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Monitoring : qu’est-ce que les colliers peuvent dire sur vos vaches ?

Après le lancement d’un algorithme spécifique aux bovins allaitants, les concepteurs perfectionnent leurs modèles multiservices pour donner une nouvelle dimension au monitoring.

En fonction de l’offre choisie, l’utilisateur peut avoir accès à des alertes santé, qui prennent en compte les chutes brutales de l’activité, de l’ingestion et de ...
En fonction de l’offre choisie, l’utilisateur peut avoir accès à des alertes santé, qui prennent en compte les chutes brutales de l’activité, de l’ingestion et de la rumination par rapport à des index de référence.
© MSD Santé Animale/SenseHub

« Les dispositifs de monitoring animal avaient été conçus au départ pour l’élevage laitier, retrace Clément Allain, chef de projet élevage de précision à l’Idele. Quand les premiers capteurs ont été déployés sur des vaches allaitantes, des problèmes se sont posés, notamment pour la détection des chaleurs. C’est pourquoi les fabricants de ces solutions ont dû repartir de zéro et repenser des algorithmes spécifiques. » Cela a débouché sur un suivi bien plus précis, et réalisé à l’échelle de l’individu.

Gagner en précision sur l’alerte « chaleur »

Depuis que cette étape majeure a été franchie, les concepteurs s’appliquent à perfectionner leurs modèles, afin que l’éleveur ne loupe aucune chaleur, même les plus discrètes. « Tout l’enjeu est de gagner en précision à la fois sur la sensibilité – le nombre de chaleurs détectées sur le nombre de chaleurs manifestées – et sur la fiabilité – le nombre d’alertes déclenchées par rapport aux chaleurs réelles », explique Thomas Aubry, directeur opérationnel iOtee. Les principaux détecteurs de chaleurs disponibles sur le marché français que sont FarmLife et SenseHub permettent d’ores et déjà de détecter neuf chaleurs sur dix, avec un seuil de fiabilité à 90 %.

La société iOtee, avec le lancement de sa nouvelle solution baptisée Mozae, entend battre les records, en visant 95 % de sensibilité et 95 % de fiabilité. « Avec l’accès à des technologies toujours plus pointues, le cumul de jeux de données au fil des années et l’expérience acquise sur les algorithmes d’apprentissage, nous sommes en mesure aujourd’hui de déployer des capteurs dotés d’accéléromètres encore plus précis », soutient Thomas Aubry. Innoval entre également dans la course, avec le lancement de sa propre solution de monitoring Neo qui promet d’être tout aussi pointue.

Jouer sur les seuils

L’autre avantage du suivi individuel : l’outil peut être ajusté au profil de chaque animal. Chez SenseHub par exemple, le seuil de détection cible, calibré par défaut pour les troupeaux allaitants, est à 35 sur une base 100. « Sur les femelles aux chaleurs plutôt discrètes, nous aurons tendance à baisser ce seuil, alors que sur les vaches qui expriment des chaleurs franches, celui-ci pourra être relevé », explique Raphaëlle Deffrenne, responsable supports clients monitoring SenseHub (MSD Santé animale).

Le suivi par un conseiller spécialisé au cours des premières semaines après la mise en route peut alors se révéler utile. « Nous réalisons une première phase d’observation dans l’optique de repérer les éventuels écarts entre l’interprétation par l’éleveur et la machine, suivie d’une phase de paramétrage, le but étant de jouer sur les seuils pour les faire correspondre au mieux aux besoins de l’éleveur et aux spécificités de son système d’élevage », soutient Julien Girardot, responsable monitoring iOtee au sein de l’organisme de conseil élevage. En continu, la hotline peut ajuster à distance les réglages et guider l’éleveur dans l’utilisation. Chez Innoval, « après quelques mois d’utilisation, des formations sont également proposées pour ceux qui souhaitent approfondir l’interprétation des données et partager entre utilisateurs. Ce sont des échanges très appréciés, car les cas présentés sont tous concrets et ils impulsent une progression collective », ajoute Matthieu Marteau, responsable du domaine numérique et organisation en élevage chez Innoval.

Pour en savoir plus | Monitoring : les capteurs embarqués à la conquête des élevages allaitants

Anticiper les risques d’apparition de pathologies

« La subtilité, c’est de parvenir à améliorer une fonctionnalité, sans détériorer la qualité d’alerte des autres services », explique Fabrice Broyer, directeur commercial monitoring SenseHub (MSD Santé animale). Car aujourd’hui, la panoplie des applications de suivi ne cesse de se diversifier.

En fonction de l’offre choisie, l’utilisateur peut avoir accès à des alertes santé, qui prennent en compte les chutes brutales de l’activité, de l’ingestion et de la rumination par rapport à des index de référence, à l’échelle individuelle. Certains niveaux d’application permettent de raisonner à l’échelle d’un lot en rythme de routine, sur 24 à 48 heures, ou bien sur un pas de temps plus long. « Le suivi de groupe est un moyen de prendre du recul et il peut aider à conforter (ou non) des stratégies de conduite, souligne Raphaëlle Deffrenne. L’utilisateur a la possibilité de créer des groupes selon les critères de son choix, pour vérifier par exemple qu’une transition alimentaire se passe bien après un changement de silo, ou bien lors de la mise à l’herbe. » « Le suivi de fond peut aider à déceler des problèmes subcliniques », complète Pierre Lechevallier, responsable zootechnique iOtee au sein de l’association Littoral normand.

