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Canicule, eau, récoltes... L'agriculture au programme de C dans l'air

Faut-il s'inquiéter des caprices de la météo qui font battre des records de température ? Sur le plateau de C dans l'air, les spécialistes ont tenté d'y répondre pendant 64 minutes. Au nombre des invités de l'émission de France 5, Nicole Ouvrard, directrice des rédactions du groupe Réussir Agra.

Canicules, eau, récoltes… Faut-il s’inquiéter ? La question était posée ce vendredi 28 juin sur le plateau de C dans l’air, magazine d’actualité sur France 5. Autour de la table, pour participer au débat animé par Axel de Tarlé, 4 invités :

. Magali Reghezza, spécialiste des risques naturels et des questions environnementales, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure, membre du laboratoire de géographie physique de Meudon, et auteur de « Résiliences » aux Editions Iste,

. Benoît Hartmann, géographe spécialiste des questions environnementales, ancien porte-parole de l’association France Nature Environnement,

. Jean-Marie Seronie, ingénieur agronome agroéconomiste, membre de l’Académie d’agriculture, auteur de plusieurs ouvrages dont PAC et mondialisation aux Editions Quae,

. Nicole Ouvrard, directrice des rédactions du groupe Réussir-Agra et présidente de l’Afja, l’Association française des journalistes agricoles.

Une pointe à 45,8° en climat tempéré

Avant de lancer les discussions, l’animateur plante le décor. Une carte des vins qui remonte vers le nord, certaines cultures très gourmandes en eau qui deviennent inadaptées, 17 départements déjà soumis à des restrictions d’eau…  Et 45,8° atteint à Gallargues-le-Montueux dans le Gard ! « On n’est plus dans un climat tempéré ! »

« Les plantes et animaux, comme les humains, sont capables de supporter des températures élevées pendant quelques jours », rassure Nicole Ouvrard, « la difficulté, c’est si ça dure ».

Pour Jean-Marie Séronie, 45,8°, c’est « une pointe ». Il observe cependant que « la température globale est en train d’augmenter, notamment chez nous ». Le climat méditerranéen a progressé vers le nord « de 60 à 80 km depuis 30 ans, avec des impacts sur la végétation et les cultures ». Et d’ajouter : « la bordure méditerranéenne, dans quelques années, selon les prévisions, sera dans un climat aride ». La preuve : « le chêne vert, qui est un marqueur, remonte ».

Les évolutions se sont imposées de tout temps. Et « les sociétésse sont adaptées » affirme Magali Reghezza. Cela est vrai pour l’eau et les cultures. Elle évoque la « triade méditerranéenne » (olivier-blé-vigne). « Ce sont des cultures qui se sont adaptées à un moment donné. Quand vous allez dans le Sud de la France, vous avez des réserves d’eau, vous avez des citernes, vous avez des puits, » affirme-t-elle. « Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est que l’évolution est tellement rapide, les héritages sont là, on a du mal à s’adapter. Ca va trop vite. »

Benoît Hartmann abonde dans le même sens. « Le phénomène va être récurrent » affirme-il. « La méditerranéisation du climat français va faire que ces épisodes caniculaires vont être de plus en plus fréquents. On va avoir comme un climat méditerranéen typique, c’est-à-dire une période sèche, longue et chaude qui va stresser les plantes et parfois des précipitations orageuses qui donc vont avoir plutôt tendance à ruisseler et pas beaucoup alimenter les nappes phréatiques ». Pour autant, il n’est pas pessimiste. « Des solutions face à ce climat-là, il y a bien des pays qui en ont inventé.» Et de rappeler que « l’Algérie a été le grenier de la Méditerranée pendant des années avec un climat qui ressemble à ce à quoi nous devons faire face ». Mais cela demande beaucoup de changements : industriel, culturel, agricole. Et il s’interroge : « est-ce qu’on a l’humilité d’aller voir des sociétés méditerranéennes pour leur dire ‘vous avez des solutions qui m’intéressent ? ' ».

La question du partage de l'eau

En attendant, le moyen réglementaire peut être un recours pour s’adapter. Le ministre de l’agriculture a par exemple interdit le transport des animaux. Une bonne décision pour Nicole Ouvrard qui précise : « une vache commence à être en stress à 22° et les prairies s’arrêtent de pousser à 22° aussi. » Les vaches souffrent très vite car, en proportion, leurs poumons ont trois fois moins de capacité que ceux des humains. Pour le moment, « on est dans un climat tempéré et l’agriculture est adaptée à un climat tempéré », constate la directrice des rédactions de Réussir-Agra.  D’où les difficultés que rencontre l’agriculture en période de canicule.

Pour les cultures, Nicole Ouvrard parle des pistes travaillées pour faciliter l’adaptation des plantes aux contraintes du climat. Décalage des dates de semis, couverts végétaux qui ne laissent pas le sol nu. « Ce sont des techniques qui sont en train de se développer », assure-t-elle.

 

 

Si des solutions à court terme peuvent être trouvées comme l’autorisation de donner l’herbe des jachères en complément de nourriture pour les animaux, à long terme, c’est bien la question de l’eau et de son partage qui est posée. « Cette eau qui était considérée comme une ressource pour l’agriculture va devenir de plus en plus un élément de durabilité pour l’ensemble des parties prenantes », affirme Jean-Marie Séronie. Environnement, agriculture, loisirs, le sujet devient celui d’une « gouvernance de l’eau ».  

 

64 minutes d’échanges, de reportage et de questions des téléspectateurs. Le melon charentais sera-t-il un jour cultivé dans le Finistère ? L’eau potable va-t-elle un jour coûter plus cher qu’un verre de vin ?

A cette dernière question, Nicole Ouvrard lance en souriant : « arrêtons de boire de l’eau en bouteille. Consommons de l’eau du robinet. » Mais là, c’est un autre débat.

 

Lire aussi dans Agri 79 Transport d'animaux en période de canicule : la réglementation

 

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