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Chez Sébastien Laloua dans la Marne
Une conduite simple et productive

Éleveur passionné de Blondes d'Aquitaine, Sébastien Laloua s'est bien organisé pour travailler seul avec une cinquantaine de vêlages et 130 hectares de cultures. Son système naisseur-engraisseur est typique de la Champagne, basé sur les pulpes surpressées et le foin de luzerne.

À Bussy-le-Château dans la Marne, Sébastien Laloua est installé depuis 1993. Il exploite cent trente hectares de cultures autour du siège de l’exploitation, et toutes les prairies, qui occupent quarante hectares, sont situées à cinquante kilomètres, dans le département de la Meuse. Quarante vêlages sont groupés sur décembre, et les dix à quinze suivants se déroulent sur janvier et février. Le troupeau a été créé par le père de Sébastien Laloua à partir de 1976 en Charolais, et depuis une dizaine d’années, l’éleveur a opté pour la Blonde d’Aquitaine par croisement d’absorption. Il a aussi, pour démarrer, acheté huit embryons à un éleveur qui ont été posés sur des génisses charolaises. Six femelles sont nées. Avec moins de chance pour la seconde fois, à partir de quatre embryons achetés, l'éleveur s'est retrouvé avec trois mâles. « Mais j’ai appris beaucoup, avec cette technique, sur mon troupeau et sur la reproduction. » En arrivant maintenant à la quatrième génération de croisement, le troupeau est bien typé blond. « J’ai choisi cette race pour la bonne valorisation économique du kilo de carcasse, et aussi pour la facilité des vêlages, la vigueur des veaux », explique Sébastien Laloua. « Je suis un vrai passionné d’élevage, ce qui n'empêche pas d'étudier chaque poste de dépense. » L'éleveur sait qu'il bénéficie, grâce à ses hectares de cultures, d'une paille de blé de qualité en quantité, d'une bonne valorisation du fumier par les cultures et de pulpes surpressées au tarif planteur.

Des croissances autour de 1700 g/j pour les jeunes bovins

L’alimentation hivernale du troupeau est ainsi basée sur cet aliment. Sébastien Laloua cultive aussi de la luzerne contractualisée. « Je peux choisir la coupe et la date qui m’arrangent pour récolter les six à sept hectares de foin dont j’ai besoin. Si bien que je n’en perds jamais. Les autres coupes, c’est la coopérative de déshydratation qui s’en occupe. Ce sont des conditions très intéressantes pour faire son foin », explique Sébastien Laloua. Il achète par ailleurs un peu de foin de prairies naturelles pour le distribuer aux vaches avant vêlage. La ration hivernale des vaches est composée de 15 à 20 kilos de pulpes surpressées, 3 à 5 kilos de foin de luzerne, 0,5 kilos de mélasse et des minéraux, avec de la paille de blé à volonté. Les jeunes bovins ont une ration toute simple composée de pulpes surpressées et d’un aliment complet du commerce. Cet aliment pour jeunes bovins est réalisé à la carte. Il est enrichi en matières grasses et contient 26 % de protéines (0,85 UFV, 198 g PDIN et 140 g de PDIE). « L’engraissement permet une très bonne valorisation des mâles », calcule Sébastien Laloua. « Pour 260 jours de présence en moyenne, les charges alimentaires sont de 321 euros (86 € de pulpes, 214 €d’aliment et 21 € de frais sanitaires) et le bâtiment est amorti. » Les jeunes bovins ont eu une croissance de 1650 g/j en 2015 et de 1750 g/j en 2016. Les veaux (mâles et femelles) sont complémentés dès leur naissance avec un aliment complet acheté (20 t/an en tout soit 390 kg/animal en moyenne). De début avril à début septembre, ils ont pris cette année 1,3 kg/jour pour les mâles et 1,1 kg/jour pour les femelles. Les vaches engraissées et les jeunes bovins sont tous vendus en confiance à l’organisation de producteurs commerciale Feder. « La race blonde est bien valorisée. Il n’y en a pas beaucoup dans ma région. »

