Pourquoi le concours de Charolles a été cette année déplacé à Saint-Christophe-en-Brionnais à une vingtaine de kilomètres de Charolles ?
Gilles Degueurce - Nous n’avons pas eu l’autorisation d’organiser les 5 et 6 décembre notre concours dans la grande halle de Charolles. Mais nous avions anticipé cette décision. Après avoir obtenu l’aval du maire de Saint-Christophe-en-Brionnais, j’ai proposé à la préfecture d’organiser notre manifestation sous la grande halle de ce marché. Le préfet nous a donné son accord moyennant bien entendu le respect des gestes barrières et la présence des seuls éleveurs, membres du jury et acheteurs. Notre concours se déroule habituellement sur deux jours. Il est largement tourné vers le grand public avec dégustations de viande, vulgarisation de l’élevage allaitant à l’attention du grand public et concours de vitrines pour les apprentis bouchers. Cette année nous avions un total de 460 animaux contre 620 l’an dernier et seul le concours a pu être sauvegardé. Tout s’est déroulé la seule journée du 4 décembre. Nous avons démarré tôt le matin et à 17 h 00 tout était terminé. Les 180 élevages participants ont présenté des animaux aussi bien finis, lavés, préparés et tondus que d’habitude et le foirail les mettait bien en avant. Cela valait coup d’œil et photos !
Qu’est-ce que cela a donné côté commerce ?
G. D. - Avant d’organiser ce transfert sur Saint-Christophe, j’avais contacté nos principaux acheteurs. Tous m’avaient dit qu’il était important de tout faire pour maintenir ce concours d’autant qu’ils avaient des commandes. Ce type de manifestation gagne à être un rendez-vous annuel régulier. C’est important sur le plan commercial. Tous les animaux ont été vendus. Dans les grands prix, il y a eu deux femelles à 15 euros du kilo carcasse. La plupart des génisses sont entre 6 et 7 euros. Les culardes autour de 7,5 ; les bœufs de 5,5 à 6,5 et les vaches entre 5 et 55,50 euros Nous avions nos acheteurs habituels (Bigard, Sicarev, SVA, Gessler, Despierres…). Nous avons eu quelques nouveaux et en particulier des artisans bouchers venus de l’agglomération lyonnaise. Le fait d’avoir 150 bêtes de moins que l’an dernier associé à l’annulation d’autres concours a probablement contribué à avoir des ventes assez actives.
La perspective d’avoir à subir des fêtes « confinées » n’a donc pas été un handicap côté tarifs ?
G. D. - Certains abatteurs et bouchers m’ont dit que dans ce contexte, avec un nombre de convives limités, la viande de bœuf s’invitera peut-être plus facilement sur les tables comparativement à des volailles festives. Un rôti ou toute autre belle pièce de viande bovine est plus facile à dimensionner à une table de 6 personnes qu’une dinde de six à huit kilos !
Sans la tenue du concours, ces bêtes certes exceptionnelles par leur poids et leur conformation auraient-elles été faciles à vendre ?
G. D. - Sur notre concours, la majorité des animaux pèsent entre 550 et 700 kg de carcasse et il n’y a de toute façon aucun animal de moins de 500 kg. Sans concours et sans la plaque qui accompagne la carcasse, une partie de ces animaux auraient probablement été plus difficiles à vendre en ferme. Ce sont des carcasses dont le format ne correspond pas à ce qui est classiquement demandé par la plupart des opérateurs de l’aval. Nous avons des bouchers qui se sont regroupés pour acheter à deux le même animal de façon à vendre chacun une demi-carcasse. Tous les artisans bouchers n’ont pas le débit suffisant pour vendre une carcasse de 650 kg par semaine.
Cette année nous n’avions qu’une trentaine de bœufs alors que le chiffre est d’habitude plus proche de 70. Ces bœufs de forme sont moins fréquents. La succession d’années sèches où l’herbe fait défaut pendant près de deux mois fait que ce sont aussi des animaux de plus en plus difficiles à finir.
L’atout du bœuf face à la dinde pour les repas en petit comité