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Compétitivité des filières agricoles : 15 facteurs expliquant la dégradation du solde commercial de la France

Réagissant au rapport de la Cour des comptes de 2019 qui constatait la nette dégradation du solde commercial du secteur agroalimentaire français ces dix dernières années, FranceAgriMer vient de remettre son diagnostic de la situation au ministère de l’Agriculture.

© Pixabay

« Entre 2004 et 2019, le solde commercial agricole et agroalimentaire de la France a connu d’abord une période de croissance culminant à 11,9 milliards d’euros en 2011-2012 avant de chuter à 5,5 milliards en 2017 puis de remonter légèrement sur 2018-2019 », constate le rapport Compétitivité des filières agroalimentaires françaises publié fin juin par FranceAgriMer. Cette dégradation est le fait d’une croissance des exportations plus faible que celle des importations.

Lire aussi : La Cour des comptes blâme les soutiens à l’exportation

« Corrigées de l’inflation, les exportations françaises ont même stagné entre 2011 et 2017 avant de repartir légèrement à la hausse en 2018 et 2019. Dans le même temps, les importations poursuivaient leur croissance avant de marquer le pas depuis 2017 » pointe FranceAgriMer, qui pointe avant tout la faiblesse des exportations françaises sur le marché européen.

Alors que le solde « grand export » a progressé (+70% d’exportations vers les pays tiers en 15 ans), tiré par les exportations vers l’Asie et l’Amérique du Nord, la balance commerciale avec le reste de l’Union européenne est devenue négative en 2015 et ce déficit ne cesse de s’accroître depuis lors.

Deuxième exportateur mondial au début des années 2000, la France est depuis 2015 descendue à la 6e place. En dehors des vins et spiritueux qui tirent nos exportations, la situation se dégrade surtout sur les produits transformés.

Lire aussi : Mise en garde du Sénat : la France pourrait connaître « son premier déficit agricole en 2023 »

Une fois ces constats dressés, FranceAgriMer tente dans son rapport d’établir les facteurs de baisse de la compétitivité française expliquant la perte de parts de marché de ses filières :

  • Le coût des consommations intermédiaires (engrais, et surtout produits phytosanitaires) contribue de « manière déterminante à la moindre compétitivité des exploitations agricoles françaises par rapport à leurs voisines européennes », peut-on lire dans le rapport.

  • Le coût du travail dans l’agroalimentaire. Plus élevé et ayant crû plus vite ces vingt dernières années que chez les principaux concurrents européens, ce facteur est davantage déterminant au niveau de la transformation qu’en agriculture du fait du recours à l’emploi familial non salarié.

  • Mauvaise allocation des facteurs de production (rigidité du marché du travail et des biens ou du droit des entreprises) dans l’agroalimentaire

  • Faiblesse de l’investissement dans la modernisation des outils de production

  • Trop petite taille d’une majorité des entreprises agroalimentaires

  • Tous secteurs confondus, le « degré d'exigence des politiques environnementales en France est particulièrement élevé et la France est, parmi les pays européens, un de ceux où ces exigences ont le plus augmenté », pointe le rapport.

  • Une stratégie de montée en gamme trop exclusive pouvant fragiliser les entreprises françaises sur les autres gammes

  • Un bon capital image pour la France au global mais un rapport qualité/prix jugé défavorable.

  • Les groupes filières pointent à l’amont comme à l’aval, la relative faiblesse de la formation professionnelle et le déficit d’attractivité (lié, entre autres, à l’image négative des métiers dans le secteur) ou des problématiques telles que les taxations sur les contrats courts.

  • Freins logistiques pointés du doigt par les groupes de travail filière et notamment « la perte de compétitivité des ports français (et les difficultés sur le ferroviaire), mais aussi le manque de containers reefers ou encore le manque de chauffeurs routiers, les limites imposées par les considérations de bien-être animal, les coûts logistiques induits par la segmentation des marchés (stockages séparés) ou encore les conditions d’accès au consommateur (coût du dernier kilomètre) ».

  • Au stade industriel, impact négatif du poste énergie

  • Hausse des coûts de l’emballage, au stade industriel

  • « La pression déflationniste comme le renchérissement de certains coûts ne favorisent pas la capacité des filières agroalimentaires à dégager, sur le marché intérieur, les ressources (et la rentabilité) permettant d’être agressif sur les marchés étrangers plus dynamiques, notamment les marchés de commodités », note le rapport.

  • Les impôts sur la production, plus élevés en France que chez nos concurrents européens (3,2% du PIB en France en 2017 c’est-à-dire le double du reste de l’Union européenne) et qui pénalise les industries agroalimentaires françaises (2e taux le plus élevé en moyenne parmi les branches productives françaises).

  • Déficit d’accompagnement à l’export par les pouvoirs publics et en particulier la sécurisation des opérations commerciales vers les pays tiers.

La méthode de travail pour établir le diagnostic

« Ce travail de diagnostic, qui vise à répondre à une recommandation de la Cour des comptes a combiné deux approches très différentes dans leur nature:  une revue de littérature réalisée conjointement par FranceAgriMer, le Centre d’Études et de Prospective (CEP) du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation et la Direction Générale du Trésor couplée à une analyse des données du commerce international, et la mobilisation de 10 groupes de travail filières associant des acteurs professionnels compétents sur une filière donnée (viande bovine, céréales, vin, etc.) avec qui les données propres à leur filière ont été partagées et qui ont échangé, sur cette base », indique FranceAgriMer.

 

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