Tous les chantiers et le matériel pour les cultures avec un voisin

Pour les cultures, Sébastien Laloua réalise tous les chantiers avec un agriculteur installé à trois kilomètres et avec lequel il partage tout le matériel en copropriété (soit 330 ha de cultures pour les deux structures). Il ne possède en propre que deux tracteurs de tête et le téléscopique. Pour l'élevage, il peut compter sur le soutien de son père, âgé de 80 ans. Mais il a organisé les bâtiments anciens de façon à pouvoir travailler seul et vite. Le temps de travail d’astreinte, quand tout le troupeau est en bâtiment, est de deux heures le matin. Le soir, les animaux mangent de la paille. L’éleveur passe par contre deux fois par jour dans les cases avec les veaux et les vaches pendant tout l'hiver. « C’est le moyen d’avoir un troupeau très calme et habitué à être examiné. J’arrive à traire une génisse qui vient de vêler sans l'attacher » illustre-t-il. L’an dernier, la reproduction a connu une belle réussite avec un IVV moyen du troupeau de 379 jours et un taux de mortalité des veaux de 5 % entre la naissance et le sevrage. Les génisses sont inséminées pour vêler à trois ans et les vaches sont conduites en monte naturelle. Depuis sept ans, un détecteur de vêlage est utilisé en combinaison avec le suivi des températures, qui sont prises chaque matin : le détecteur est posé quand la température commence à baisser. En plus, l’éleveur observe l’attitude des vaches grâce à une caméra fixe toute simple sur le boxe où elles vêlent, ce qui sécurise encore le suivi. « Je ne me lève pas la nuit. » Pour les prochaines années, Sébastien Laloua s’efforcera de grouper encore mieux les vêlages, de distribuer une alimentation plus pointue avec davantage de luzerne pendant la période de reproduction, et d’améliorer le niveau génétique sur le lait et la conformation. « Il faudrait un peu plus de place en bâtiment mais je n’ai pas l’intention de construire. »

Des prairies situées à une heure de route de l’exploitation

Les quarante hectares de prairies naturelles sont situés à cinquante kilomètres des bâtiments d’élevage. Une remorque céréalière aménagée en bétaillère transporte dix-neuf vaches gestantes ou treize vaches suitées en une fois, en roulant à 40 km/h. "Nous avons renforcé l’intérieur, installé un frein hydraulique, deux cloisons de séparation, un pont hydraulique, et un gyrophare pour véhicule long." L'éleveur roule au total 1200 kilomètres par an pour transporter les animaux entre les deux sites. Un gardien rémunéré y surveille les animaux au quotidien, de début avril à début novembre, et l’éleveur passe une fois par semaine. Il dispose d’une grande parcelle de 28 hectares coupée en deux pour les vaches suitées. Il charge au printemps (4 UGB/ha) et l’été, il distribue selon les besoins de la paille de blé de très bonne qualité (13 à 14 t/an). Parfois, celle-ci est améliorée avec un aliment liquide. « Je n’apporte ni fumier ni engrais, et je ne récolte pas. Je voudrais faire tourner davantage les lots mais l’organisation n’est pas facile en étant à distance », explique l’éleveur. De très solides clôtures ont  été installées avec des piquets galvanisés et cinq fils. Une cabane a été construite pour les veaux.

Chiffres clés

170 ha de SAU dont 130 ha de cultures (30 ha de betteraves sucrières, 40 ha de blé, 5 ha d’escourgeon, 20 ha de colza, 20 ha d’orge de printemps, 10 ha de luzerne, 5 ha de miscanthus) et 40 ha de prairies naturelles
50 à 55 vêlages de Blondes d’Aquitaine
1 UMO
Avis d’expert

"Une très bonne productivité avec 377 kgVV /UGB"

"La productivité du troupeau est très bonne et ramenée à une seule unité de main-d'œuvre, elle permet à l'élevage d'afficher un excellent niveau de performance. Les croissances des animaux sont de bon niveau et la reproduction très bien maîtrisée. Sébastien Laloua regarde de très près l’impact économique de ses choix et il se fixe une obligation de résultat pour le troupeau. Le coût de production est de 302 euros/100 kgVV. "

Clémence Besnard de la chambre d’agriculture de la Marne

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