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Méthanisation
SAS Gazteam Énergie lance une très grande unité en voie sèche

Dans les Deux-Sèvres, trois Gaec élevant environ 450 vaches allaitantes sont en train de construire l’une des plus grandes unités de méthanisation agricole de France, sur un process en voie sèche avec injection de biométhane.

Une canalisation de transport de gaz naturel traverse depuis vingt ans l’élevage Charolais de Mickaël, Julien et Alain Caillaud, du Gaec La Touche Neuve à Combrand, dans les Deux-Sèvres. Après une diversification réussie en photovoltaïque en 2010, les éleveurs ont commencé à étudier cette opportunité, dans l’idée de créer une unité de méthanisation avec injection directe de biométhane dans le réseau. Le Gaec l’Abeille et la SARL Gabard, éleveurs allaitants eux aussi et voisins, se sont très vite engagés en tant que porteurs du projet. Ils sont donc sept agriculteurs au total, et les trois élevages totalisent environ 450 vaches allaitantes. « Pour trouver une rentabilité, nous nous sommes apercus qu’il fallait assurer la livraison d’au moins 100 à 150 Nm3/heure (1) de biométhane. À partir de nos trois élevages, nous ne pouvions pas l’assurer faute de pouvoir produire des matières agricoles en quantité suffisante", explique Alain Caillaud, président de la SAS Gazteam Énergie. Les entreprises agroalimentaires de la zone ont été alors démarchées mais elles ne s’engageaient pas sur la livraison de matières. "Nous sommes allés présenter en 2014 le projet à nos voisins éleveurs pour leur proposer un partenariat. Le projet a reçu un très bon accueil. Il répondait à une attente." Et le schéma proposé par Gazteam Énergie est attractif (voir encadré). Dix-huit élevages se sont ainsi engagés en tant qu’apporteurs de fumier pour une dizaine d’années afin de couvrir les besoins de l’unité.

48 000 tonnes de fumier, des pailles et menues pailles, et des intercultures

Finalement, pour optimiser la rentabilité, c’est dans un projet de très grande envergure que les trois élevages se sont engagés. Le prévisionnel table sur 320 Nm3/heure de biométhane injectés dans la conduite de transport détenue par GRTgaz. Ce serait, en congénération, l’équivalent d’une unité de 2800 kWél (2). L’unité absorbera chaque année 48 000 tonnes de fumier, de la paille et des menues pailles, ainsi que des intercultures qui existaient déjà et retournaient au sol jusqu’à présent. Le chiffre d’affaires annuel sera de trois millions d’euros par an. Par souci d’efficacité technique et économique, les porteurs du projet ont opté pour un process qui ne produit pas de digestat sous forme liquide. Le choix des éleveurs s’est ensuite porté sur l’opérateur le plus sécurisant par rapport à la garantie de performances et à la stabilité financière. C’est le process suisse Kompagas, distribué en France par Vinci Environnement, qui a été retenu. Gazteam Énergie sera la première unité de méthanisation à fonctionner en France selon ce process à partir uniquement de matières premières agricoles.

Une seule sorte de digestat sous forme pâteuse

Afin de réduire les tâches pénibles et peu intéressantes, trois grappins sur pont roulant seront installés. "Les opérateurs du site ne manutentionneront pas de fumier, mais une surveillance accrue des automatismes sera nécessaire." Le taux de matière sèche à l’entrée du digestat sera de 32,5 %. Un broyage sera réalisé avant l’entrée dans les digesteurs, et leur alimentation en dix à quinze fois par jour sera automatisée (grappins sur fosses). Trois gros digesteurs de 1500 m3 à axe horizontal avec pâles pomperont 130 à 140 tonnes par jour de matières. Le temps de séjour sera de 22 jours, à une température 52 °C. Le digestat produit sera pâteux, annoncé à 24 % de matière sèche. Pour l’épuration du biogaz, c’est la technique PSA (pressure swing adsorption) qui a été retenue. Les digesteurs seront chauffés avec les gaz pauvres du process. « Nous avons aussi opté pour un biofiltre de 640 m² constitué de bruyères humectées pour éliminer toutes nuisances olfactives en provenance des intrants », précise Alain Caillaud.

