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L’hiver le plus long

L’hiver va être beaucoup trop long puisqu’il a démarré en milieu d’été dans de nombreuses exploitations. Pour autant, mi-octobre, il n’y avait pas d’accélération vraiment massive des mises en marché d’animaux.

Dans bien des régions, la sécheresse et ses répercussions sont devenues le principal sujet de conversation. Cette thématique focalise les inquiétudes. Depuis fin juin, il n’y a pratiquement pas eu une goutte dans bien des départements. Un large quart nord-est incluant la Bourgogne, le Centre et une grande partie du Massif central est tout particulièrement concerné. Les quelques semis de prairie n’ont pas ou mal levé et bien des éleveurs ont prudemment et judicieusement choisi de repousser ce travail à l’an prochain. Mi-octobre, les inquiétudes portent sur les semis de céréales. Ils sont réalisés dans de mauvaises conditions et parfois ne peuvent même pas être faits faute de pouvoir travailler des terres vraiment trop sèches. La préoccupation de ce début d’automne aura aussi été de trouver les dernières ressources disponibles pour passer l’hiver. Cannes de maïs grain, plaquettes forestières et autres alternatives à la paille (dolomie…) vont permettre d’utiliser pour l’alimentation une partie de la paille initialement destinée à la litière. À 140 € la tonne rendue cour de ferme, les tarifs parfois annoncés frisent désormais l’indécence. Bien des éleveurs s’interrogent également sur la fertilité à venir des vaches et génisses, sur la vitalité des veaux et le bon déroulement des vêlages du premier trimestre 2019.

Ajuster le nombre de bouches à nourrir

La sécheresse incite surtout à ajuster le nombre de bouches à nourrir aux stocks de fourrage disponibles. Difficile de connaître précisément l’importance de ce phénomène dans la mesure où il est en cours. Il s’écoule forcément quelques semaines entre le moment où le bétail part vers l’abattoir ou les centres d’allotement et le moment où cela se traduit dans les statistiques.

Côté animaux maigres, mi-octobre les apports étaient en progression mais la situation était assez classique pour cette période de l’année. Les animaux vaccinés FCO 4 et 8 depuis plus de 60 jours demeuraient recherchés. Le contexte était en revanche et logiquement nettement plus difficile pour les non vaccinés et de qualité inférieure. La baisse des effectifs de vaches allaitantes (- 2 % entre mai 2018 et mai 2017) associée à un retard des dates de mise bas en particulier pour les naissances de l’hiver et du printemps 2018 arrivent dans un sens au bon moment et la bonne année. « Au 1er septembre 2018, les services d’identification français dénombraient 736 000 mâles de 6-12 mois de races allaitantes, soit - 8 % par rapport à 2017 et -7 % par rapport à 2016. Ces effectifs limités en ferme écrêtent le pic saisonnier des sorties, malgré la sécheresse, ce qui limite l’encombrement des marchés », souligne l’Institut de l’élevage dans sa lettre mensuelle de conjoncture d’octobre.

Reste à savoir si les naisseurs qui font vêler en cours d’hiver et ont l’habitude de vendre entre décembre et avril, quand leurs broutards passent le cap des 400 kg ne vont pas chercher à anticiper les mises en marché faute de stock. Ce qui pourrait se traduire par un encombrement dans les prochaines semaines, en particulier à compter de mi-novembre, date habituelle de la plupart des rentrées en stabulation.

Du côté de la viande, les tarifs dépréciés des JB cet été ont forcément incité à retarder les abattages. Au 1er août, il y avait d’après FranceAgriMer un surplus de 18 000 JB viande et croisés détenus dans les exploitations comparativement à 2017. « Les JB de type viande abattus en septembre 2018 étaient plus lourds que l’an dernier de 12 kg éc et plus vieux de 12 jours », précise l’Institut de l’élevage. Quant aux vaches, les données de Normabev font état pour les huit premiers mois de l’année d’une progression de 3 % du nombre de laitières abattues et de 5 % pour les allaitantes. Le niveau des abattages d’octobre serait lui aussi plutôt en progression côté femelles. Difficile là encore d’anticiper sur des tendances tant que les statistiques ne sont pas disponibles.

La Turquie toujours en panne

« Malgré l’accord signé au Sommet de l’élevage, les exportations de broutards vers la Turquie restent presque impossibles », explique l’Institut de l’élevage dans sa lettre de conjoncture mensuelle Tendances. Cet accord lève l’interdiction totale d’exportation pour les animaux issus d’une zone comprise dans un rayon de 20 km autour des foyers de FCO. C’est une réelle simplification. Mais les conditions de quarantaine restent le point bloquant, avec soixante jours en bâtiment clos et désinsectisé. Les difficultés économiques de la Turquie et la dévaluation de sa monnaie sont également en cause.

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