« Robot d’alimentation, pluie de paille, génétique et cube d’aliments pour gagner en performance et en confort »
Dans la Vienne, l’élevage caprin la SCEA Du bois du Theil multiplie les investissements en misant sur la robotisation, l’alimentation et un suivi technico-économique approfondi.
Dans la Vienne, l’élevage caprin la SCEA Du bois du Theil multiplie les investissements en misant sur la robotisation, l’alimentation et un suivi technico-économique approfondi.
Sous la direction de Jérôme Clochard, Stéphane David, le responsable de l’exploitation, s’occupe avec deux autres salariés des 370 chèvres de la SCEA Du bois du Theil dans la Vienne. Avec 1 430 litres par chèvre et par an, la production laitière est importante. Ces chiffres sont le résultat de choix bien réfléchis avec de nombreux partenaires pour optimiser la génétique du cheptel. La totalité du troupeau est désaisonnée et la moitié est en insémination, avec un taux de réussite avoisinant les 65 %.
« Le bien-être des animaux et de nos salariés est au cœur de nos préoccupations »
L’élevage fonctionne selon un système hors-sol depuis maintenant vingt-deux ans. Il s’appuie sur son nutritionniste et les propositions d’Alicoop pour trouver une ration adaptée. Stéphane David a opté pour les aliments Verdi Cub, composés de 30 % de luzerne, 20 % de céréales, 15 % de tourteaux, ainsi que de minéraux.
Cette ration complète est mélangée et compactée par Alicoop. Cette approche a considérablement simplifié le travail quotidien. Les chèvres ne trient pas leur alimentation, ce qui favorise un bon métabolisme et un bon transit. Chaque chèvre consomme en moyenne entre 3 et 4 kilos d’aliments par jour selon leur production, complétés par de la paille dépoussiérée, particulièrement importante pour les chevrettes.
Leur alimentation leur revient à 1,50 euro par chèvre et par jour, et la tonne de Verdi Cub s’élève à plus ou moins 400 euros selon les mois, avec une majoration pour les formulations spéciales gestation.
Un robot pour la distribution
En mars 2023, après deux ans de réflexion, l’élevage a introduit le robot Lely Vector. Celui-ci s’occupe de tout : du chargement de la ration à la distribution. Damien Trehoux, conseiller commercial du Lely Center, explique que cet équipement utilise un laser pour détecter l’aliment. De plus, « la cuisine n’a pas besoin d’être très grande. On peut donc installer le système dans la majorité des exploitations », affirme-t-il.
Le grappin peut attraper tout type de fourrage avec une précision au kilo près. « Avec Jérôme Clochard, nous avons choisi d’investir dans cette technologie pour pérenniser l’équipe et favoriser la féminisation, explique Stéphane David. Il faut compter 250 000 euros d’investissement, ce qui représente chez nous 48 euros pour 1 000 litres de lait produits. »
Multiplier le nombre de distribution et garantir une ration fraîche à l’auge permet également d’améliorer le bien-être et la santé des chèvres. Ici, le Lely Vector ne mélange rien. Il prend juste les Verdi Cub, mais il peut mélanger le fourrage et les concentrés. « Chez nous, la production était déjà très élevée. Elle n’a donc pas beaucoup augmenté après l’installation du Vector. Mais dans d’autres élevages, le robot peut vraiment améliorer les performances ! » avance Stéphane David.
Les deux hommes en sont très satisfaits, mettant en avant un gain significatif de temps, une souplesse de travail, une baisse de l’alimentation achetée grâce à l’efficience de l’alimentation et un service après-vente efficace. « L’équipe de Lely est compétente. Au moindre pépin, la maintenance nous dépanne rapidement. »
Une exploitation modèle en progrès continue
Le suivi technico-économique par l’outil ChevryPlan d’Alicoop depuis plus d’une dizaine d’années montre une structure économique saine. Bien que les charges d’alimentation et les frais d’élevage soient importants, l’exploitation dégage une rentabilité intéressante. « L’important, ce n’est pas les charges mais la marge, soutient Jérôme Clochard. Notre production laitière permet de tels investissements et, en retour, ces derniers soutiennent la production. »
La conception d’entreprise de Jérôme Clochard repose sur l’amélioration, qu’elle soit génétique ou technique. L’élevage Clochard exporte des reproducteurs partout dans le monde et aspire à inspirer les éleveurs caprins de demain. La modernisation fait partie de l’ADN de l’exploitation.
Leurs nombreux partenaires profitent de cette dynamique pour tester leurs technologies. Bonilait expérimente, par exemple, l’ajout d’aliments liquides (Cartaliq) dans la ration. L’objectif de l’aliment liquide est de compléter la ration en ajoutant des sucres et de l’azote. « Intégré à raison d’environ 5 % au fourrage, soit via une mélangeuse soit en arrosant directement une botte, il en améliore significativement l’appétence et l’ingestion », décrit Éric Delaruelle, technicien à Bonilait.
En plus de compléter la ration, l’aliment liquide lie les différents composants de celle-ci. Un méteil broyé est, par exemple, mieux valorisé, car les feuilles restent collées au reste du mélange. L’aliment liquide est adapté aux chevrettes sevrées comme aux chèvres en lactation. « Les gammes développées par Bonilait sont fabriquées localement à partir de coproduits comme la mélasse de betterave », ajoute le technicien.
Un paillage automatisé qui tombe en pluie
Le paillage de l’exploitation est entièrement réalisé par la pailleuse automatique Strohmatic de l’entreprise Schauer. Les balles, chargées automatiquement à partir de la zone de stockage, sont démêlées. La paille est ensuite dirigée vers le broyeur, où elle est coupée en brins de 2 à 4 cm en fonction du diamètre de la grille. « Ainsi broyée, la paille est plus absorbante, ce qui contribue à économiser entre 20 et 30 % de la litière », estime Maxime Tanguy, technico-commercial à Tardif-Vassal. La poussière est éliminée dans l’unité de transfert, réduisant le taux de particule jusqu’à 80 %. Enfin, la paille est distribuée de manière constante et homogène sur la zone à pailler grâce à une pluie de paille tombant de l’unité d’entraînement. « Cette automatisation se traduit par un gain considérable de temps et de confort pour l’éleveur », soutient le commercial. D’après lui, le bien-être des animaux est également amélioré par une distribution régulière de la paille, une absorption optimale et une réduction significative de la poussière. Une application permet de contrôler à distance l’équipement et de programmer à l’avance le paillage. La consommation énergétique est raisonnable et stable avec une moyenne de 24 kWh sans pic d’intensité. La sécurité est assurée par un détecteur de chaleur prévenant tout risque d’incendie et un filtre anti-cailloux. Bien que représentant un investissement de 150 000 euros, équivalant à 29 euros pour 1 000 litres de lait, Stéphane David assure que « le gain de temps et de praticité en vaut la peine ».