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« Valoriser au mieux nos blondes en bio»

Au Gaec du Bois Joli en Loire-Atlantique, les frères Héry n’ont pas choisi de courir derrière les volumes. Ils font en revanche des choix pour valoriser au mieux leur production. Sans occulter la nécessité de contenir les coûts de production.

Au Gaec du Bois Joli, à Corcoué-sur-Logne dans le Sud de la Loire-Atlantique, Sébastien, Benoît et Nicolas Héry conduisent 115 Blondes d’Aquitaine en bio. Les animaux finis sont valorisés en vente directe ou par le biais d’Unébio, avec un niveau de rémunération permettant aux trois associés d’avoir des projets d’investissement. Au cours du dernier exercice (du 1er mai 2019 au 30 avril 2020) le prix moyen du kilo vif vendu était de 3,08 euros. Il contribue largement aux 135 109 euros d’EBE avec surtout un ratio EBE/PB de 46 %.

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Les trois frères se sont successivement installés sur l’exploitation familiale, laquelle s’est de ce fait progressivement accrue, mais avec un ratio nombre de vêlages et d’hectare par UTH qui demeure raisonnable. Benoît a été le premier à sauter le pas en 2006 quand ses parents étaient encore en activité. « On avait alors 90 hectares et 70 à 80 vêlages. » Puis Sébastien l’a rejoint en 2011 après avoir travaillé dans la mécanique automobile. Enfin Nicolas les a suivis en 2017, après avoir travaillé dans le secteur bancaire. Entre-temps, cet élevage principalement herbager avec une part de cultures autoconsommées avait été converti en bio en 2017.

Une vingtaine de bovins en vente directe

Ils disposent désormais d’une belle structure avec 194 hectares assez bien regroupés. La vente directe est pratiquée depuis une vingtaine d’années après avoir démarré comme souvent avec la famille et des amis et le gros atout d’être dans une région assez densément peuplée. Le village de Carcoué-sur-Logne est à seulement 35 kilomètres du centre-ville de Nantes. « 80 % de notre clientèle est dans un périmètre de 20 kilomètres autour du siège de l’exploitation avec une majorité de jeunes couples. 150 clients nous prennent de la viande au moins une fois par an. L’aspect 'produit local' les attire davantage que le fait d’être en bio », résume Nicolas plus particulièrement en charge du suivi de cette activité alors que ses deux frères se consacrent surtout à la conduite du troupeau. « Je fais régulièrement des relances sur Facebook et par SMS. C’est ce qui fonctionne le mieux. »

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Ce débouché concerne en moyenne une vache par mois et un veau tous les deux mois. Trois formules sont proposées pour les colis : « tradition », « découverte » et "grillade" avec une proportion différente de morceaux à mijoter, ou transformés en hachés. Ils sont vendus par cartons de 7 ou 10 kg. Les tarifs oscillent entre 13 et 14,50 euros selon la formule retenue. « Il faut une quarantaine de clients par gros bovin et on vend à date fixe le premier vendredi de chaque mois. » Les veaux sont vendus 15,50 euros du kilo en colis de 5, 7 ou 10 kg.

Les autres animaux finis sont écoulés auprès d’Unébio et les broutards par l’intermédiaire de Bovinéo à une moyenne de 320 kg/tête dans les circuits conventionnels où ils demeurent relativement bien valorisés (une moyenne de 1 076 euros/tête sur le dernier exercice). « Cette année on a aussi commercialisé en veaux rosés six femelles auprès d’Unébio. Cela évite de mettre à la reproduction des génisses issues des moins bonnes souches. »

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Au moins pour l’instant il n’est pas envisagé de produire des bœufs, d’autant que finir des bœufs blonds en bio semble difficile à envisager compte tenu de la nécessité d’avoir une ration à la fois riche et abondante pour qu’ils soient suffisamment finis. « J’ai calculé que la vente directe nous permet de faire en moyenne une plus-value de 300 euros par tête comparativement à une vente auprès d’Unébio », précise Nicolas Héry. Dans la mesure où la grille des prix Unébio sanctionne les carcasses de plus de 510 kg, les vaches les plus lourdes et les moins conformées sont prioritairement destinées à la vente directe. L’un dans l’autre cette part importante de la vente directe associée à des femelles correctement valorisées dans le circuit Unébio leur a permis d’avoir l’an dernier un prix moyen du kilo vif vendu de 3,08 euros, soit une valeur nettement supérieure aux chiffres du groupe bio de Seenovia (2,88 euros/kg vif).

