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Prévention et détection précoce, deux paramètres pour lutter contre les maladies respiratoires

Les maladies respiratoires des jeunes bovins peuvent être très présentes dans les systèmes engraisseurs spécialisés. Elles nuisent au bien-être des animaux et entraînent des baisses de performances. L’Institut de l’élevage a ainsi mis en place des protocoles d’études afin de prévenir ces troubles, de diminuer leur incidence ou encore de les détecter rapidement pour mieux les soigner.

 

La préparation est un élément parmi la continuité de bonnes pratiques du naisseur à l’engraisseur pour réduire l’incidence des maladies respiratoires dans les ateliers d’engraissement.
© C. Delisle

Les maladies respiratoires des jeunes bovins concernent naisseurs comme engraisseurs. « Ces maladies ont un coût et une forte prévalence. Elles touchent tous les engraisseurs spécialisés avec en moyenne 20 à 30 % de jeunes bovins affectés dans le mois qui suit leur arrivée. Pour un atelier de 150 jeunes bovins avec une incidence modérée des troubles respiratoires, on estime les pertes à environ 4 000 € par an », rappelle Elise Vanbergue de l’Institut de l’élevage et de souligner, « il est donc essentiel de prévenir ces troubles et si l’animal tombe malade, de les détecter rapidement, clé du succès du traitement.

 

1 – Des broutards préparés pour prévenir les troubles respiratoires des jeunes bovins

« Il ne faut pas confondre la préparation des jeunes bovins à l’engraissement, travail du naisseur qui englobe l’ensemble des bonnes pratiques depuis la naissance jusqu’à la vente et la préparation des animaux à la vente qui peut être soit sanitaire soit plus complète », précise Elise Vanbergue, cheffe de projet à l’Institut de l’élevage.

 

La préparation sanitaire comprend le plus souvent une vaccination contre un certain nombre de pathogènes respiratoires (VRSB, Pi3, Mannheimia Haemolytica). C’est une démarche qui est déjà valorisée par certaines organisations de producteurs et sur laquelle travaille Interbev pour la construction d’un cahier des charges. L’intérêt de ces pratiques a été étudié au travers de différents essais terrains conduits par l’Institut de l’élevage. « Ils ont abouti à de bons résultats (gain de GMQ) de la préparation sanitaire. »

 

La préparation plus complète comprend quant à elle, une préparation sanitaire, une préparation alimentaire, un sevrage 45 jours avant la vente et une habituation aux bâtiments. Cette préparation a été testée pendant l’essai Welhbeef. Les résultats, moins intéressants qu’espérés (pas moins de malades, ni de gain significatif de GMQ) trouvent une explication (conditions d’hébergement peu favorables pendant la préparation, diversité des pathologies impliquées, diversité des compétences immunitaires des JB en lien avec les pratiques d’élevages des naisseurs).

« Ces résultats ne remettent pas en cause tout ce que l’on sait déjà. Le sevrage des animaux 45 jours avant la vente reste une pratique bénéfique car elle permet de séparer le stress du sevrage de celui du transport et du réallotement. La vaccination contre les maladies respiratoires continue de protéger l’individu et le lot mais il faut savoir que d’autres pathogènes peuvent être engagés et pour lesquels il n’existe pas forcément de vaccin. Des interrogations persistent concernant les protocoles vaccinaux. L’alimentation équilibrée en oligo-éléments, vitamines… demeure un paramètre à viser avec un rôle particulier de certains éléments traces dans le bon fonctionnement de l’immunité (zinc, sélénium par exemple). Par contre, l’habituation aux bâtiments est à réfléchir en fonction notamment de l’ambiance qu’il y règne », conclut la cheffe de projet

 

Lire aussi : Chez Jean-Pierre et Nicolas Garcia, priorité aux broutards vaccinés chez le naisseur

 

La préparation complète à la vente est une pratique prometteuse mais qui doit être intégrée dans un ensemble de bonnes pratiques tout comme la préparation sanitaire.

La préparation est un élément parmi la continuité de bonnes pratiques du naisseur à l’engraisseur pour réduire l’incidence des maladies respiratoires dans les ateliers d’engraissement. Elle commence dès la fin de gestation, se poursuit au centre de tri et se termine chez l’engraisseur.

