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Moy Park Beef et McDonald’s : une longue expérience dans la contractualisation avec les éleveurs de bovins

Moy Park Beef Orléans et McDonald’s France travaillent ensemble depuis 1987. Depuis 2006, le modèle privilégié par Moy Park Beef est la réservation des animaux "à la boucle" avec des prix fixes.

Chaque animal est identifié « à la boucle » sur le contrat qui peut porter sur neuf mois, quand le contrat est engagé à l’entrée en engraissement, et jusqu’à dix-huit mois si l’animal est engagé dès sa naissance.
Chaque animal est identifié « à la boucle » sur le contrat qui peut porter sur neuf mois, quand le contrat est engagé à l’entrée en engraissement, et jusqu’à dix-huit mois si l’animal est engagé dès sa naissance.
© S. Bourgeois/Archives

Les premières démarches de filière de Moy Park Beef Orléans et McDonald’s France remontent à une vingtaine d’années. Elles ont débuté officiellement en 2003 sur des bœufs laitiers dans l’Est de la France. La tendance était alors déjà à la baisse du cheptel laitier. « Nous nous étions donné un double objectif : sécuriser une partie de nos approvisionnements et apporter aux éleveurs des perspectives face au marché volatil et incertain de la viande bovine », rappelle Olivier Lorre, directeur supply chain Moy Park Beef Orléans. Depuis 2006, le modèle privilégié par l’entreprise est la réservation "à la boucle" avec des prix fixes, déterminés à terme, indépendamment des fluctuations de marché et garantissant une rentabilité économique et une sécurisation du revenu.

Rapidement, Moy Park Beef Orléans et McDonald’s France ont développé les jeunes bovins (JB) car ils rencontraient des difficultés d’organisation des plannings avec les bœufs laitiers. Les sorties de JB sont quant à elles faciles à anticiper. Six filières différentes ont été montées au fil des ans et sont actuellement actives : elles concernent des bœufs laitiers (pour 2 % des volumes), des JB laitiers et mixtes (67 % des volumes), des JB de race allaitante (environ 25 %) et aussi récemment des génisses de races à viande. Treize organisations de producteurs œuvrent pour leur fonctionnement sur toute la France.

36 000 animaux sous contrat en 2020

Pour 2021, les deux partenaires tablent sur une stabilité ou une légère progression de l’activité de ces filières par rapport à l’année dernière. « Parmi les 24 000 tonnes d’avants français que nous avons achetées en 2020, 18 % proviennent d’animaux contractualisés, situe Olivier Lorre ce qui a représenté 36 000 animaux » (en moyenne 120 kg de viande nette pour l’avant de chaque animal sur 36 000 animaux contractualisés).

Si cette filière fait figure d’exemple dans le milieu de la viande bovine, elle n’atteint donc pas encore l’objectif du plan de filière qui est de 30 % de volumes sous contrat en 2023. « Notre chance est que notre client a des ventes très régulières, ce qui lui permet de s’engager à plus long terme que d’autres opérateurs d’aval, fait valoir Olivier Lorre. Nous pouvons voir un à deux ans à l’avance, alors que le marché de la viande bovine est illisible à cette échéance pour d’autres opérateurs. »

« Sur la partie arrière des carcasses, qui est capable de s’engager aussi longtemps à l’avance ? Il y a des effets de conjoncture, de météo, sanitaires, et certains sont frileux quand il s’agit de s’engager car le concurrent sera peut-être plus compétitif à certaines périodes », complète Éloi de la Celle, directeur achats, qualité, logistique et environnement de McDonald’s France. Quand McDonald’s achète les avants, ses partenaires abatteurs travaillent avec plusieurs clients pour vendre les muscles des arrières. Et plus il y a de clients, plus leur travail est complexe. « Sans les abatteurs, nous ne pourrions pas travailler comme nous le faisons », affirme Éloi de la Celle.

Le premier acheteur de kappa en France

McDonald’s France est un acteur important sur le territoire national avec ces tonnages achetés depuis dix ans, et cherche toujours à développer sa volumétrie française. « Nous avons beaucoup échangé avec la filière sur comment apporter de la valeur au steak haché, et cela passe par la construction de filière », assure le directeur achats.

