« Malheureusement, nous avons dû augmenter le prix de nos fromages de chèvre »
La fixation du prix des fromages fermiers ne se fait pas uniquement sur des critères purement économiques. Témoignage de Marion Hassine, fromagère fermière dans les Bouches-du-Rhône.
La fixation du prix des fromages fermiers ne se fait pas uniquement sur des critères purement économiques. Témoignage de Marion Hassine, fromagère fermière dans les Bouches-du-Rhône.
« D’habitude, j’augmente les prix de mes fromages de chèvres tous les deux ans. Mais avec l’inflation j’ai dû les augmenter de 10 centimes en 2022 et en 2023. En 2023, les fromages d’une centaine de grammes au démoulage, nécessitant un demi-litre de lait, étaient à 2,30 euros la pièce. Les 10 centimes d’augmentation, ce n’est pas quelque chose que je calcule vraiment. Je veille à rester raisonnable pour les consommateurs. J’arrête les ventes en décembre et je les reprends en avril. Pour 2024, je m’interroge sur la possibilité d’une hausse des prix. J’ai eu des charges supplémentaires et je dois les répercuter sur la vente. L’électricité, l’orge, le foin de Crau ou même l’alimentation des trois border collies ont bien augmenté. Je vais faire un bilan mais j’ai toujours des remords à augmenter les prix car je veux que mes fromages restent accessibles. Je ne veux pas que ce soit un produit de luxe. Je veux aussi rester dans la moyenne de la région. Pourtant, nos clients directs et l’affineur à qui je revends 40 % de mes fromages acceptent parfaitement ces hausses. Avec 60 chèvres communes provençales sur quatre hectares, peu d’aides de la PAC et une salariée à trois-quarts temps, je ne me garde qu’un petit revenu. Je n’ai pas fait ce métier pour avoir des millions sur mon compte en banque mais je m’épanouis dans mon travail et à côté. Ma motivation principale, ce n’est pas l’argent, c’est plutôt de faire des bons fromages et que ce soit accessible. »