Un nouvel espoir avec le chevreau label rouge
Dans la Drôme, le syndicat caprin travaille à la création d’un label rouge de chevreau lourd. Le projet est porteur d’espoir pour une filière moribonde.
Lors de l’assemblée générale du syndicat caprin de la Drôme, Damien Brunet, le président, a exposé les dernières avancées sur le dossier du chevreau label rouge : « Ce travail entrepris dans notre département pourra servir de référence dans toute la France. » Le label portera sur le chevreau lourd et un premier dossier a déjà été déposé auprès de l’INAO en décembre dernier. Lors de la dernière réunion de pilotage, sept départements et l’ensemble des acteurs de la filière s’étaient mobilisés et se sont dits très intéressés par la démarche. « Une force », selon Franck Moreau, président de la section caprine d’Interbev, pour qui ce type d’avancée ne peut se faire qu’en bonne intelligence au niveau de la filière. « Le Label Rouge est un tout qui doit être valorisé sur l’ensemble de la chaîne, de la production à la consommation », poursuit ce dernier.
Une roue de secours pour le chevreau
« Jamais notre modèle d’engraissement, du fait de la fermeture des frontières et des confinements successifs, n’a autant été mis à mal. La mise en place du Label Rouge chevreau apparaît, dans ce contexte, comme une véritable roue de secours, pour permettre à tous nos chevreaux de trouver un débouché et mettre en lumière cette viande qui reste malheureusement méconnue du grand public », reprend Damien Brunet. Ce travail autour du chevreau lourd pourrait permettre aux naisseurs de reprendre en main la destinée de leurs animaux. « C’est l’occasion de faire comprendre à la filière longue que nous ne sommes pas complètement dépendants d’elle », assène Franck Moreau.
Soutenir les engraisseurs en acceptant des baisses de prix
Pour le président du syndicat drômois, l’heure est également à la solidarité entre les maillons. « Il nous faut soutenir les engraisseurs en acceptant de perdre du prix sur les petits chevreaux. Nous avons d’autres revenus avec le lait et le fromage, lorsque eux n’ont que la viande pour s’en sortir. » Franck Moreau souligne néanmoins que la stratégie de faire drastiquement baisser les prix d’achat aux naisseurs ne s’était pas révélée payante car le prix du chevreau engraissé avait lui aussi diminué.
Le syndicat caprin, qui multiplie d’habitude les actions de communication et de dégustation de la viande caprine auprès du grand public, a su rebondir face à la pandémie qui a annulé la plupart des rendez-vous. « Un livre de recettes de chevreau, ainsi qu’un site internet dédié à ce Label Rouge sont en cours de création, ils permettront de faire découvrir cette viande au consommateur », détaille Damien Brunet.
Lire aussi : Des découpes de chevreau plus simples à consommer
Le chevreau, sept fois moins bien payé
Depuis un an, la filière chevreau peine à se maintenir à flot. Les naisseurs touchent jusqu’à quatre fois moins du kilo vif qu’avant la crise qui a débuté au printemps dernier.
Lors de l’assemblée générale de la Fnec, la gestion de la crise du chevreau a été abordée. Nicole Bossis de l’Institut de l’Élevage, a pu détailler l’impact de l’effondrement du prix du petit chevreau sur le revenu des éleveurs laitiers. Avant la crise, la vente des petits chevreaux représentait en moyenne pour les naisseurs 970 euros par UMO exploitant, soit 0,6 % du revenu. « Pour les naisseurs engraisseurs, l’atelier chevreau impacte davantage le revenu car il compte pour 2,5 % du produit caprin et rapport en moyenne 3 800 euros par UMO exploitant », complète l’ingénieure.
Lire aussi : Pourquoi la filière chevreau est en crise
Avec un prix du petit chevreau en septembre 2020 flirtant autour de zéro (contre sept euros en moyenne en 2019), les éleveurs laitiers en désaisonné ont perdu jusqu’à 2 % de leur revenu, imputable également à la baisse des ventes de l’ordre de 70 %. Pour les éleveurs qui font les mises bas en saison, la perte est en moyenne plus limitée, de l’ordre de 0,9 % du revenu avec 30 % de ventes en moins. Pour Jacky Salingardes, président de la Fnec : « Toute baisse de revenu est mauvaise pour les éleveurs, même si aujourd’hui cela ne représente que 2 % de perte. » Franck Moreau, en charge de la question du chevreau au syndicat caprin national, appuie : « Le chevreau devient une source de questionnement voire d’inquiétude pour les porteurs de projet d’installation. On voit fleurir sur les réseaux sociaux de nombreuses réactions de futurs éleveurs mal à l’aise avec le sujet. »