et les conditions de culture y sont actuellement mauvaises pour 2025. Argus Media-Agritel table sur une moisson de blé russe à 81,5 Mt, contre 81,3 Mt en 2024, et 91,4 Mt en 2023. Il projette les réserves au sein des huit principaux exportateurs planétaires à seulement 58 Mt en 2024-2025, contre 64 Mt en 2023-2024.

Le cabinet s’attend par ailleurs à ce que la Russie réduise sa présence à l’export lors du premier semestre 2025. « L’Australie et l’Argentine pourraient prendre le relai et devenir les principaux faiseurs de prix », commente Maxence Devillers. L’Union européenne aura également des opportunités à saisir. Enfin, après s’être rués vers les matières premières agricoles, les fonds s’en sont désengagés depuis, suite à la hausse des taux directeurs. Avec leurs baisses constatées et annoncées, les acteurs financiers sont susceptibles de se repositionner à l’achat, fait valoir l’expert d’Argus Media-Agritel.

« L’Australie et l’Argentine pourraient prendre le relai et devenir les principaux faiseurs de prix (du blé lors du premier semestre 2025) », commente Maxence Devillers, analyste d'Argus Media-Agritel.

Encore tôt pour se prononcer sur la récolte de blé russe 2025 

Néanmoins, plusieurs potentiels éléments de pression sur les prix internationaux du blé sont à signaler. Il est tout d’abord encore très tôt pour se prononcer définitivement quant à la récolte russe 2025. En témoigne ce qu’il s’est passé aux États-Unis durant l’automne 2024. En quelques semaines, les parcelles de blé d’hiver sont passées d’un état très alarmant à une situation tout à fait honorable, d’après l’USDA (département états-unien à l’Agriculture). Si les contextes pédoclimatiques dans ces deux pays n’ont rien à voir, il n’en reste pas moins que si les conditions de culture en Russie s’améliorent, la donne peut totalement changer. 

En Ukraine, après de fortes inquiétudes, les volumes se sont finalement stabilisés entre 2023-2024 et 2024-2025, à 22,4 Mt environ. Pour 2025-2026, Argus Media-Agritel table sur 23,68 Mt. En Roumanie, les volumes passent de 9,62 Mt en 2023-2024 à 10,08 Mt en 2024-2025, et sont espérés à 11,12 Mt en 2025-2026 par la même source. Enfin, une offre abondante est attendue en Argentine et en Australie cette année. Les origines argentines sont d’ailleurs actuellement très compétitives. 

Des besoins chinois en chute libre

Les récoltes de céréales en Chine sont bonnes. À tel point qu’Argus Media-Agritel s’attend à une réduction drastique des importations chinoises de blé entre 2023-2024 et 2024-2025. Elles passeraient d’environ 13,6 Mt à 8 Mt. 

En Inde, les moissons s’annoncent également sous de bons auspices. « C’est un élément qui sera à surveiller. L’Inde sera-t-elle un importateur ou un exportateur de céréales ? Pour l’instant, nous tablons sur une production indienne élevée en 2024 », déclare Maxence Devillers. Aucun chiffre précis n’a en revanche été communiqué par le cabinet d’analyse.

« L’Inde sera-t-elle un importateur ou un exportateur de céréales ? Pour l’instant, nous tablons sur une production élevée en 2024 », déclare Maxence Devillers.

Un contexte macroéconomique jugé baissier pour le moment

Enfin, le contexte macroéconomique est jugé plutôt baissier. La croissance économique mondiale reste assez atone, sachant que l’inflation est encore présente dans certains pays. Tout cela ne favorise guère la demande, notamment en grains. 

« L’année 2025 sera une année géopolitique », alerte Maxence Devillers. Il sera en effet indispensable de suivre la politique du nouveau locataire de la Maison blanche, ainsi que les réactions chinoise, canadienne, mexicaine et de l’Union européenne au projet de l'instauration d’importants tarifs douaniers sur les importations états-uniennes en provenance de ces régions du globe.

