Environnement
Eleveur en réserve naturelle, pour les bovins et pour la biodiversité
Dans les Deux-Sèvres et dans la Manche : deux exemples d’élevage de bovins dans une réserve naturelle. Une façon de démontrer que biodiversité et élevage peuvent faire bon ménage.
Dans les Deux-Sèvres et dans la Manche : deux exemples d’élevage de bovins dans une réserve naturelle. Une façon de démontrer que biodiversité et élevage peuvent faire bon ménage.

Etre éleveur dans une réserve naturelle, c’est le choix qu’ont fait les frères Baribault dans les Deux-Sèvres. Agri 79 présente cette « alliance pour la nature » entre les deux agriculteurs et Alexandre Boissinot, conservateur du site préservé. 16 ha des terres qu’ils exploitent, sur 185 ha au total, font partie de la réserve naturelle régionale (RNR) du Bocage des Antonins, sur la commune de Saint-Marc-la-Lande. Le site, unique en son genre dans le département, s’étend sur 22,6 ha et est un pâturage à plus de 70 %.
Alliance pour la nature
Alexandre Boissinot est attaché à ce terme de « bocage » qui représente à ses yeux : « un paysage façonné depuis le Moyen-Âge par des agriculteurs, qui a engendré une biodiversité très hétérogène, en lien avec la prairie et les haies arborées, et qui est aujourd'hui le refuge d'espèces de plus en plus rares dans la région, voire en France puisque le bocage est menacé », détaille la revue.
Christophe et Guillaume élèvent des parthenaises. « Il fallait une race locale, ça tombait bien », commente Alexandre Boissinot. Pour le conservateur, cette « alliance pour la nature », comme le titre Agri 79, est une évidence. « S'il n'y a plus d'élevage, il n'y a plus de bocage. Il a été créé pour cela, » confie-t-il au journal départemental. « Le paysage, la biodiversité qui s'y développe, et l'activité humaine vont de pair. On ne peut pas concevoir le maintien des prairies sans le travail des vaches. Cinq ans sans pâturage et le boisement spontané recouvre les prés. »
Les deux éleveurs ont signé un bail environnemental, qui impose certaines règles de conduite des parcelles, en particulier l’interdiction de tout intrant.
Engagés dans une démarche de réduction des intrants, leurs prairies étant naturelles à près de 40 %, le pâturage d’une réserve « ne les a pas chamboulés », précise Anne Frintz dans son article. Ils font régulièrement part de leurs observations sur le Bocage au conservateur et vice-versa. « Le but est que chacun y trouve son compte », précise Alexandre Boissinot dans la revue.
Pâturage et paysage
Autre région, autre expérience. Dans la Manche, en Normandie, Olivier Philippe est éleveur de charolaises à Catteville au cœur des marais du Bessin et du Cotentin. Au début des années 2000, « il a été le premier éleveur à refaire pâturer des bovins sur les prairies naturelles de marais de la Sangsurière, après plusieurs décennies de déprise », relate Réussir Bovins Viande. En mai dernier, à l’occasion des journées Made in Viande, organisées par l'interprofession bovine, il « a fait découvrir à près de 300 enfants comment ses vaches et celles de ses collègues favorisent la biodiversité d’une tourbière située dans le sud du département de la Manche », raconte la revue. Dans une vidéo qui accompagne l’article, l’éleveur explique « comment l’élevage bovin a sauvé la réserve naturelle ».
Comme l’écrit également le journal départemental l’Agriculteur normand, c’est vraiment « l’élevage au secours de la biodiversité ».