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« À cause de la maladie hémorragique épizootique, une trentaine de mes animaux prêts à être vendus sont bloqués sur ma ferme »

Lionel Plagnet, éleveur transhumant dans les Hautes-Pyrénées, fait partie des apporteurs fidèles du marché aux bestiaux de Rabastens. L’arrivée de la maladie hémorragique épizootique (MHE) a contraint le cadran à fermer dès le mardi 26 septembre, faute d’acheteurs et de débouchés à l’export suffisants. Rencontré au Sommet de l’élevage, Lionel Plagnet avait alors une trentaine de génisses et de veaux sevrés en attente d’être vendus. Comme beaucoup d’autres éleveurs situés dans cette zone, il fait partie des victimes collatérales du virus.

Lionel Plagnet, éleveur de blondes d'Aquitaines et d'aubracs à Omex, dans les Hautes-Pyrénées, rencontré au Sommet de l’élevage le 4 octobre 2023.
Lionel Plagnet, éleveur de blondes d'Aquitaines et d'aubracs à Omex, dans les Hautes-Pyrénées, rencontré au Sommet de l’élevage le 4 octobre 2023.
© L. Pouchard

« Depuis la réouverture du marché de Rabastens-de-Bigorre, situé au nord du département des Hautes-Pyrénées, sous sa "nouvelle formule" en début d’année dernière, je valorise tous mes bovins (broutards, vaches maigres et réformes) au cadran. Mais alors que mon troupeau était redescendu d’estive quinze jours plus tôt, j’ai appris que le foirail, en plein cœur de la zone réglementée, était contraint de fermer ses portes le mardi 26 septembre, jour habituel de la vente. Une réunion d’information s’est tenue à la place, en présence du GDS et du vétérinaire du foirail. Deux cents éleveurs de bovins sur les 500 adhérents étaient présents ce jour-là. Cette rencontre a été l’occasion d’en savoir plus sur la maladie hémorragique épizootique (MHE) et de renforcer notre vigilance dans la surveillance de nos troupeaux. Nous nous sommes aussi rendu compte que, déjà à cette date, de nombreux élevages étaient touchés et que le virus se propageait très rapidement. 

Lire aussi : La maladie hémorragique épizootique, un virus proche de la FCO

Outre les conséquences sanitaires très préoccupantes, le blocage actuel de la circulation des animaux est problématique quant à la non-réouverture des circuits commerciaux européens et du Maghreb. J’ai actuellement dix-huit veaux mâles et femelles de cinq à six mois (200-250 kg), tout juste sevrés, prêts à partir, ainsi que treize génisses de sept mois (350-360 kg). Tous patientent pour l’heure en bâtiment. Ce sont des coûts alimentaires et du temps de travail supplémentaire qui s’additionnent, sans parler de l’attente de trésorerie. Les broutards davantage repoussés perdent en forme, je crains de ne pas en tirer un prix aussi intéressant que prévu. Il ne faudrait pas que cette situation s’éternise, car au début du mois novembre, la période de vêlage va débuter et je devrais rentrer le cheptel mère. Or, le nombre de places est limité et je dois compter entre-temps deux à trois semaines de vide sanitaire. Je n’ai par ailleurs pas les stocks fourragers suffisants pour me permettre de garder plus d’animaux. »

150 bovins de moins échangés par semaine sur le marché

Pierre Bazet, directeur d'Elvea Pyrénées et directeur du marché au bestiaux de Rabastens (Hautes-Pyrénées)
Pierre Bazet, directeur d'Elvea Pyrénées et directeur du marché au bestiaux de Rabastens (Hautes-Pyrénées)

Pierre Bazet, directeur du marché aux bestiaux de Rabastens, partage ses inquiétudes quant aux conséquences économiques d’une telle fermeture. « Nous avons en moyenne cent cinquante bovins échangés sur le marché chaque semaine. C’est une perte de chiffres d’affaires importante, d’autant que nous sommes locataires du parc du Val d’Adour », avant de s’interroger : « et si le cadran reste fermé trop longtemps, est-ce que nos éleveurs apporteurs ne vont pas finir par chercher d’autres orientations de commercialisation ? » Pour le directeur du foirail, il faudrait atteindre 250 à 300 bovins apportés pour couvrir tous les frais et pérenniser son devenir. « L’arrêt momentané de ces transactions commerciales signifie par ailleurs l’arrêt de la production des cotations hebdomadaires. Or, c’est un éclairage essentiel pour les éleveurs pour sentir la tendance du marché ».

Gilbert Pailhe, président d’Elvea Pyrénées, soutient quant à lui la nécessité de gagner en réactivité concernant la délivrance des résultats d’analyse par les laboratoires. « Nous devons parfois attendre quinze jours avant d’avoir un retour sur les tests PCR ».

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