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La Ferme de la Hulotte, des rocamadours bio bien valorisés

Nathalie et Laurent Masbou valorisent des rocamadours 100 % bio grâce à un troupeau 100 % en lactation longue. Une maîtrise des charges d’alimentation et de mécanisation, liée à un circuit commercial efficace, permet une bonne rémunération.

Installés à Cajarc, dans le Lot, Nathalie et Laurent Masbou dirigent la ferme de la Hulotte, une exploitation caprine bio qui allie efficacité économique, autonomie fourragère et circuit commercial équilibré. Depuis 2004, ces éleveurs engagés n’ont cessé d’optimiser leur élevage. Aujourd’hui, leur troupeau de 96 chèvres leur permet de produire 65 000 litres de lait transformés en fromages fermiers. Depuis plusieurs années, les deux éleveurs se prennent un revenu de 30 000 euros chacun tout en employant deux salariés quasiment à plein temps.

La première optimisation de la Ferme de la Hulotte vient de la quête d’autonomie fourragère, nécessaire dès leur conversion en agriculture biologique en 2009. Car s’ils disposent d’une centaine d’hectares pour produire l’alimentation du troupeau, seuls 45 hectares sont cultivables, « en comptant les parcelles avec 10-15 centimètres de fond et plein de cailloux », précise Nathalie Masbou pour décrire la faiblesse des sols des causses du Quercy. Grâce au pâturage tournant dynamique, au séchage en grange et à la culture de méteil, les Masbou limitent leurs achats extérieurs à du correcteur azoté et parfois des céréales.

Seules une vingtaine de chevrettes mettent bas

La Ferme de la Hulotte valorise aussi les espaces boisés alentour. Pendant l’été, un des salariés guide le troupeau dans les sous-bois, deux à trois heures après la traite du matin. « Ensuite, les chèvres sont rentrées, car il fait trop chaud, et elles sont aussi bien dans le bâtiment isolé. » Grâce à cette pratique sylvopastorale, les bons taux et les rendements fromagers sont maintenus tout l’été. La ferme bénéficie également des aides de l’ICHN, qui soutiennent les exploitations situées en zones défavorisées.

Depuis 2023, tout le troupeau est en lactation longue, une décision stratégique qui lisse la production sur l’année, permet le maintien des ventes toute l’année et améliore la qualité de vie des éleveurs. « Avec les lactations longues, nous gagnons du temps et évitons des soucis sanitaires liés aux mises bas, tout en maintenant de très bons taux », apprécie Nathalie. Seule une vingtaine de chevrettes mettent bas sur la ferme chaque année.

Ces chevrettes de renouvellement sont issues pour partie du troupeau, mais une autre partie est achetée à l’âge de trois mois dans un élevage indemne de Caev, car le troupeau l’est depuis toujours. Cette vigilance sanitaire s’explique également par un épisode traumatisant survenu il y a quelques années : une introduction mal contrôlée avait entraîné des pertes importantes dues au mycoplasme.

Deux sociétés pour davantage de fromages

La Ferme de la Hulotte transforme son lait en quatre types de fromages fermiers : des rocamadours, des fromages en forme de cœur, des galets cendrés et un fromage moulé à la louche type pélardon. La transformation se fait à la ferme en mutualisant avec une autre structure juridique, la fromagerie La Gayrie, gérée par les époux Masbou, qui emploie leurs deux garçons, Loïc et Lucas. Une façon de transmettre progressivement leur savoir-faire et leur outil de production, et aussi la possibilité de transformer du lait de brebis bio collecté dans l’Aveyron grâce à la contractualisation avec la coopérative Aveyron Brebis Bio. Cette double société impose une complexe gestion comptable, mais cela permet d’élargir sa gamme tout en gardant la ferme dans le cadre du régime du micro-bénéfice agricole.

Pour vendre ces fromages à la fois AOP et bio, les Masbou se sont construit un circuit commercial varié à la fois local – sur le marché de Cajarc, dans des magasins du département et en vente à la ferme – et plus lointain avec, notamment, un grossiste spécialisé en bio. « Notre ancrage en circuit court nous protège des fluctuations de marché et garantit un lien fort avec nos clients », apprécie Nathalie, qui souhaite garder un prix rémunérateur, mais accessible en local. Les rocamadours sont vendus localement à 80 centimes pièce toutes taxes comprises en moyenne.

Des embauches via le groupement d’employeur

Efficace économiquement, la Ferme de la Hulotte limite ses charges de mécanisation grâce au recours à la Cuma, mais surtout aux compétences en mécanique de Laurent. La Hulotte emploie deux salariés permanents, Adeline et Sébastien. La gestion de l’emploi a été optimisée en faisant appel au groupement d’employeurs Agrisaisons qui permet d’embaucher en CDI tout en bénéficiant d’un accompagnement en cas d’absence ou de remplacement. Grâce aux salariés, les deux exploitants parviennent à « s’échapper » de la ferme deux fois 3 ou 4 jours en septembre et octobre, puis une dizaine de jours en fin d’année.

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