Salon de l'herbe 2023
Comment améliorer la conservation des coproduits à la ferme
Le projet Coprame (des COPRoduits pour Améliorer la Multiperformance des Élevages bovin lait et viande de la région Grand Est) a été initié dans le Grand Est en 2020 pour pallier le manque de fourrages à la suite de trois années de sécheresse. Pour trouver une alternative à l’achat de fourrages coûteux, le projet a d’abord recensé la ressource locale en coproduits. Dans ce cadre, la ferme expérimentale de la Bouzule a mené un essai sur le stockage des coproduits à la ferme et validé l’intérêt d’un silo unique.
Le projet Coprame (des COPRoduits pour Améliorer la Multiperformance des Élevages bovin lait et viande de la région Grand Est) a été initié dans le Grand Est en 2020 pour pallier le manque de fourrages à la suite de trois années de sécheresse. Pour trouver une alternative à l’achat de fourrages coûteux, le projet a d’abord recensé la ressource locale en coproduits. Dans ce cadre, la ferme expérimentale de la Bouzule a mené un essai sur le stockage des coproduits à la ferme et validé l’intérêt d’un silo unique.
Le projet Coprame (des COPRoduits pour Améliorer la Multiperformance des Élevages bovin lait et viande de la région Grand Est) a été initié au cours de l’année 2020. Les systèmes d’élevage étaient alors touchés par une troisième année consécutive de sécheresse. Les stocks fourragers n’étaient plus suffisants pour répondre aux besoins des animaux aussi les éleveurs devaient se tourner vers l’achat d’aliments à un prix élevé. « En parallèle, précise Mathilde Jouffroy, chargée d’études productions laitières à l’Institut de l’élevage - Idele, les exigences de qualité et environnementale commençaient à prendre de l’ampleur en région comme l’alimentation sans OGM ou les plans de filière bovins qui ont pour ambition de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre. »
2,4 millions de tonnes brutes de coproduits dans le Grand Est
Une première étude a confirmé la disponibilité de nombreuses ressources en coproduits issues d’industries agroalimentaires : chaque année, 2,4 millions de tonnes brutes de coproduits sont disponibles dans le Grand Est. Ils constituent un aliment à haute valeur alimentaire pour les ruminants. Les éleveurs du panel valorisent de 1 à 4 coproduits différents. Les pulpes de betteraves surpressées (29 %), les tourteaux de colza (18 %) et les drêches de brasserie (16,4 %) constituent le trio de tête.
Les coproduits locaux favorisent l'économie circulaire
La valorisation des coproduits issus des industries agroalimentaires, comme les tourteaux, pulpes de betteraves, sons, corn gluten feed, drêches de brasserie, est un levier pour accroitre l’autonomie territoriale des exploitations agricoles et ainsi participer à l’économie circulaire.
Plus de 70% des volumes en tonnes brutes de coproduits (soit 67% de la matière sèche) sont repris dans un rayon inférieur à 50 km du site de leur production.
Le stockage est un frein à l’usage de coproduits
Outre les difficultés de transport, la relative fragilité du coproduit humide oblige à une distribution très rapide aux animaux ou bien dans un lieu de stockage contrôlé, « dans les 48 heures en général », précise Mathilde Jouffroy. Pour le stockage en silo, des conditions anaérobies sont conseillées. La mauvaise conservation a pour conséquence une perte de valeur alimentaire par les jus. « Plus le produit est humide plus la quantité de jus produite est grande. Sans conditions en anaérobie, microorganismes et moisissures se développent ».
Le stockage en un seul silo a été testé par la ferme expérimentale de la Bouzule
Pour pallier les difficultés de conservation, la ferme expérimentale de la Bouzule près de Nancy a expérimenté deux types de stockage. Dans le premier cas, on utilise trois silos différents avec les coproduits et fourrages séparés. Dans le second, on mélange les coproduits et les fourrages dans un seul silo unique. L’observation des deux systèmes de distribution a duré dix semaines (de janvier à fin mars 2023), après deux semaines de pré-expérience. Résultat : « on ne constate pas de différence sur les performances zootechniques entre chaque lot, enseigne Alexandre Laflotte, directeur de la ferme expérimentale, ni de conséquence sur l’émission de méthane ». En revanche, l’essai a validé le fait que la distribution est plus rapide avec un silo unique. « On gagne une demi-heure par jour dans la distribution, poursuit le directeur, hormis une journée pour constituer le silo qui mobilise quatre personnes, le temps gagné chaque jour n’est pas négligeable ». Il ajoute une heure gagnée chaque semaine dans l’entretien d’un seul silo au lieu de trois.
La qualité de stockage en un seul silo est meilleure en été
« L’intérêt pour moi, il est vraiment en période estivale, affirme Alexandre Laflotte, on n’a qu’un seul front d’attaque à gérer. On limite l’échauffement, on limite les pertes de matière, justement parce qu’on avance plus vite dans le silo. »