Des foyers H5 HP précocement contaminants
Selon un rapport de mission de l’Anses de Ploufragan, les canards du sud-ouest contaminés par le virus H5 HP clade 2.3.4.4 excrètent massivement du virus avant de présenter des signes cliniques.
En janvier dernier, une équipe de l’unité d’épidémiologie du site de l’Anses de Ploufragan est allé enquêter dans une douzaine d’exploitations du sud-ouest touchées par les virus H5Nx clade 2.3.4.4. Il s’agissait d’évaluer la contamination environnementale et de mieux connaitre la dynamique d’infection des virus H5 HP dans les élevages.
Ce rapport a été publié le 24 mars sur la plateforme Esa.
Voici ses principales conclusions :
- du génome viral est détecté dans les bâtiments et sur la plupart des parcours des ateliers infectés. Le matériel viral peut persister au moins sept jours après le vide d’animaux dans des conditions météorologiques froides et humides ;
- La contamination est très importante à l’intérieur des bâtiments, et très probablement issue des canards infectés ;
- La contamination autour des élevages apparaît plus faible, mais elle a été mise en évidence en pourtour de parcours et sur une route en limite d’exploitation d’un foyer ;
- Une excrétion massive et une circulation rapide du virus ont lieu très certainement au sein de la bande plusieurs jours avant le début de mortalité.
- Cette excrétion favorise la diffusion du virus par les personnes, les véhicules et autre (avifaune, matériel, etc.) avant la détection de l’infection. D’autre part, précise le rapport, les délais de plus d’une semaine pour l’abattage des lots et les difficultés pour restreindre le passage des véhicules et des personnes devant les élevages infectés ont dû contribuer à la diffusion du virus. D’autant que l’environnement a été largement contaminé et que la proportion d’animaux excréteurs est importante et peut persister plus de dix jours après le début de la phase clinique.
Ces premières investigations devraient comme le souligne ce rapport « nourrir un retour d’expérience sur le modèle de contrôle de la diffusion de l’infection entre élevages. » Dit autrement, la stratégie de lutte serait peut-être à revoir en cas cas d’une éventuelle résurgence de foyers H5 HP.
De plus, il serait intéressant de disposer d’informations épidémiologiques similaires sur les divers virus faiblement pathogènes qui continuent à circuler en France et qui ont été détectés au cours des analyses de dépeuplement (H5N1 majoritairement, H5N9, H5N2, H5N3). Ces virus sont susceptibles de se réassortir et d’évoluer.
TAUX DE SURVIE PROBABLE DE 60 à 80 %
Pour sept lots enquêtés ayant des commémoratifs détaillés, la mortalité augmente fortement pendant deux à trois jours puis diminue progressivement. Sept à huit jours après le début de la mortalité, la mortalité cumulée varie entre 19 et 32 %. Certains éleveurs signalent le début de signes cliniques deux à trois jours avant l’apparition de la mortalité.
Au début, les symptômes sont un simple abattement, avec des animaux apathiques, sans baisse de consommation d’aliment ou d’eau. Ensuite arrivent les signes nerveux et locomoteurs (titubation, torticolis, animaux tournant en rond, difficulté à se déplacer) en même temps que le démarrage de la mortalité. La durée d’incubation a été estimée entre six et huit jours.
Les variations dans l’excrétion virale, la séroconversion et l’évolution de la mortalité entre lots infectés semblent indiquer que la dynamique d’excrétion intra lot varie selon les conditions d’élevage, l’état sanitaire, l’âge au moment de la contamination.
L’apparition de la mortalité par rapport à l’évolution de l’infection varie sensiblement d’un lot à l’autre. « Si l’épisode d’influenza aviaire allait à son terme, entre 60 et 80% des canards prêts à gaver d’un lot pourraient survivre à un épisode clinique d’infection par un virus apparenté aux virus H5N8 circulant actuellement en Europe (clade 2.3.4.4). »