Vêlages à 30 mois en deux périodes

Pour autant la conduite d’élevage est rigoureuse avec la volonté de réduire les coûts de production. Les vêlages sont répartis sur deux périodes : une soixantaine en août septembre et une cinquantaine de janvier à avril. Le taux de mortalité naissance sevrage avoisine 4 %. « On a perdu quatre veaux cet hiver. C’est trop. On a déjà fait mieux. Ces mortalités relèvent souvent des veaux qui naissent en hiver. On a davantage de réussite avec les vêlages de fin d’été », précise Benoît Héry. L’objectif est de faire vêler à 30 mois toutes les génisses avec un taux de renouvellement de 42 % l’an dernier.

« Environ 40 % des veaux sont issus d’IA. Le troupeau est d’un bon niveau génétique avec achat de taureaux génotypés en recherchant de bonnes aptitudes laitières et des facilités de naissances », souligne Kévin Gérard-Dubord, chargé de l’étude pour Seenovia. Les croissances sont de bon niveau. Le GMQ moyen des mâles était de 1 200 g l’an dernier avec un poids moyen de 319 kg à 7 mois et 12 jours. La principale difficulté relève de problèmes de fertilité en particulier pour les primipares qui fécondent difficilement après leur premier vêlage. D’où un IVV moyen de 415 jours entre la première et la seconde mise bas alors qu’il est de 363 jours pour les multipares. Cela se traduit par un délai moyen de 512 jours entre le dernier vêlage et l’abattage. Un délai nettement au-dessus de la moyenne de groupe (330 jours) qui traduit aussi une longue durée de finition, inhérente aux caractéristiques de cette race. Pas question en revanche d’avoir des rations trop dispendieuses. Les vaches sont finies en associant enrubannage de prairie de très bonne qualité et 7,5 kg brut de maïs grain humide. « Il nous faut près d’un an pour que les primipares soient suffisamment finies et six à huit mois pour les multipares. » La plupart des carcasses sont classées en U3 et le poids moyen des femelles de boucherie est de 525 kg.

Méteil ensilé ou moissonné

Récolté en ensilage ou en grain, le méteil (pois, triticale et féverole) est une des principales cultures avec le maïs grain souvent semé derrière un méteil ensilé. « On cherche à ensiler de bonne heure pour gagner sur la valeur alimentaire. On ne fait pas de foin. On fait 13 hectares de méteil grain. On en garde une partie pour faire notre semence, précise Benoît Héry. Nous avons fait l’an dernier un total de 1 600 heures de tracteur, soit huit heures/ha/an pour une moyenne de 530 heures/an/associé et on achète en tout et pour tout 1,6 tonne d’aliment à l’extérieur. Essentiellement du tourteau de colza », ajoute Sébastien.

Faire face aux aléas du climat

Comme partout, les évolutions du climat sont sujet d’inquiétude. Pour se donner les moyens de faire face en limitant les risques de déficit fourrager, les trois associés travaillent actuellement sur un projet visant à mettre en place une réserve d’eau de 40 000 m3 associée à un réseau d’irrigation qui permettrait d’irriguer un total de 60 hectares en arrosant alternativement 30 hectares chaque année. Ce serait le meilleur rempart pour faire face aux risques accrus de sécheresse. Un projet qui permettrait éventuellement de développer d’autres productions végétales sans chercher à accroître les surfaces cultivées.

Chiffres clés

194 ha de SAU répartis en 160 de SFP (dont 79 d’herbe) et 34 de grande culture

115 vaches avec finition de toutes les femelles et vente des mâles en broutards

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