Enquête Cevipof

Election présidentielle : Pécresse en 2e position après Macron au premier tour chez les chefs d’exploitations agricoles

Le Cevipof a réalisé une enquête auprès de chefs d’exploitations agricoles, à une semaine du premier tour de l’élection présidentielle 2022, en partenariat avec Germea/Ensat et Réussir Agra (1). Si Emmanuel Macron arrive en tête, il est suivi par Valérie Pécresse. Jean Lassalle bénéficie d’une forte confiance pour défendre l’agriculture. Mais les personnes interrogées jugent massivement que la thématique agricole n’est pas suffisamment prise en compte dans cette élection.

Publié le 6 avril 2022 - Par Rédaction Réussir

A cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron arrive en tête du choix des agriculteurs avec 28,3 %, selon le sondage Germea/Ensat et Réussir Agra réalisé par Cevipof.

A cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron arrive en tête du choix des agriculteurs avec 28,3 %, en ligne avec les sondages sur la population française. Mais la suite est plus atypique : Valérie Pécresse arrive en deuxième position avec 18,1 %. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par le Cevipof/Science Po et la Chaire Germea/Ensat (groupe d’études et de recherches sur les mutations de l’entreprise agricole) en partenariat avec le groupe Réussir Agra, sur une population de 900 chefs d’exploitations qui ont accepté de répondre ⁽¹⁾, entre le 31 mars et le 5 avril 2022.

Zemmour et Le Pen légèrement au-dessus de 10 %

Autre surprise : Jean Lassalle arrive en troisième position de ce sondage avec 15,4 %. Eric Zemmour et Marine Le Pen sont, quant à eux, respectivement à 10,9 et 10,8 %. Loin derrière arrivent les candidats de gauche avec Jean-Luc Mélenchon (5,6 %), Yannick Jadot (4,5 %) et Fabien Roussel (3,4 %). En queue de peloton, on trouve Nicolas Dupont-Aignan (2,2 %) puis, avec moins de 1%, Anne Hidalgo, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.

Quant au deuxième tour, deux hypothèses étaient soumises aux répondants : une duel Macron/Le Pen et Macron/Mélenchon. Dans les deux cas, Emmanuel Macron l’emporterait, avec 64 % en sa faveur contre Marine Le Pen, et 83,8 % contre Jean-Luc Mélenchon.

Une conscience citoyenne toujours présente

Les agriculteurs qui se sont exprimés disent être sûrs d’aller voter à 73 %, et intéressés par cette élection présidentielle (note > 5/10) à 60 %. Ce chiffre est assez fidèle à ce qui est observé pour l’ensemble du corps électoral.

Ainsi, à moins d’une semaine du premier tour, la droite républicaine reste une valeur sûre pour le monde agricole. « On peut penser que la force de réseau Les Républicains dans les territoires joue en la faveur de Valérie Pecresse, avec des relais politiques au sein des organisations agricoles », souligne François Purseigle, sociologue, professeur des Universités de Toulouse-INP. Quant à la tentation Zemmour et Le Pen, « elle est moindre que dans les sondages sur la population générale. Et bien moins élevée qu’à l’élection présidentielle de 2018, où les intentions de vote des agriculteurs étaient à 35 % en faveur de Marine Le Pen et 20 % pour Emmanuel Macron, selon un sondage Cevipof », poursuit-il.

24 % ne font confiance à aucun candidat pour défendre l’agriculture

Très clairement, les agriculteurs qui ont participé à cette enquête considèrent à 78 % que la thématique agricole n’est pas suffisamment prise en compte par les candidats au cours de cette campagne présidentielle. Et à la question « à quel(le) candidat(e) faites-vous le plus confiance pour défendre au mieux les intérêts de l’agriculture française », ils sont 24 % à répondre aucun. Arrive ensuite Emmanuel Macron (22,1 %), Jean Lassalle (14,5 %) et Valérie Pécresse (12,7 %). Puis viennent les deux candidats d’extrême droite Marine Le Pen (8,6 %) et Eric Zemmour (6,6 %) suivis des candidats de gauche ainsi que Nicolas Dupont-Aignan. « On voit que le choix des candidats à la présidentielle ne se confond pas avec le degré de crédibilité sur la question agricole, explique François Purseigle. Les agriculteurs intègrent d’autres préoccupations que l’agriculture pour faire le choix de vote ».

Des attentes fortes sur le soutien au revenu

Pour les 900 agriculteurs répondants, les thématiques prioritaires qu’ils souhaitent voir traitées par les candidats sont une augmentation des prix payés à la production (62,4%), soutenir le revenu agricole (54,7 %), améliorer l’image de l’agriculture et des agriculteurs (39,2%) et protéger le foncier agricole (38,2%). On voit que, sur les questions économiques, on est loin du compte avec la loi Egalim. Ces premières tendances restent à confirmer puisque cette enquête va se poursuivre jusqu’au 1^er tour de l’élection présidentielle, qui permettra de dévoiler l’état d’esprit dans lequel se trouvent les agriculteurs dans cette période complexe que nous connaissons.

Nicole Ouvrard

(1) Enquête réalisée entre le 30/03 et le 05/04 sur un panel de 46 000 agriculteurs issu de la base de données de références du secteur agricole de Réussir Data.

Quel est le profil des agriculteurs qui ont répondu au sondage ?

Les 900 répondants à cette enquête travaillent à 87% en qualité d’actifs dans une exploitation agricole (95% de chefs d’exploitation, et 3,6% de salariés agricoles) et à 6,5% sont retraités agricoles.
L’âge médian est de 48 ans, et les plus de 60 ans représentent 18 % contre 26 % dans l’ensemble de la population.
36 % sont issus de l’enseignement supérieur agricole et 22 % ont un niveau BAC contre respectivement 25 % et 27 % dans l’ensemble de la population agricole (Source : enquête structure 2016).
83,7 % des personnes enquêtées sont des hommes contre 74 % dans l’ensemble de la population totale (Source : RA 2020).
Près de 78 % se sont installés dans une exploitation d’origine familiale et 70 % sont en société contre 59,3% pour l’ensemble de la population (Source : MSA, 2020). Mais seuls 21,4% des répondants non pas eu d’expériences antérieures avant de s’installer ou d’entrer sur l’exploitation où ils exercent.
Alors que dans l’ensemble de la population seuls 20% des chefs d’exploitation mariés ou en couple ont un conjoint ou une conjointe qui travaille en qualité de conjoint-collaborateur ou d’exploitant, 33,6% des répondants de cette enquête travaille en couple dans une même exploitation.