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[Vidéo] En Alsace, sécheresse et dégâts de gibier pénalisent la récolte de fourrage – Un éleveur témoigne

Claude Schoeffel, éleveur dans le Haut-Rhin constate qu’il achète chaque année plus de fourrage pour venir compléter sa récolte d’herbe. En cause, les conditions climatiques venteuses et sèches mais surtout les dégâts de gibier grandissants. Pour lui, les chasseurs détruisent l’outil de travail des agriculteurs.

A la ferme Schoeffel Pierrel, à Fellering dans le Haut-Rhin, la configuration de ce début de printemps 2020 est préoccupante. Comme si le confinement ne suffisait pas, la météo s’en mêle. « Cinq semaines qu’il n’est pas tombé une goutte », observe Claude Schoeffel, éleveur sur cette exploitation de 94 ha intégralement en herbe, devant la caméra du PHR-Est viticole. Pour lui, « le vent d’Est souffle tous les ans de façon un plus intense et un peu plus durable ». Combiné au stress hydrique, le résultat est que « la végétation ne pousse plus ». Et ce n’est pas tout. A cela, viennent s’ajouter les dégâts de gibier. Ceux des cervidés dont la population est « en croissance exponentielle ». Une nuisance car les animaux sortent des forêts la nuit pour venir se nourrir dans les prairies. « Une concurrence directe à nos bovins », remarque l’agriculteur. Dégâts de sangliers aussi qui font des dégâts en automne et en hiver.  Et là aussi, les nuisances augmentent d’année en année :  10 à 15 ares il y a 7 – 8 ans, 6,5 ha en 2020. Des « terrains labourés où on n’aura pas d’herbe qui sera produite », déplore l’éleveur.

Un manque à gagner

Cette année, il prévoit un manque à gagner de matière sèche de foin d’un peu plus de 18 t. Il faut ajouter à cela une présence de terre possible dans les bottes d’enrubannage et donc des risques de contamination, par la bactérie Listeria notamment. Les animaux sauvages sont aussi potentiellement une menace sanitaire.  Alors que les cheptels bovins, ovins et caprins sont sanitairement vérifiés par le GDS (Groupement de défense sanitaire), les cheptels sauvages, eux, échappent à tout contrôle. Une « épée de Damoclès », commente l’agriculteur.

Des chasseurs qui « font l'inverse de ce qu'il faut »

C’est une « dérive » n’hésite pas à dire Claude Schoeffel. « Le chasseur n’est plus là pour réguler le gibier présent de façon sauvage dans les forêts et les prairies ». Pire : « les chasseurs font de l’élevage », déplore-t-il. Le maïs distribué dans les agrainoirs est riche en énergie mais pauvre en azote. Résultat : « les animaux vont chercher l’azote dans les prairies », explique-t-il. « On paye tout le tribut de cette gestion de chasse complètement déséquilibrée ». Car l’agriculteur est obligé d’acheter tous les ans plus de fourrage. En 2020, se pose en plus la question des indemnisations. En raison du confinement, tous les dégâts n’ont pas pu être visés par les estimateurs. Et les terrains sont désormais remis en état et réensemencés pour certains.

Pour limiter ces surpopulations de gibier, l’éleveur estime qu’il devrait y avoir plus d’agriculteurs-chasseurs. Une réflexion à mener avant 2024, année où les communes vont devoir relouer leur chasse.

Lire aussi « Dégâts de cultures : tous d’accord pour réguler les populations de sangliers ! »

et « Dégâts de gibier – La FNSEA propose un « contrat d’entraide » entre agriculteurs et chasseurs »

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