[Coronavirus Covid-19] Marchés alimentaires : les professionnels dénoncent une politique du « deux poids, deux mesures »
Le 11 avril, la CGAD (dont fait partie Saveurs Commerce) et la Fédération nationales des marchés de France ont envoyé un courrier au premier Ministre, Edouard Philippe, sur la situation actuelle des marchés de plein vent. Elles dénoncent certaines dérives dans les procédures de réouverture de ceux-ci.
« La situation évolue trop lentement »
« Force est de constater que malgré toutes les actions, malgré le travail effectué par nos professionnels sur le terrain auprès des préfets et des maires, la situation n’évolue que trop lentement et dans des conditions insurmontables pour nos entreprises », regrettent les fédérations professionnelles.
Elles relèvent « des positions très tranchées de la préfecture qui considère que l’appareil commercial sédentaire suffit à pourvoir la population et qu’en conséquence il est inutile de rouvrir des marchés ». Elles considèrent qu’une telle attitude privilégierait la grande distribution.
De 5 à 15 commerçants par marché
De plus, la CGAD et la Fédération des marchés de France s’étonnent de la fixation du nombre et de la qualité des professionnels autorisés à déballer « sans aucune analyse précise et objective de la situation du marché ».
Nombres des marchés rouverts sont en effet limités à recevoir entre 5 et 15 professionnels. C’est le cas de Toulouse où quatre petits marchés avec une dizaine de commerçants tout au plus, avaient été autorisés au 14 avril. Le marché du Cristal, un marché très fréquenté, demeure fermé.
Il en va de même pour Dinard (Ille-et-Vilaine) qui a réussi à rouvrir sa halle avec seulement 15 professionnels autorisés.
Des marchés limités aux producteurs locaux
De plus, certaines municipalités ont conditionné la réouverture du marché à la présence unique de producteurs locaux, ce qui inquiète fortement les revendeurs. C’est le cas à Rennes (Ille-et-Vilaine) qui a autorisé 8 de ses 15 marchés : « Ces marchés de proximité accueilleront uniquement des producteurs locaux ou des commerçants se fournissant exclusivement auprès de producteurs locaux », a expliqué la municipalité bretonne.
Pour les deux fédérations, « cette politique du "deux poids, deux mesures" suscite l’incompréhension totale des chefs d’entreprise de proximité ». Elles rappellent que « les marchés sont non seulement des circuits de distribution privilégiés de nos produits frais et locaux mais aussi par la diversité de leur offre et de leur proximité, des lieux d’achats accessibles au plus grand nombre ».
"Distorsion évidente"
Interfel a demandé le soutien des préfets et des élus locaux pour la réouverture du plus grand nombre de marchés possible. « Les professionnels sont affirmatifs : ils sont en capacité, avec l’aide des maires, de maintenir une offre de produits frais en toute sécurité », souligne l’interprofession, pointant également la « distorsion évidente » existant en termes d’accès aux lieux de vente d’un département à l’autre.
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