Depuis la fin de l'année 2010
Reconquête partielle des débouchés du pourtour méditerranéen
Certains pays européens ont su profiter de la hausse du prix du bétail en Amérique latine, qui fait évoluer les marchés des pays du pourtour méditerranéen.
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Les débouchés du pourtour méditerranéen ont permis de redresser les marchés européens en 2010 et c’est sur eux que continuent à reposer les espoirs de 2011 », explique l’Institut de l’élevage dans un document sur les données clé de l’année économique bovine 2010. « Si le prix du JB a fortement progressé fin 2010, c’est uniquement grâce à l’ouverture sur les pays méditerranéens, et en particulier la Turquie », confirmait début février Philippe Chotteau, du département économie à l’Institut de l’élevage.
MAGHREB ET MOYEN-ORIENT
Avec une demande mondiale de boeuf qui est montée en flèche dans les principaux pays émergeants, le recul des disponibilités sud américaines a permis à d’autres pays à la fois gros producteurs et gros exportateurs de consolider leurs parts de marché à l’exportation. C’est par exemple le cas de l’Inde, mais aussi de l'Europe. « Le vieux continent a profité de l’appel d’air grâce également au rééquilibrage à la baisse de l’euro. » De nouveaux débouchés qui ont concerné à la fois la viande finie, les taurillons prêts à abattre et les broutards destinés à l’engraissement. Avec une population jeune et en forte croissance, les différents pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont des besoins croissants en viande bovine. Pour autant, si on la compare au pouvoir d’achat, la viande bovine reste un produit coûteux dans la plupart de ces pays. En Algérie, le prix moyen d’un kilo de viande bovine à l’étal représente actuellement autour de 5 % du salaire mensuel de base (soit 800 dinars le kilo pour un salaire de base de 15000 dinars). Ce chiffre est de 1 % en France si on prend en compte un salaire minimum de 1 000 € et un prix moyen de la viande bovine à l’étal de 10 €/kg.
Des marchés sous le feu de l'actualité
La grande question que tout le monde se pose est désormais de savoir si ce retour de la viande européenne sur les pays du Sud méditerranéen est durable ou simplement transitoire, car essentiellement lié à l’actuelle embellie des tarifs sud américains. Mi-février, Philippe Chotteau jugeait peu probable de voir perdurer longtemps le prix du bouvillon brésilien autour des trois euros du kilo de carcasse et s’attend plutôt à un reflux des tarifs sans forcément replonger aux très bas niveaux d’il y a quelques années. L’autre grande interrogation de ce début 2011 réside dans l’impact économique que vont avoir les bouleversements politiques en cours dans les principaux pays d’Afrique du nord. Il est bien délicat de faire des projections tant que la situation n’est pas un tant soit peu stabilisée.
Réouverture du marché turc : Allemands et Polonais sont les principaux bénéficiaires
Fin 2010, c’est le retour du débouché turc pour la viande européenne qui a largement contribué à la progression du prix des JB en Europe. L’ouverture de ce marché est liée à l’initiative prise en septembre 2010 par le gouvernement turc d’ouvrir des contingents d’importation à droits réduits afin de juguler l’inflation sur le prix des animaux produits localement. L’effet a été plus particulièrement sensible chez nos voisins allemands. « En Allemagne, le JB R a été le principal bénéficiaire de ce nouveau marché. Il a pris près de un euro par kilo de carcasse, en finissant l’année tout près de 4 €/kg. Cette flambée du taurillon allemand a entraîné à la hausse les cours des jeunes bovins dans les différents autres pays européens. » Mais ce phénomène s’est vite tassé en début d’année. En 2010, les exportations de viande européenne vers les différents pays tiers devraient s’élever à 205000 tec. C’est le plus haut niveau depuis ces cinq dernières années, avec une progression de 75 % par rapport à 2009. Les principaux fournisseurs sont l’Allemagne, la Pologne, l’Italie, le Danemark et la Lituanie. Par ailleurs, les exportations de bovins vivants devraient progresser de 86 % pour attendre 70 000 tec essentiellement vers le Moyen Orient, le Liban et l’Afrique du Nord. Ces bovins proviennent essentiellement de France, d’Allemagne, de Roumanie et de Hongrie.
France : des jeunes bovins pour le Liban et des broutards pour le Maghreb
L’an dernier, la progression des exportations bovines françaises en direction des pays tiers a été principalement le fait des animaux vivants.Toutes destinations confondues, un total de 105 600 mâles finis sont comptabilisés dans les statistiques douanières et ce chiffre est très lié à l’explosion des envois vers le Liban. « 105 000 taurillons sur pied ont été exportés en 2010 contre 84000 l’année précédente, soit un bond de 25 %. Cette augmentation est le fait d’un seul pays, le Liban. Il s’est imposé comme première destination à l’export des jeunes bovins finis français (près de 40000 têtes l’an dernier) grâce au rééquilibrage à la baisse de l’euro sur les neuf premiers mois de l’année, et au regain de compétitivité de la production française sur le marché mondial. »
Les autres principaux clients de l’élevage français l’an dernier ont été les pays du Maghreb. Cette destination a concerné un peu de viande, quelques jeunes bovins finis, mais les envois ont essentiellement concerné le bétail maigre pour un total de près de 17000 têtes sur la campagne 2009-2010 et 11500 têtes pour la seule année 2010. Ces expéditions ont été permises par l’existence d’un contingent à droits de douane nuls pour les bovins autres que les reproducteurs de race pure avec ensuite un droit de douane de 30 % pour les animaux hors contingents. Ce débouché semble maintenant remis en cause. Début 2011, les autorités algériennes ont décidé de supprimer un certain nombre de contingents d’entrée à droits nuls de produits industriels et agricoles, invoquant la volonté de favoriser le développement économique national. « Cette décision a incité de nombreux importateurs à annuler leurs commandes plutôt que de payer les droits pleins (jusqu’à 30 % pour les bovins vivants) sur la marchandise. » Pour la Tunisie, la situation politique actuelle ne permet pas pour l’instant de savoir comment va évoluer la politique commerciale sur les importations d’animaux vivants.