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« Un abattoir ferme tous les mois depuis septembre 2023 », alerte Culture Viande

Sécuriser les éleveurs, c’est sécuriser les abattoirs, rappelle Culture Viande, à l'occasion d'une conférence de presse le 20 février à Paris. Freiner la décapitalisation est la priorité numéro un du syndicat des entreprises françaises de l’abattage-découpe.

Carcasses de bovins suspendues dans un abattoir
La plupart des abattoirs tournent quatre jours sur cinq, faute d'offre suffisante.
© Lucie Pouchard

Entre décapitalisation, flambée des charges industrielles et effets de l'inflation, « un abattoir ferme chaque mois depuis septembre 2023 », alarme Yves Fantou, président de Culture Viande, lors d’une conférence de presse organisée le 20 février à Paris. Pour le syndicat des entreprises françaises de l’abattage-découpe, les fermetures s’expliquent par un manque d’offre et des coûts d’exploitation de plus en plus difficiles à répercuter sur des volumes en diminution.

Entre décapitalisation et augmentation des charges

« Le point important qui a motivé le dépôt de bilan des derniers abattoirs, c’est avant tout le problème de la hausse des coûts des intrants industriels », explique Paul Rouche, directeur de Culture Viande, qui souligne que « le coût de l’énergie a été multiplié par trois ». Les plus petits outils ont été particulièrement affectés. Des charges que les abatteurs peinent à répercuter sur des volumes en diminution, d’autant que les coûts des coproduits payés par les équarrisseurs se sont effondrés. L’Observatoire des prix et des marges reflète bien cette situation : « Pour la viande bovine, la marge nette était passée de 1,2 % en 2021 à 0,8 % en 2022 », cite Paul Rouche, « et ça va s'empirer en 2023 ».

Pour Culture Viande, la priorité doit être de freiner voire d’enrayer la décapitalisation.

 
Yves Fantou président de Culture Viande
Yves Fantou, président de Culture Viande © Culture Viande

« Il est vital pour nos entreprises, notre filière et notre souveraineté alimentaire de tout mettre en œuvre pour assurer le soutien des producteurs et la pérennité de nos élevages », affirme Yves Fantou, président de Culture Viande.

 

 

 

Dans cet objectif, Culture Viande indique avoir encouragé la contractualisation depuis plusieurs années. À date, les adhérents de Culture Viande comptabilisent 10 % d’approvisionnement contractualisés toutes espèces et catégories confondues, allant jusqu’à 40 % pour les jeunes bovins laitiers. « En viande bovine, nous sommes premier acheteur entre 10 et 15 % des volumes » rappelle Paul Rouche.

L’aval se joint aux appels pour la simplification des dossiers administratifs

« On cherche à simplifier [la loi Egalim] de façon que ce soit plus accessible pour nos éleveurs », indique Yves Fantou. En effet, la contractualisation est un dispositif complexe, qui engage les éleveurs sur au moins trois ans. « Le modèle de contrat proposé par Interbev […] fait quand même une dizaine de pages, et où figurent au moins une quarantaine d’informations à fournir, à la fois pour le producteur et pour l’acheteur », complète Paul Rouche. Un changement de paradigme pour le secteur, habitué à la négociation libre. « Sans compter qu’il y a un nombre de producteurs et d’éleveurs de bovins conséquents, donc ça fait des paquets de contrats à signer », ajoute le président du syndicat.

Tout comme les éleveurs, Culture Viande appelle par ailleurs à une simplification des démarches administratives. Parmi les dossiers prioritaires figurent notamment le règlement de lutte contre la déforestation. Autre sujet commun, la dématérialisation des documents d’accompagnements des bovins. Culture Viande souhaite une aide pour financer les investissements lourds que nécessite cette transition jugée essentielle. « En 2024, il faut pouvoir disposer d'outils plus fluides que les boucles », estime Paul Rouche. « Tout ce qu’on peut alléger, gagner en fluidité, nous permettra d’être plus compétitifs et aux éleveurs de gagner plus d’argent », reprend-il.

Le Plan abattoir doit éviter la distorsion de concurrence

« Concernant la Stratégie Abattoirs mise en place par le ministère de l’Agriculture, Culture Viande, le syndicat majoritaire de la branche, a rappelé que le Plan, s’il a pour vocation de préserver un maillage pertinent au niveau de chaque territoire, doit se mettre en œuvre sous conditions : renforcer exclusivement les outils d’abattage conformes à la totalité de la législation, dotés d’une structure viable et ne rentrant pas dans un système subventionné de concurrence déloyale », précise Culture Viande.

Des prix moyens records en 2023 pour les gros bovins

« Le prix moyen pondéré des gros bovins finis a atteint un plafond en mars 2023 à 5,28 €/kg de carcasse (contre 4,71 €/kg en mars 2022), avant de se rétracter pour tomber à 4,90 €/kg en décembre (contre 5,17€ un an plus tôt). En moyenne sur l’année, il a atteint le record absolu de 5,15 €/kg (+4 % par rapport à 2022 et +35 % par rapport à 2021), » indique Culture Viande.

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