McDonald’s France a réussi à ce titre à lancer le Charolais en période de crise, quand après la sécheresse de 2011 il s’est présenté un afflux d’animaux sur le marché et qu’il fallait leur trouver un débouché.

Après cette étape, la chaîne de restauration rapide a conçu sa gamme premium Signature avec de la viande charolaise. « Il a fallu d’abord avec Moy Park Beef construire les volumes. Quand ils ont été suffisamment sûrs, nous avons pu lancer Signature. Nous arrivons maintenant à valoriser 4 000 tonnes de haché charolais par an à partir notamment de la création de filières jeunes bovins et génisses sur ce créneau, qui progresse constamment », relate Éloi de la Celle.

Entre les confinements, McDonald’s France a aussi ressorti la gamme Royal avec de la viande charolaise sur des périodes de six semaines, plusieurs fois dans l’année. « Ce qui a permis dans cette période difficile de lisser les sorties d’ateliers de jeunes bovins. »

Chiffres clés

En France en 2020

1 340 élevages engagés

6 filières

36 000 animaux

13 organisations de producteurs

Une problématique de teneur en matières grasses

Chez McDonald’s, les steaks hachés sont 100 % pur muscle. Ils sont cuits à cœur à 69 °C sur des grils sans ajout de matière grasse. Pour obtenir le résultat organoleptique recherché, McDonald’s emploie des steaks hachés à 20 % de matières grasses. En achetant que des avants d’animaux élevés en France, il n’est pas possible d’atteindre ce taux. « Nous avons constaté une baisse de la teneur en matière grasse des carcasses depuis vingt ans », précise Olivier Lorre de Moy Park Beef Orléans.

Le recours aux génisses, plus grasses que les mâles et dont la planification est tout aussi facile, participe dans une certaine mesure à élever le taux de matière grasse. « Nous avons aussi fait des recherches pour adapter la découpe de façon à prélever plus de gras de poitrine », explique Éloi de la Celle de McDonald’s France. Et comme les arrières de ces animaux répondent à la demande des clients qui les achètent, la question de produire d’autres types d’animaux n’est pas posée.

Les achats de viande française représentent 55 % des approvisionnements de McDonald’s France en 2020. McDonald’s France achète le complément de ses viandes bovines en Irlande ou aux Pays-Bas où la problématique du taux de matière grasse est moins présente, ce qui lui permet d’atteindre l’objectif de 20 % de matières grasses dans les steaks hachés.

Des conditions qui permettent de construire ensemble

« Les démarches de filière permettent à tous les maillons de la filière d’avoir une vision à moyen terme, et de construire l’avenir, fait valoir Éloi de la Celle, directeur achats, qualité, logistique et environnement de McDonald’s France. Le fléau des relations commerciales, c’est quand on ne parle que de prix. »

McDonald’s France a cofinancé le développement et testé dans ses filières le diagnostic environnemental Cap2Er. Le diagnostic bien-être animal Boviwell a été conçu à son initiative dans une démarche open source pour profiter à tous les opérateurs de la filière. Et un travail pilote portant cette fois sur le captage du carbone par les prairies en élevage en fonction de la méthode de pâturage vient de démarrer. Une thèse avec VétagroSup et l’Inrae aboutira d’ici trois ans.

Un projet sur le stockage de carbone dans les prairies

McDonald’s s’est fixé aussi au niveau national un objectif ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 35 % d’ici 2030, et vise la neutralité carbone en 2050. « Notre vision de ce sujet est que la captation des gaz à effet de serre doit se faire dans nos filières en première intention, avant d’envisager si c’est inévitable de planter des arbres ailleurs sur la planète. »

Une démarche déclinée sur tous les produits

Chez McDonald’s France, cette démarche de contractualisation a débuté par la pomme de terre il y a trente ans et 100 % des approvisionnements y sont contractualisés. Pour le blé, les contrats portent sur trois ans. « Pour la viande bovine, nous observons que les éleveurs prennent conscience de sa pertinence et les choses avancent », observe Éloi de la Celle. Il y a des spécificités pour chaque produit mais le principe privilégié est toujours un prix d’achat fixe déterminé à partir du coût de production.

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