 

La traçabilité entre naisseur et engraisseur est apparue comme un élément clé dans la mise en place de protocoles de qualité. En effet, l’engraisseur doit prendre des décisions dans un contexte d’incertitudes que ce soit sur sa conduite sanitaire ou alimentaire. Plus il a d’informations sur l’animal qui arrive, plus il va prendre une décision éclairée.

 

Lire aussi : Interbev travaille sur un cahier des charges "broutard préparé"

 

2 – Une détection précoce et automatisée des troubles des jeunes bovins pour mieux les soigner

« Pour détecter la maladie, on est obligé de se baser sur les signes cliniques avec les nombreux inconvénients qu’ils présentent. A savoir, ils sont intermittents et non spécifiques : un veau malade ne tousse pas tout le temps et un veau sain peut tousser car on vient de remuer la litière. En investissant beaucoup de temps et d’expérience, l’éleveur peut arriver à les gérer. Toutefois, les signes cliniques apparaissent tard dans la dynamique de la maladie. Aussi, à leur détection, l’état de santé de l’animal est déjà dégradé et il a déjà eu le temps de contaminer d’autres animaux. A terme, cela engendre l’utilisation d’antibiotiques sur de nombreux animaux à des doses fortes », rappelle Malika Chassan, Inrae.

L’utilisation de capteurs représente une solution pour pouvoir détecter précocement un animal malade. Or, pour le moment, il n’existe pas de capteurs suffisamment robustes sur le marché. C’est pourquoi le projet Beefsense, lauréat de l'appel à projet Institut Carnot France Futur Elevage, se penche sur la question. Son but, à partir de capteurs, est de détecter précocement les troubles respiratoires pour traiter les animaux au bon moment, limiter la propagation et optimiser la santé globale du lot et de l’environnement.

 

Lire aussi : L'aromathérapie une médecine complémentaire explorer en engraissement

 

Un modèle encore en construction pour proposer à terme un outil d’aide à la décision performant dans la détection précoce des troubles respiratoires

 

51 jeunes bovins ont d’ores et déjà été équipés de trois capteurs différents donnant une information sur leur déplacement (podomètre), sur leur alimentation/rumination (collier) et sur la température du rumen (bolus), afin de fournir un modèle mathématique performant. L’idée étant qu’il fasse correctement la différence entre un animal sain et un animal malade. Pour l’instant, le modèle validé Beef Sense n’est pas encore suffisamment performant. Il reste encore du travail pour finir de le développer. Les essais se poursuivent avec l’équipement d’un plus grand nombre d’animaux. « A terme, l’outil permettrait aux éleveurs de détecter les animaux plus précocement et d'adapter une stratégie de traitement plus adaptée et plus efficace, la finalité étant de réduire l'utilisation des antibiotiques à l'échelle d'un élevage. On espère obtenir un outil d’aide à la décision (alarme/niveau de risque sur un animal) qui va alerter l’éleveur sur un niveau de surveillance à accorder pour tel ou tel veau, à partir d’une application… L’objectif reste aujourd’hui de faire le tri dans les capteurs. Est-ce qu’ils sont tous nécessaires ? Avant d’entamer un travail sur le gain permis et leur coût. »

Rendez-vous est pris pour le Sommet de l’élevage 2021.

 

Lire aussi : L'échographie pulmonaire arrive en élevage

 

Spécificité et sensibilité

Pour être performant, un modèle mathématique doit être validé. C’est-à-dire qu’il doit répondre à des mesures de performances, pour être sûr de sa fiabilité. Aussi est-il essentiel que sa sensibilité (pourcentage de malades que l’on détecte comme malade) et sa spécificité (pourcentage de sains que l’on détecte comme sain) approchent les 100 %, une fois validé.

« Il est impératif, avant d’acquérir un capteur, de vérifier que le modèle a bien été validé, c’est-à-dire qu’il soit performant à la fois sur des données connues mais également sur des données prédictives. Actuellement, les capteurs sur le marché sont performants sur les données connues mais pas sur les données prédictives. Pour l’instant, le modèle validé Beef Sense dispose d’une sensibilité/spécificité de 75 %, c’est bien mais pas encore suffisant. »

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