Lire aussi | Monitoring : les distributeurs revoient leur stratégie pour rendre leurs outils plus accessibles

L’autre avantage de la lecture de groupe, basée sur une moyenne, c’est que l’éleveur s’affranchit de la possible multiplication d’alertes en cas de changement de pratique dans la conduite du troupeau. Sur son applicatif, l’éleveur peut situer ses animaux par rapport à la moyenne de groupe et aux bornes paramétrées par défaut au travers de graphiques actualisés plusieurs fois par jour.

« Les fonctionnalités autour de la santé et du bien-être nécessitent un suivi continu sur l’année pour pouvoir en tirer pleinement les bénéfices », soulève Matthieu Marteau, d’Innoval.

Petit plus sur l’applicatif SenseHub, avec la version premium, l’édition de rapports personnalisés par un conseiller spécialisé à la demande de l’éleveur. « L’utilisateur peut par exemple définir des choix de réforme en paramétrant dans un groupe les vaches à plus de 3 IA ou bien celles non gestantes à plus de 110 jours de lactation », présente Raphaëlle Deffrenne.

Prévenir les épisodes de stress thermique

Les capteurs embarqués intègrent tous dans leur version avancée la surveillance des épisodes de stress thermique, mais ils n’ont pas forcément la même méthode de calcul. Certains algorithmes, comme celui de FarmLife et Neo, utilisent comme baromètre l’indice de température et d’humidité (THI) à l’échelle de l’exploitation, avec une projection à cinq jours. D’autres, comme SenseHub, mesurent à l’animal le pourcentage d’essoufflement qu’ils corrèlent au stress thermique.

Adapter la couverture à la conduite extensive

Au-delà des fonctionnalités, se pose la question de la connectivité, surtout en élevages bovins viande, où les animaux sont une grande partie du temps à l’extérieur. Pour les capteurs embarqués déjà sur le marché, la distance de portée varie entre 500 m et 1 km. En plus du contrôleur, qui est positionné sur le site principal et relié, soit au réseau filaire de l’exploitation, soit à un routeur 4G, les distributeurs proposent des antennes-relais. « Ces outils additionnels permettent aux éleveurs de tirer profit de leur équipement toute l’année », relate Fabrice Broyer, directeur commercial monitoring SenseHub. Cela a cependant un coût. Celles amovibles avec station solaire vendues par SenseHub sont à 3 000 euros l’unité.

Avec son capteur nouvelle génération qui repose sur trois connectivités, le groupe iOtee promet quant à lui une lecture de champ très longue portée, jusqu’à 1,5 km.

Créer des ponts avec les autres outils de l’élevage

Côté interopérabilité, les capteurs embarqués existants sont compatibles avec tous les logiciels de gestion de troupeau, mais la transmission des données ne fonctionne que dans un sens : du capteur vers le logiciel. Petite spécificité pour FarmLife et Pilot’Elevage, où les informations peuvent naviguer dans les deux sens, dès lors que l’utilisateur a donné son consentement. Un travail collaboratif similaire est conduit entre l’outil Neo et les outils métiers, utilisés par les techniciens et conseillers du groupe Innoval, directement branchés au logiciel de troupeau iCownect. L’éleveur n’a, de fait, plus besoin de jongler entre deux applications pour chercher des informations et piloter son cheptel. « L’application Mozae ira encore plus loin dans la navigation, détaille Pierre Lechevallier, d’iOtee. Par exemple, il sera possible d’ouvrir le dossier animal de Pilot’Élevage automatiquement à partir d’une alerte chaleur. L’objectif est d’élargir ceci aux autres logiciels de troupeaux, mais aussi aux logiciels de caméras lors de l’envoi d’alertes vêlages. »

Les solutions dernière génération ambitionnent par ailleurs de renforcer l’interopérabilité avec les équipements connectés, de sorte que l’animal équipé puisse se faire identifier par n’importe quel automate (porte de tri, plateau de pesée…).

Lire aussi | Identification des bovins : la généralisation des boucles électroniques refait surface

Plutôt boucle ou collier ?

La solution SenseHub a l’avantage de se décliner en deux présentations : les colliers et les boucles auriculaires. La boucle apparaît comme plus pratique à la pose et elle est interchangeable tout comme le collier. Autre critère différenciant, la durée de vie d’un collier, qui est constitué d’une batterie plus volumineuse, est estimée à 7 ans contre 5 ans pour la boucle.

Petite particularité à souligner tout de même en faveur de la boucle, une LED a été intégrée sur les versions 2 et 3, pour aider à l’identification des animaux à surveiller en priorité. « Par exemple, avant le passage de l’inséminateur, l’éleveur peut faire clignoter à distance toutes les boucles des femelles à inséminer. Cela facilite l’intervention de l’opérateur, qui n’a pas à chercher les numéros », illustre Fabrice Broyer, directeur commercial monitoring SenseHub.

Et si ma vache perd son capteur ?

Fini les heures passées à arpenter son bâtiment ou son champ à la recherche d’un collier perdu. La solution Mozae, qui intègre à sa triple connectivité le Bluetooth, générera une alerte et grâce à un radar sur l’applicatif, localisera la position du capteur par rapport à celle de l’éleveur, la borne la plus proche étant à 20 cm. Même principe de localisation dans le cas de la recherche d’une vache : grâce au Bluetooth, une communication s’établira entre le Smartphone et la vache pour trouver l’animal sans perdre de temps.

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