En Corrèze, le Modef dénonce « un hold-up sur les terres agricoles » avec la complicité de la Safer, le président de la foncière dément
Dans une lettre ouverte, le Modef alerte Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, sur l’accaparement des terres agricoles en Corrèze avec, selon lui, la complicité de la Safer. Le président de la foncière rurale de la Corrèze et ex-président de la Chambre d'agriculture répond en dénonçant « un tissu de mensonges ».
Dans une lettre ouverte, le Modef alerte Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, sur l’accaparement des terres agricoles en Corrèze avec, selon lui, la complicité de la Safer. Le président de la foncière rurale de la Corrèze et ex-président de la Chambre d'agriculture répond en dénonçant « un tissu de mensonges ».
[Mise à jour avec la réponse du président de la Foncière, le 8 novembre à 16h25]
Avec Nathalie Marchand
« La terre doit rester prioritairement au service de la souveraineté alimentaire et ne doit pas devenir un objet de spéculation et de rente. Il s’avère impératif que sa fonction de production agricole puisse rémunérer le travail de celui qui exploite la terre, qu’il soit propriétaire exploitant ou fermier exploitant » écrivent notamment Fabien Marcilloux, président du Modef Corrèze et son co-président, Frédéric Mazer.
Des projets d’énergie renouvelable
Le courroux du syndicat vient de la SAS, « La foncière rurale de la Corrèze » qu’il accuse d’avoir accaparé des terres agricoles dans les communes d’Arnac-Pompadour, Viam et Beaumont pour des projets d’énergie renouvelable.
Le Modef explique dans sa lettre que cette société a été créée en 2023 à l’initiative du président de la Chambre d’agriculture de la Corrèze, de quelques agriculteurs membres de son syndicat, de propriétaires fonciers et forestiers et de certaines collectivités. Toujours selon le Modef, l’objectif de cette SAS est « l’acquisition de surfaces foncières pour leur mise en valeur par tous les moyens d’exploitation, de gestion agricole et par toutes les activités ayant trait aux énergies renouvelables. Vente restructuration location et négociation de surfaces foncières. Conseil et assistance pour la création de fermes agricoles et photovoltaïques ».
« Les acquisitions se font au détriment des agriculteurs »
Le Modef estime que cet objectif est louable mais que les pratiques de la SAS sont douteuses : « les acquisitions se font au détriment des agriculteurs qui souhaitent s’installer ou des collectivités porteuses d’autres projets ». Le syndicat dénonce « des acquisitions en cours avec la complicité de la Safer Corrèze dont le nouveau président est membre du Conseil de surveillance de la SAS ». Il ajoute : « Ces manœuvres, ont, entre autres, fait grimper les prix du foncier, empêché l’installation ou la réinstallation d’agriculteurs et entravent des projets communaux. Le Modef avait alerté sur l’arrivée massive des capitaux extérieurs qui investissent le foncier agricole ».
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Le Modef demande un contrôle des activités et de la gestion de la Safer Corrèze
Le syndicat précise qu’il n’est pas opposé aux énergies renouvelables mais demande à la ministre de l’Agriculture de saisir les commissaires du gouvernement afin de contrôler les activités et la gestion de la Safer Corrèze.
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« Un tissu de mensonges » selon le président de la foncière
« Les accusations du Modef sont un tissu de mensonges », selon Tony Cornelissen, ancien président de la Chambre d’agriculture de Corrèze, fondateur et toujours président de la foncière rurale de la Corrèze, contacté par Reussir.fr
L’ancien agriculteur, désormais à la retraite, rappelle que la foncière a été créée à la suite de l’adoption de la doctrine départementale en décembre 2023 dans le but « de maîtriser le développement du photovoltaïque au sol pour profiter collectivement et territorialement, notamment pour le monde agricole et rural, des retombées économiques ». La doctrine a défini un seuil maximal de 1 MWc par exploitant.
L’idée est que le développement du photovoltaïque profite aux 2000 agriculteurs de Corrèze et pas seulement à quelques individus
« Le principe de cette foncière a été défini avec les Jeunes agriculteurs », explique Tony Cornelissen, « l’idée est que le développement du photovoltaïque profite aux 2000 agriculteurs de Corrèze et pas seulement à quelques individus ».
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Une foncière appartenant à 70% aux agriculteurs
Le capital de cette foncière doit être composé à 70% d’agriculteurs, 20% de propriétaires et 10% de mairies. Chaque agriculteur voulant adhérer pourra acheter une part correspondant symboliquement à un hectare soit 3000 euros. « En cas de cession, chaque agriculteur aura l’obligation de transmettre sa part à un jeune agriculteur », affirme Tony Cornelissen.
Elle ne contribue pas à faire monter le foncier
La foncière a pour mission de porter le foncier des parcs photovoltaïques et agrivoltaïques corréziens avec les acteurs du territoire et de lancer des appels d’offres auprès des investisseurs. « Elle ne contribue pas à faire monter le foncier », réfute son président.
En phase de lancement la foncière rurale de la Corrèze a trois projets en cours dont deux avec la Safer de Corrèze qui siège à son conseil de surveillance. En plein contexte électoral pour les Chambres d’agriculture, l’ancien président de la Chambre d’agriculture regrette ce « bad buzz » qui va contraindre la foncière à reprendre son bâton de pèlerin pour réexpliquer son principe aux agriculteurs, aux propriétaires et aux communes.
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