Trois emplois seront créés : un responsable de production, un responsable logistique, et un chauffeur. Alain Caillaud assurant la gestion globale du site. Les associés ont fait le choix d’automatiser un maximum des tâches répétitives de manutention. Gazteam possédera un camion et sous-traitera le reste des transports avec des ensembles tracteur-remorque.

Pour le biométhane, un contrat de rachat de 15 ans a été conclu. Le permis de construire a été obtenu sans complication excessive, et l’enquête publique en 2015 s’est bien passée. Le bouclage du dossier financier a été l’étape la plus compliquée. « Nous avons voulu aller le plus loin possible en restant entre nous, à sept associés. Mais il a fallu ouvrir le capital, dispositif rendu obligatoire par les banques », explique Alain Caillaud. Cap Vert Énergie, un développeur marseillais, détient 14 % de la SAS Gazteam Énergie et le fonds régional d’investissement Terra Énergies en détient 6 %. "D’une contrainte initiale, nous en avons fait un atout pour Gazteam énergie en termes d’accompagnement et de soutien", précise Alain Caillaud. Les subventions (Région, Europe via Feader, Agence de l’eau et Ademe) représentent 30 % de l’investissement total qui s’élève à plus de 14 millions d’euros.

Les travaux ont été lancés début 2017. « Nous prévoyons la livraison de l’unité mi 2018 et un fonctionnement en routine pour la fin de l’année 2018. Nous avons rédigé un pacte d’associés pour une bonne gouvernance du site. Un comité stratégique et un comité technique sont mis en place. Nous organisons aussi des réunions mensuelles et une newsletter pour les partenaires apporteurs de fumiers. »

Un maximum d’automatisation dans le process

Une valorisation économique et agronomique des fumiers

Dix-huit élevages bovins, tous en système fumier, avec un peu de caprins (apportant 1000 t de fumier) et de volailles (5000 t) et installés dans un rayon de dix kilomètres autour du site, sont partenaires de la SAS Gazteam Énergie. La SAS achètera le fumier aux éleveurs, et les éleveurs achèteront à la SAS le digestat, sachant qu’une valorisation de deux euros par tonne de fumier livrée est annoncée. Le contrat liant l’éleveur et Gazteam Énergie est sur la base d’une unité d’azote entrée sous forme de fumier donne accès à une unité d’azote sous forme de digestat. Un éleveur qui livrera 1000 tonnes de fumier à l’unité de méthanisation récupérera 500 tonnes de digestat selon les calculs théoriques. C’est Gazteam Énergie qui assure à ses frais le transport du fumier vers le site de méthanisation ainsi que la livraison du digestat, sur la parcelle et à la date désignée par l’éleveur. Un système qui permet d’économiser beaucoup de temps de travail et de frais de transport pour les apporteurs. La SAS Gazteam Énergie positionnera des bennes lors des curages de stabulations afin de cheminer sur le site des fumiers frais. Elle mettra progressivement en place une prime pour absence de corps étrangers dans le fumier. Un retroplanning de livraison des fumiers sera organisé sur six mois avec ajustement dix jours avant la date prévue de livraison. De même, un planning de livraison du digestat sera mis en place. Le digestat sera livré en bonne partie en avril pour les cultures de printemps, puis également fin août pour les colzas et les semis de prairies.

En parallèle, les 21 exploitations ont créé un GIEE avec le support de Gazteam Énergies pour fédérer le groupe autour de la valorisation agronomique des digestats. Il est prévu de faire des essais d’épandage, des visites bout de champ, des formations en faisant intervenir des spécialistes du digestat qui sera un produit nouveau pour l’ensemble des futurs utilisateurs.

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