Des aménagements pour limiter la pénibilité du travail en cave
Dans le cadre d’une démarche RSE, la Cave de Lugny, en Bourgogne, a intégré la réduction de la pénibilité dans ses choix d’investissements et de management. La démarche inspire aussi ses viticulteurs adhérents.
Dans le cadre d’une démarche RSE, la Cave de Lugny, en Bourgogne, a intégré la réduction de la pénibilité dans ses choix d’investissements et de management. La démarche inspire aussi ses viticulteurs adhérents.
Depuis 2013, la Cave de Lugny a initié une démarche de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). « Cette démarche nous a permis de remettre au premier plan la réflexion sur les conditions de travail », considère Sabine Bombrun, responsable Qualité, sécurité et environnement et RSE de cette cave coopérative du Mâconnais.
Depuis les choix d’investissements prennent en compte cette dimension. « La RSE c’est la mise en avant du bon sens. Ça apporte une vision globale et à plus long terme », définit Sabine Bombrun. « Une entreprise qui met en avant ce qu’elle met en place pour les conditions de travail a plus de chance d’attirer des collaborateurs », ajoute-t-elle. La cave est labellisée Vignerons engagés depuis 2014.
Une approche qui s’applique à tout type de matériel
Les équipements concernés sont d’une grande variété en type et en budget. La cave a par exemple investi dans des bouchons d’oreilles en silicone moulés sur mesure à hauteur de 150 à 200 € par paire, pour les salariés exposés au bruit, mais aussi dans un robot dépalettiseur pour un montant d’environ 260 000 €.
Pour certains chantiers comme la construction du nouveau magasin ou les aménagements de la cave, les utilisateurs ont été associés dès le départ à la rédaction du cahier des charges. À la cave, les suggestions ont ainsi amené à prévoir des branchements de cuve « désaxés en diagonale », pour éviter aux cavistes des mouvements de coude contre-nature. La porte en bois plein de la cuverie a été remplacée par une porte en verre qui apporte de la lumière.
Traquer les situations de port de charges
Limiter les ports de charges est une des problématiques majeures. Elle a justifié l’un des premiers investissements antipénibilité de la cave : une laveuse de sol fonctionnant à l’eau oxygénée, évitant les produits chimiques donc éliminant le transport de bidons. Un achat rentabilisé par les économies réalisées. Plus récemment, des tuyaux plus légers et plus faciles à manipuler ont été acquis. Un palan doit être installé pour éviter de remonter les caisses de tartres par un escalier.
Dans la partie embouteillage et conditionnement, des tables élévatrices permettent de déboxer sans se baisser. Près de 5 500 € ont été investis dans un chariot pour porter les bobines d’adhésifs, suffisamment étroit pour passer entre le long des lignes d’embouteillage.
Une formation « gestes et postures » est dispensée aux salariés de la cave afin de prévenir les troubles musculosquelettiques. Elle est aussi ouverte aux viticulteurs coopérateurs. Cette formation est renouvelée tous les deux ans pour les postes avec port de charges.
Autre axe, les déplacements inutiles. Pour les limiter, les dernières pompes achetées disposent de télécommandes longue distance.
Le progrès se niche parfois dans des détails. Ainsi l’équipe a repéré des caisses à vendanges dotées de poignées arrondies et non pas rectangulaires, donc plus agréables à prendre en mains. Elles sont en plus fabriquées dans le Jura.
À l’EARL de La Grappe d’Or, un lève-caisse facilite le travail des vendangeurs
« Nous avons toujours eu une forte sensibilité au bien-être de nos collaborateurs, mais notre approche est devenue plus systématique depuis trois ans », indique Joël Gayet, l’un des 4 associés de l’EARL de La Grappe d’Or. L’entreprise viticole est la première des exploitations adhérentes de la cave de Lugny qui s’est engagée en RSE. Elle cultive 100 ha de vignes.
Parce qu’elle produit un gros volume de raisins pour les crémants, les vendanges manuelles y sont importantes. Pour faciliter le travail des vendangeurs, l’EARL a investi dans un lève-caisses à vendanges inspiré par un modèle vu en Champagne. Il lui a fallu au préalable s’équiper d’un tracteur adapté. En cours de vendanges des crémants, 600 cagettes par jour sont à retirer des rangs de vigne. Joël Gayet juge le système de ramassage automatique des caisses mis en place à la fois plus efficace et plus sécuritaire. « Il n’y a plus d’enjambeur dans le rang ». L’exploitation estime l’investissement réalisé à 15 000 €. Une centaine de nouvelles caisses ont aussi été acquises pour assurer la rotation.
Depuis dix ans, l’exploitation investit dans des brouettes et des scooteurs électriques pour le travail de nettoyage des pieds de vignes, pour éviter aux collaborateurs de se baisser ou pour transporter des choses lourdes dans les vignes ou les caisses de vendanges et éviter ainsi les ports de charge. Certains matériels peuvent être équipés de cabines selon la météo.
repères
La Cave de Lugny
Effectif : 54 salariés.
Adhérents : 200 exploitations sans un rayon de 20 km autour de la cave.
Surface : 1 295 ha.
Production : 85 % vins tranquilles, 15 % crémants.
Cépages : chardonnay, pinot noir, gamay, aligoté.