[Chronique d'un directeur confiné] Joël Merceron, de l'Institut de l'élevage : "un horizon commun"
Joël Merceron est directeur général de l’institut de l’Elevage (Idele). Confiné dans le Maine et Loire à cause du coronavirus, il manage l’entreprise 296 collaborateurs en télétravail. C’est d’ailleurs en écrivant chaque jour qu’il a eu l’idée de cette « chronique d’un directeur confiné ». Dans ce premier épisode, Joël Merceron dresse un parallèle entre deux discours d'Emmanuel Macron. Il y a un an, le président de la République donnait un horizon suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris.
Joël Merceron est directeur général de l’institut de l’Elevage (Idele). Confiné dans le Maine et Loire à cause du coronavirus, il manage l’entreprise 296 collaborateurs en télétravail. C’est d’ailleurs en écrivant chaque jour qu’il a eu l’idée de cette « chronique d’un directeur confiné ». Dans ce premier épisode, Joël Merceron dresse un parallèle entre deux discours d'Emmanuel Macron. Il y a un an, le président de la République donnait un horizon suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris.
"Quasiment, jour pour jour, à un an d’intervalle, le président de la République a fait 2 discours de rassemblement en faisant appel à la solidarité.
Le 15 avril 2019, le monde entier avait les yeux rivés sur Paris avec la catastrophe de l’incendie de Notre Dame. Le président Macron, dans un discours ambitieux, avait donné un objectif de 5 ans pour reconstruire notre joyau national. Le coût était estimé à environ un milliard d’euros et les dons affluaient de partout.
Le 13 avril 2020, l’allocution du président a suscité commentaires et débats. Il y a ceux qui ne retiennent que la date du 11 mai, ceux qui auraient pris des décisions différentes, ceux qui parlent des moyens, de masques, de tests…, ceux qui veulent que les écoles ouvrent et ceux qui sont contre, ceux qui voudraient que l’état prenne à leur place la décision d’annuler un festival ou un championnat…. et surtout un grand nombre qui aimeraient que dès le 13 avril tout soit décrit et réglé face à ce cataclysme mondial.
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En fait, le président nous a donné un horizon et ouvert plusieurs chantiers. Ce sera à chacun d’agir au mieux dans son domaine, avec ses responsabilités pour le bien commun de la lutte contre ce fléau. La sortie individuelle du confinement n’est qu’un des éléments de ce programme. Car il faudra bien, sans faire de jeu de mots, remettre la France en marche. Le 16 mars, en 24 heures, plusieurs dizaines de millions de Français sont rentrées chez eux, les remettre à leur ouvrage au bout de 8 semaines va être bien plus compliqué.
En 2020, même si nous gardons la même terminologie de catastrophe que l’an dernier, les questions sont plus nombreuses. Sans attendre que « l’incendie soit circonscrit » on voudrait savoir : quand, combien, qui et comment ? Faut-il reconstruire comme avant ? Aurons-nous « les compagnons » pour reconstruire ? D’où viendront les centaines de milliards et qui va payer? L’an dernier la question était française mais aujourd’hui elle est globale et mondiale.
Les défis sont sans commune mesure et il faudra d’abord vaincre l’individualisme. Le chacun pour soi en termes de santé est compréhensible, mais alors comment aboutir à cette fameuse immunité collective? Sur le plan économique, les risques sont encore plus prégnants. Même sur la détresse ou la misère, certains ont envie de « faire de l’argent ». Les exemples sont légion par exemple sur le sujet des masques entre les vols et les surenchères… C’est tout simplement incroyable qu’à l’époque de l’intelligence artificielle et de notre monde 2.0, un objet aussi simple que le masque, fasse l’objet d’une telle frénésie.
Alors qu’il faudrait que la lutte soit concertée à l’échelle internationale, chaque pays développe sa propre stratégie. Alors qu’il faudrait que chaque entreprise agisse en synergie, la concurrence est encore vive, voire exacerbée. L’évolution du commerce des prix agricoles avec une spirale de prix en baisse en est un bel exemple. Alors qu’il faudrait partager les efforts, chacun y va de son refrain ou de son cas particulier.
C’est pourtant du particulier au collectif en allant jusqu’au supranational qu’il faut agir solidairement. L’épidémie du coronavirus ne s’arrêtera pas à la porte de son propre confinement, ni au contexte de son entreprise, ni aux frontières de son état. Nous avons tous une part de responsabilité et un rôle à jouer.
C’est ensemble et à toutes les échelles que nous vaincrons le coronavirus"
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Joël Merceron est fin connaisseur des questions agricoles et plus particulièrement de l’élevage de ruminants. Il dirige l'Institut de l'élevage depuis 2010. Ingénieur agronome et master de gestion des entreprises, il a travaillé successivement dans le Puy de Dôme, en Vendée, en Bretagne. Il a ensuite été directeur des productions bovines et ovines dans la coopérative Terrena pendant 12 ans. Une de ses expériences majeures a été la gestion de la crise ESB de 2000 .