Des stocks de maïs certes… mais surtout aux États-Unis 

Du côté du maïs, la situation est assez similaire au blé : un marché en équilibre, mais assez précaire. L’offre mondiale est correcte, mais « assez concentrée aux États-Unis », remarque Maxence Devillers. Le disponible exportable au sein des quatre principaux exportateurs internationaux régresse entre 2023-2024 et 2024-2025, passant de 166,2 Mt à 156,5 Mt, dont 62 Mt au pays de l’Oncle Sam

L’Ukraine voit son potentiel fortement dégradé, passant de 29,5 Mt à 19 Mt selon le bureau d’analyse. « Le marché n’a intégré dans les prix que la bonne récolte états-unienne », prévient Maxence Devillers.

« Le marché n’a intégré dans les prix que la bonne récolte états-unienne de maïs », prévient Maxence Devillers.

Les filières éthanol ont le vent en poupe en Inde et au Brésil

Autre potentielle source de hausse des cours : le développement de la filière bioéthanol au Brésil et en Inde. 

Argus Media – Agritel estime que la consommation de maïs par ce débouché au Brésil atteindra 30 Mt en 2025-2026, environ 23 Mt en 2024-2025 et 18 Mt en 2023-2024. 

En Inde, elle est évaluée aux alentours de 3 Mt en 2023-2024, puis 8 Mt en 2024-2025 et… 13 Mt en 2025-2026. « Si le projet de développement de l’industrie de l’éthanol se matérialise en Inde, le pays pourrait devenir un importateur majeur de maïs dans les prochains mois/les prochaines années », alerte Maxence Devillers. 

Sans oublier que la Chine ou que des pays de l’Union européenne ne sont pas à l'abri d’investir davantage dans ce secteur.

« Si le projet de développement de l’industrie de l’éthanol se matérialise en Inde, le pays pourrait devenir un importateur majeur de maïs dans les prochains mois/les prochaines années », alerte Maxence Devillers. 

Moins de 10 Mt de maïs importés par la Chine en 2024-2025 ?

Mais encore une fois, il ne faut pas oublier les potentiels éléments de pression. 

En effet, le contexte macroéconomique plantaire n’est guère reluisant. Ensuite, les besoins chinois pourraient, comme en blé, dégringoler. Argus Media-Agritel parie sur des importations de l’Empire du milieu à seulement 9 Mt en 2024-2025, contre plus de 23,4 Mt en 2023-2024.

Les plus lus

Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors de l'assemblée générale du 12 décembre 2024 à Orléans.
Axéréal opère des transformations structurantes

Le groupe coopératif Axéréal a tenu sa réunion d’information annuelle le 12 décembre 2024 à Orléans. Bilan et perspectives.

Photo de Arnaud Poupart Lafarge
Terrena modifie son comité de direction

Arnaud Poupart-Lafarge prend la direction d’Elivia et d’Holvia, et Benoît Besson celle de Galliance, filiales du groupe…

navire à quai devant des silos de grains de Sénalia sur le port de Rouen.
FranceAgriMer corrige en baisse de 400 000 t les exportations de blé tendre vers les pays tiers

Le rythme des exportations françaises de blé tendre et d’orge pour la campagne commerciale 2024-2025 reste insuffisant. La…

Graphique de l'évolution du prix du blé bio sur la période 2021-2024
Moisson 2024 - La météo et les déconversions font plonger la collecte française de blé tendre bio

FranceAgriMer a présenté le bilan prévisionnel des céréales issues de l’agriculture biologique pour la campagne 2024-2025,…

Martín Biscaisaque, céréalier et président de la filière argentine du blé (Argentrigo), à Buenos Aires.
Des exportations d'orge brassicole argentine en retrait sur le marché brésilien

La qualité médiocre des lots d’orge récoltés ces jours-ci en Argentine retarde et limite les embarquements de grains destinés…

Un champ d'orge.
Céréales - Rebond des surfaces françaises de blé tendre entre 2023 et 2024, selon Agreste

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste, ont publié leurs premières estimations d'assolements…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne