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Qui sont les nouveaux installés en agriculture ? Cinq profils types définis par l’ESA

Les résultats de l’enquête Agrinovo, menée par l’ESA, auprès de 3 400 nouveaux agriculteurs installés en 2018 et 2022 réalisée pour mieux comprendre leur parcours, leurs profils et leurs motivations viennent d’être révélés.

Jeune agricultrice montant dans un tracteur en période de moisson
L’enquête Agrinovo menée par l’Esa a été réalisée auprès de 3 400 agriculteurs installés en 2018 et en 2022. Elle en a dressé cinq profils.
© Gabriel Omnès

En réponse à l’appel à projet de recherche du ministère de l’Agriculture et en partenariat avec Chambre agriculture France, l’enquête Agrinovo menée par l’Esa a été réalisée auprès de 3 400 agriculteurs installés en 2018 et en 2022. En s’intéressant à la décennie précédant leur installation, elle montre qu’il existe différentes typologies de trajectoires pour les nouveaux entrants en agriculture.

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Quelle est l’importance de la réorientation professionnelle ?

Un premier type de parcours, représentant un tiers des enquêtés correspond à une réorientation professionnelle après une longue expérience dans le salariat non-agricole. Il faut y ajouter une classe analogue, où l’expérience salariée est précédée d’une formation non agricole avec des personnes plus jeunes, ayant pour 70 % d’entre elles moins de 30 ans. Une autre classe qui représente 15 % des entrants regroupe des personnes ayant passé l’essentiel de la période, inférieure à huit ans, dans le salariat agricole.

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Quelle est la part des nouveaux installés ayant une formation agricole ou qui ont été salariés agricoles ?

Plusieurs autres classes renvoient à des trajectoires « d’héritiers » (un peu moins de deux tiers d’enfants d’agriculteurs) qui s’installent immédiatement après une formation agricole initiale, ou après une expérience inférieure à cinq ans de salarié agricole en plus de leur formation. Elles représentent plus du quart de la population d’enquête : respectivement 9, 10 et 7 %. 

Parmi les trajectoires qui restent, on trouve des personnes qui s’installent après une période de chômage (5,4 %),  ou une petite proportion (4,6 %) de personnes qui étaient déjà exploitants agricoles mais pas installés en leur nom. Il existe aussi des reconversions progressives par le biais du salariat d’abord non-agricole puis agricole. Les détours par le salariat non-agricole après de premières expériences agricoles qu’il s’agisse d’emploi ou de formation, représentent 4 % des enquêtés.

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Quels sont leurs différents profils des nouveaux installés ?

Les enquêteurs ont établi cinq profils d’installés

• Les « héritiers bien préparés » - 1170 individus, soit 34,4% des répondants : ils incarnent la continuité générationnelle de l’agriculteur, s’appuyant sur une transmission familiale forte et une socialisation précoce au métier. 96 % de ces agriculteurs ont au moins un parent exerçant dans le secteur. Largement masculins (81% d’hommes), ils se distinguent par leur jeunesse : 80 % ont moins de 35 ans au moment de leur installation, et près de la moitié ont franchi ce cap avant leurs 25 ans. À titre de comparaison, dans le reste de l’échantillon, seuls 47% des agriculteurs ont moins de 35 ans, et à peine 8% moins de 25 ans.

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• Les « héritiers sans vocation » - 752 individus, soit 22 % de l’échantillon : ces agriculteurs ne se destinaient pas naturellement à reprendre l’exploitation familiale. Ce sont pourtant, eux aussi, des enfants d’agriculteurs dans leur majorité (71%), mais leur trajectoire les éloigne d’abord du monde agricole. Plus des deux tiers n’ont pas suivi de formation agricole initiale, et un tiers n’a jamais travaillé dans une exploitation avant de s’installer. Parmi ceux qui ont eu une première expérience agricole, celle-ci reste souvent informelle : 43 % se sont limités à donner un coup de main ponctuel dans une ferme familiale, sans une véritable immersion professionnelle.

• Les « classes populaires hors-cadre » - 551 individus, soit 16 % des sondés : ces agriculteurs ne sont majoritairement pas issus de familles d’exploitants (97 %), bien qu’un lien indirect avec l’agriculture persiste : près de trois quarts d’entre eux comptent un agriculteur dans leur entourage familial élargi. Plutôt que d’hériter d’une exploitation, ils s’installent souvent dans une ferme extérieure à leur famille (40 %) et ont acquis une expérience dans des exploitations tierces. Leur ancrage rural constitue un autre trait distinctif : 90 % vivaient déjà en zone rurale avant leur installation.

• Les « reconvertis des classes moyennes » - 667 individus, soit 20 % du total : ils ont pris un virage tardif vers l’agriculture, souvent sans ancrage rural ni familial dans ce secteur. 82 % d’entre eux n’ont pas de parents agriculteurs et s’installent en créant leur propre exploitation, accédant aux terres via des agences immobilières bien plus fréquemment que la moyenne (20 % contre 6 %)Trois quarts ont exercé au moins deux métiers avant de se tourner vers l’agriculture, et leur installation intervient plus tardivement que la moyenne, 31% ayant plus de 40 ans.

• Les « reconvertis des classes supérieures » - 257 individus, soit 8 % de l’échantillon : issus majoritairement des milieux urbains et des catégories socio-professionnelles supérieures, ces nouveaux agriculteurs présentent un profil à contre-courant des tendances habituelles. Avant leur installation, plus de 80 % exerçaient une profession de cadre ou intellectuelle supérieure, et 85 % étaient titulaires d’un diplôme bac+5 ou plus. Malgré cette trajectoire élitiste, une proportion significative (42 %) est issue de familles agricoles, témoignant d’un mouvement de « contre-mobilité ».

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Quelles sont leurs motivations ?

Interrogés sur leurs motivations à l’installation, 59 % des sondés ont répondu « pour travailler dehors, au contact de la terre ou des animaux », 40 % « pour mettre en œuvre ses valeurs et convictions, se sentir utile », 39 % « pour construire quelque chose, avoir quelque chose à transmettre », 36 % « pour reprendre l’exploitation/le métier des parents », 31 % pour ne pas être sous les ordres de quelqu’un d’autre », 21 % « pour les horaires flexibles, le temps pour sa famille ou d’autres activités », 17 % « pour « changer de métier, de milieu professionnel ». Il est à noter que seuls 6 % ont répondu « pour mieux gagner sa vie ».

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Comment se définissent-ils ?

Quant à la définition de leur activité, 50 % s’approprient le terme de « chef d’entreprise », 50 % celui de « paysan », 47% se déclarent « éleveur ou cultivateur », 30 % s’estiment « défenseur de l’environnement, de la nature », 13% « détenteur de savoir-faire traditionnels », 12 % comme « quelqu’un qui exercice une activité commerciale, valorise ses produits », 7 % comme « innovateur », 7 % comme « spécialiste des techniques de production » et seuls 4 % comme « manager ».

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