La coopérative assure un lait cru de qualité
Pour vendre du lait destiné à faire des AOP au lait cru, la coopérative Centre Sud-Nord-Limousin porte un soin particulier à la qualité de son lait.
Pour vendre du lait destiné à faire des AOP au lait cru, la coopérative Centre Sud-Nord-Limousin porte un soin particulier à la qualité de son lait.
Près des trois quarts du lait collecté par la coopérative Centre Sud Nord Limousin sont destinés à la transformation en fromages AOP au lait cru : pouligny-saint-pierre, selles-sur-cher et valençay. « Les 61 coopérateurs ont bien compris l’enjeu de la qualité du lait, explique Sandra Cardinaud, responsable de production à la coopérative de collecte. En produisant du lait de qualité, la coopérative peut plus facilement négocier son lait auprès des deux acheteurs ». Les 9,3 millions de litres, collectés dans le Cher, l’Indre, le Loir-et-Cher, la Creuse, la Vienne et la Haute-Vienne, sont vendus à la laiterie Triballat à Rians pour le lait hors zone AOP et à la fromagerie d’Anjouin pour le lait AOP.
Les efforts ont été accentués avec le renforcement du paiement à la qualité. Depuis juillet 2012, les éleveurs perdent leur prime à la qualité de 45 euros les mille litres si la moyenne géométrique des trois analyses de Pseudomonas mensuelles dépasse les 2 000 UFC(1)/ml. La prime qualité est aussi liée à la présence d’E. coli, qui doit en moyenne être inférieure à 100 UFC/ml.
Une purge parfois bouillon de culture
« Nous n’avons pas installé de matériel spécifique pour avoir un lait de qualité ; il s’agit plutôt d’un suivi régulier et poussé de la machine à traire, du tank et de l’environnement d’élevage » explique Sandra Cardinaud. Concrètement, quand un éleveur dépasse les 1 000 UFC de Pseudomonas par millilitre lors d’une des trois analyses mensuelles, la responsable de production appelle les éleveurs ou leur envoie un SMS. « Au début, j’allais systématiquement voir les éleveurs concernés pour investiguer avec eux les causes des problèmes. Maintenant, ayant identifié les zones et secteurs à risque sur leur installation, je les oriente par téléphone sur les opérations à effectuer. S’il n’y a pas d’amélioration lors des analyses suivantes, une visite est réalisée. »
Première chose à vérifier, la température de lavage de la machine à traire. « Il faut que l’eau soit à plus de 65 °C en début de lavage et à plus de 40 °C à la fin. Il faut aussi observer que l’eau passe bien dans toutes les griffes ». Sandra invite les producteurs à vérifier l’état des manchons trayeurs et les changer toutes les 1 000 heures de traite s’ils sont en caoutchouc et toutes les 2 000 heures s’ils sont en silicone. « La purge peut être un vrai bouillon de culture et il faut la nettoyer régulièrement en utilisant des produits lessiviels. »
La machine à traire auscultée en cas de problème
Le lactoduc, les tuyaux souples ou les joints de la chambre de réception sont aussi inspectés visuellement. « Les tuyaux, ce ne sont pas des outils Facom et il faut les changer régulièrement » aime à rappeler la responsable de production. La laiterie demande de toute façon à recevoir une copie du compte-rendu du contrôle annuel Optitraite. Pour laver les coupelles de lavage, Sandra recommande de les démonter et les placer dans un lave-vaisselle ou un lave-linge plutôt que de les brosser, risquer de les rayer et ainsi offrir un point d’ancrage aux bactéries. Certains éleveurs de la coopérative lavent leurs coupelles tous les quinze jours. Autre astuce pour augmenter l’efficacité du lavage, utiliser l’acide le matin, quand l’eau est bien chaude, et la lessive le soir. Sandra recommande aussi de surveiller la date limite d’utilisation des produits lessiviels.
Il lui est arrivé aussi de faire passer du lait UHT dans la machine à traire pour analyser le lait à la sortie. « S’il y a des Pseudomonas dans le lait à la sortie, c’est qu’il faut encore investiguer. Il faut alors démonter davantage la machine et je fais alors appel aux concessionnaires des machines à traire ou aux techniciens en charge des contrôles de machine à traire dans les chambres d’agriculture de l’Indre. Avec ces actions communes, nous avons identifié des zones à risques à surveiller plus régulièrement, ici une membrane à changer tous les ans, là un raccord de lactoduc à surveiller… »
La propreté de la litière et de la salle de traite est aussi observée. « Certains ont des soucis de Pseudomonas malgré une propreté et une hygiène parfaite des locaux et de l’installation de traite. L’eau du réseau étant une source de contamination possible, nous avons réalisé quelques analyses mais cela n’a pas donné de résultats très probants ».
Soucieux de la qualité de leur lait, les éleveurs signalent eux-mêmes les risques de présence de Pseudomonas, par exemple, quand il y a eu une coupure d’électricité, une panne de chauffe-eau ou des mammites importantes. Pour anticiper les problèmes, la laiterie rappelle aussi régulièrement les bonnes pratiques sur la qualité du lait livré en lait cru. La laiterie envoie par exemple un courrier quand, en été, la chaleur et la pluie se succèdent. L’automne dernier, elle a averti ses éleveurs sur les risques de Listeria avec l’utilisation de foin ou d’enrubannage pas toujours bien conservé.
En 2016, 97 % du lait collecté répondait à la norme pour le critère Pseudomonas contre 95 % en 2013.