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Méthanisation : l’effet des digestats sur les prairies encore mal connu

Les digestats de méthanisation représentent un potentiel intéressant pour fertiliser les prairies. Du fait du manque de recul, il est encore difficile de bien caractériser leurs effets sur le fonctionnement biologique du sol.

La composition des digestats de méthanisation est hautement variable selon les intrants et les procédés. (Photo d'archives)
© Loire atlantique agricole

Les digestats de méthanisation sont une ressource intéressante pour fertiliser des prairies. « D’après la bibliographie, la composition des digestats de méthanisation est hautement variable selon les intrants et les procédés. On peut cependant retenir que le digestat contient moins de carbone organique que les fumiers, et qu’il est plus concentré en composés organiques stables », a présenté Sophie Maillant de la chambre d’agriculture du Grand Est à l’occasion du Salon de l’herbe et des fourrages en juin 2023 à Poussay (Vosges). (1)

Lire aussi : Les bons tuyaux pour des chantiers d’épandage sans tonne performants

Les chambres d’agriculture du Grand Est se sont penchées sur l’impact de l’épandage de digestats de méthanisation sur les organismes du sol des prairies. « D’après nos essais, sur deux parcelles avec des épandages pendant plus de cinq ans, l’apport de digestat permet d’augmenter la quantité de matière organique du sol de prairies, explique la spécialiste. Ceci a été mesuré aussi bien avec le digestat solide qu’avec le digestat liquide. L’apport de digestat a également contribué à augmenter la part de matière organique labile dans le sol. Cet effet est a priori de niveau intermédiaire entre un apport nul et celui d’un apport de fumier ou de lisier. »

Un enrichissement du sol en matière organique

L’essai avait aussi pour objectif de caractériser l’effet du digestat sur les micro-organismes du sol. Celui-ci fait en effet débat. « Dans cet essai, la quantité de micro-organismes dans le sol et leur activité minéralisatrice a eu des évolutions très diverses selon les analyses, ce qui ne permet pas de dégager de tendance », explique Sophie Maillant. Un des reproches fait aux digestats est qu’une mortalité immédiate est constatée sur les vers de terre juste après leur épandage, en lien probablement avec leur richesse en azote ammoniacale. « D’après les résultats scientifiques disponibles, les digestats auraient un effet immédiat négatif sur les organismes vivants du sol, mais un effet positif à court et moyen terme par rapport à des parcelles sans apport organique », explique Sophie Maillant.

Un point de vigilance sur les organismes du sol

Du fait qu’une grande partie du carbone sous forme labile des effluents est transformée en méthane lors du processus, les digestats ont la réputation de ne pas en contenir suffisamment pour nourrir les micro-organismes du sol. Un autre reproche fait aux digestats est qu’ils sont issus d’un processus anaérobie, et constitués donc de matières sous des formes qui n’existent pas « à l’état naturel ».

« La population microbienne des sols possède la diversité qui devrait lui permettre de s’adapter aux substrats. Il faut probablement préserver une continuité de pratique des apports. Ce sont surtout les changements brutaux qui la perturbent », estime Sophie Maillant.  « C’est un point de vigilance, car on manque encore de recul sur cet aspect. Il faudra pour être fixé procéder à des suivis à long terme, sur vingt ans, avec un bon état zéro », note Thiébaut Simon de la chambre d’agriculture du Grand Est.

(1) Une typologie des digestats est proposée sur le site dans le cadre du projet ACSE (air climat sol eau) 

 

Quand les digestats remplacent les fumiers et lisiers sur prairies

Une analyse des évolutions des pratiques agronomiques en lien avec la mise en place d’un méthaniseur a été réalisée sur vingt-sept exploitations du Grand Est ayant des prairies temporaires ou permanentes. « Dans ces exploitations, le fumier et le lisier ne sont plus utilisés pour fertiliser les prairies permanentes. Ils sont remplacés par le digestat », pointe Thiébaut Simon de la chambre d’agriculture du Grand Est. « À l’échelle des exploitations, l’épandage de digestats permet de réduire l’utilisation des engrais minéraux azotés », a-t-il constaté.

Le digestat liquide sur 20 % des surfaces en prairies chaque année

Une petite proportion des surfaces reçoit chaque année du digestat brut. La pratique la plus courante est l’épandage de la fraction liquide du digestat chaque année sur environ 20 % des surfaces en prairies permanentes. Pour la moitié des surfaces concernées, les épandages de digestat sont effectués en sortie d’hiver. Ils sont aussi assez fréquents au printemps après la 1re coupe. Il y a quelques épandages pratiqués en été et automne, la plupart du temps après une coupe. D’autres changements sont aussi opérés. « L’arrivée de la méthanisation est souvent l’occasion de renouveler le matériel d’épandage et les nouveaux outils permettent de réduire les pertes par volatilisation », observe Thiébaut Simon.

Lire aussi : Méthanisation : quel bilan entre les disponibilités en biomasse et les besoins ?

 

Le saviez-vous ?

95 unités d’azote en moyenne

Dans cette étude, et d’après les résultats d’analyse d’une centaine de digestats, les apports moyens sur prairies pour 21 m3 de digestat liquide représentent 567 kg de carbone organique, 95 unités d’azote dont 25 unités d’azote ammoniacal, 114 unités de potassium, 44 unités de phosphore et 20 kg de magnésium.

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