En Corrèze, le Modef dénonce « un hold-up sur les terres agricoles » avec la complicité de la Safer
Dans une lettre ouverte, le Modef alerte Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, sur l’accaparement des terres agricoles en Corèze avec, selon lui, la complicité de la Safer.
Dans une lettre ouverte, le Modef alerte Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, sur l’accaparement des terres agricoles en Corèze avec, selon lui, la complicité de la Safer.
« La terre doit rester prioritairement au service de la souveraineté alimentaire et ne doit pas devenir un objet de spéculation et de rente. Il s’avère impératif que sa fonction de production agricole puisse rémunérer le travail de celui qui exploite la terre, qu’il soit propriétaire exploitant ou fermier exploitant » écrivent notamment Fabien Marcilloux, président du Modef Corrèze et son co-président, Frédéric Mazer.
Des projets d’énergie renouvelable
Le courroux du syndicat vient de la SAS, « La foncière rurale de la Corrèze » qu’il accuse d’avoir accaparé des terres agricoles dans les communes d’Arnac-Pompadour, Viam et Beaumont pour des projets d’énergie renouvelable. Le Modef explique dans sa lettre que cette société a été créée en 2023 à l’initiative du président de la Chambre d’agriculture de la Corrèze, de quelques agriculteurs membres de son syndicat, de propriétaires fonciers et forestiers et de certaines collectivités. Toujours selon le Modef, l’objectif de cette SAS est « l’acquisition de surfaces foncières pour leur mise en valeur par tous les moyens d’exploitation, de gestion agricole et par toutes les activités ayant trait aux énergies renouvelables. Vente restructuration location et négociation de surfaces foncières. Conseil et assistance pour la création de fermes agricoles et photovoltaïques ».
« Les acquisitions se font au détriment des agriculteurs »
Le Modef estime que cet objectif est louable mais que les pratiques de la SAS sont douteuses : « les acquisitions se font au détriment des agriculteurs qui souhaitent s’installer ou des collectivités porteuses d’autres projets ». Le syndicat dénonce « des acquisitions en cours avec la complicité de la Safer Corrèze dont le nouveau président est membre du Conseil de surveillance de la SAS ». Il ajoute : « Ces manœuvres, ont, entre autres, fait grimper les prix du foncier, empêché l’installation ou la réinstallation d’agriculteurs et entravent des projets communaux. Le Modef avait alerté sur l’arrivée massive des capitaux extérieurs qui investissent le foncier agricole ».
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Le Modef demande un contrôle des activités et de la gestion de la Safer Corrèze
Le syndicat précise qu’il n’est pas opposé aux énergies renouvelables : « Nous proposons l’installation sur les toitures des bâtiments agricoles et industriels, des surfaces commerciales et parkings sans massacrer des pans entiers de notre agriculture ». Et de souligner que l’Ademe affirme dans un rapport de 2019 que ces surfaces sont suffisantes pour couvrir l’ensemble des besoins en électricité en France. « Il est donc irresponsable tant du point de vue économique qu’environnemental ou encore sociétal de s’obstiner à vouloir empiéter sur des espaces naturels » martèle-t-il.
Le Modef demande à la ministre de l’Agriculture de saisir les commissaires du gouvernement afin de contrôler les activités et la gestion de la Safer Corrèze.
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