En Anjou, des essais prometteurs sur les voiles d’hivernage pour protéger les vignes du gel
Dominique Sirot, vigneron au domaine Le Fief noir à Saint-Lambert-du-Lattay en Anjou, teste depuis 2 ans la protection antigel par des voiles d’hivernage, avec deux autres vignerons. Les résultats obtenus cette année les ont convaincus que c’est une vraie piste à perfectionner.
Dominique Sirot, vigneron au domaine Le Fief noir à Saint-Lambert-du-Lattay en Anjou, teste depuis 2 ans la protection antigel par des voiles d’hivernage, avec deux autres vignerons. Les résultats obtenus cette année les ont convaincus que c’est une vraie piste à perfectionner.
« Nous avons eu 100% de réussite là où le rang témoin a gelé à 100% », lance Dominique Sirot, à propos de son essai de protection des vignes contre le gel par voile d’hivernage. Un résultat qu’il n’a donc pas de mal à qualifier « d’exceptionnel ». Le vigneron, installé au domaine Le Fief Noir en Anjou sur 30 hectares, a débuté l’expérimentation l’an dernier. Cette année, les voiles installés sur un demi-hectare ont donc fait face à un épisode de gel extrême. « On a pu vérifier que ça marchait sur tous les types de gel ».
Les résultats obtenus lors du froid sec des premiers jours de gel (7 et 8 avril) se sont confirmés avec l’épisode de la semaine suivante, « un froid violent, radiatif, avec une forte humidité ». « Nous avons mesuré -4° à l’extérieur, 1° sous le voile », cite le vigneron en exemple. Il avance un coût de 1 000 à 1 200 euros l’hectare (hors pose) sachant que les voiles sont réutilisables. Cette année, compte tenu de la durée de l’épisode de gel, les voiles sont restés en place une quinzaine de jour. Ils ont été positionnés quelques jours avant l’alerte.
Prévue sur 3 ans, l’expérimentation rassemble aussi Mathieu Vallée, vigneron du château Yvonne à Saumur-Champigny et Emmanuel Ogereau, du domaine Ogereau à Saint-Lambert-du-Lattay. Ils testent cette méthode sur des surfaces comparables. Elle est menée en lien avec l’Association technique des vignerons (ATV 49) de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire .
Passer à l'échelle supérieure pour améliorer la méthode
Pour aller plus loin, les vignerons souhaitent impliquer de nouveaux partenaires. « Ça n’est pas encore reconnu comme une méthode officielle mais elle a beaucoup d’atouts », s’enthousiasme Dominique Sirot en alignant les avantages sur le plan environnemental : pas besoin d'eau, pas de fumées, pas de bruit, pas de consommation de carburant, matériau réutilisable... Si une accélération de la végétation est constatée par un effet de serre, Dominique Sirot a observé que quinze jours plus tard, l’écart avec l’état végétatif de rangs non couverts et non gelés ne se voit plus.
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Reste à améliorer la technique. « On est aux prémices. Il y a des partenaires industriels à trouver pour travailler sur les temps de mise en œuvre pour dérouler et enrouler les voiles. Nous avons aussi besoin d’innovation sur la matière elle-même qui est fragile afin d’éviter les risques de déchirement et sur la façon de lier les laizes ». Autre chantier, l’aspect réglementaire, « aujourd’hui ce n’est pas complétement interdit, pas complètement autorisé ». Pour ce vigneron, comme pour tant d’autres, la recherche de solutions viables techniquement et financièrement est vitale. Il a repris le domaine en 2014. Ses 30 hectares en bio ont connu le gel en 2016, 2017, 2019 et 2021. Il imagine idéalement pouvoir déployer cette méthode de protection sur 10 ha, soit un tiers de sa surface en utilisant d’autres méthodes sur 10 autres hectares gélifs.
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