Marc Ferrer et Agnès Pondaven, Carrefour
Les filières 'Engagement Qualité Carrefour" vivent très bien
Les filières 'Engagement Qualité Carrefour" ont quinze ans. Belle performane à c jour : elle représentent toujours la moitié des volumes commercialisés dans les hypers de Carrefour France.
Quel bilan tirez-vous au bout de quinze ans d’existence des filières Engagement Qualité Carrefour dans le secteur de la viande bovine ?
Marc Ferrer - Depuis la création de la filière Qualité en race Normande, à l’initiative de Gabriel Binetti, c’est une idée qui a fait son chemin et une belle performance. Les produits Engagement Qualité Carrefour (EQC) nous différencient de la concurrence. Nous sommes obligés de nous positionner sur les prix bas étant donné le contexte, mais nous avons aussi autre chose à dire.
Comment se portent-elles depuis un an avec l’obsession nationale de perte du pouvoir d’achat, et depuis cet automne avec la crise économique ?
M.F. - Nous avons réussi à maintenir cette année encore notre objectif, qui est que les filières EQC représentent toujours la moitié des volumes commercialisés. Il y a trois ans, pour tenir cet objectif, nous avons travaillé sur les fiches techniques pour rendre ces filières économiquement plus viables en réduisant les coûts, et renégocié les plus-values des éleveurs en s’engageant en contre-partie sur des volumes.
La viande livrée vous donne-t-elle satisfaction aujourd’hui ? Des évolutions sont-elles envisagées ?
Agnès Pondaven - Pour garder toujours une longueur d’avance sur la réglementation, nous travaillons sur l’insertion dans les cahiers des charges de mesures sur la gestion des déchets, de l’énergie et de l’eau, et sur le bien-être animal. Au niveau des magasins, des nouveaux bacs plastiques permettront des économies d’énergie et de coûts logistiques.
M. F. - Aujourd’hui nous sommes arrivés à une standardisation à l’année de la viande. L’expérience permet d’anticiper les choses. Pour nous, elles restent le coeur de marché et doivent ne pas être déphasées en termes de prix par rapport aux autres segments du rayon. La massification des achats nous le permettra. Il s’agit d’acheter massivement au niveau de la centrale des animaux EQC et de les proposer en catégoriel (muscles sous vide) aux magasins. C’est pour nous une solution face à la baisse de qualité du catégoriel «VBF », qui est en général de la vache laitière. Des tests en magasin pour remplacer le catégoriel par de la viande EQC ont donné de très bons retours de la part des chefs de rayon.
Le bio vient-il en concurrence de ces filières avec la prise de conscience générale sur le respect de l’environnement ?
M. F. - Pour nous, le bio n’est pas concurrent des filières EQC. Ce n’est pas la même cible de clientèle. Le marché de la viande bovine est compliqué aujourd’hui, avec une baisse de 6 % en volume et de 3 % en chiffre d’affaires. La fréquentation des magasins change. Et les clients vont vers les prix et les promotions.
Quelle est la nature de vos relations avec l’amont de la filière?
M. F. - Même en ces temps de tension, nous pouvons parler avec le monde agricole. Nous avons une relation privilégiée avec 23 000 éleveurs et nous nous connaissons. Nous avons une relation commerciale transparente avec les industriels et les éleveurs. Je tiens aussi à dire que nous tenons à conserver l’activité de découpe dans nos magasins et recherchons des centaines d’apprentis bouchers.
A. P. - Quand nous avons décidé de communiquer à la télévision sur les filières EQC, nous avons mis en avant la viande bovine. Notre choix n’était pas anodin. Nous avons aussi développé des relations entre des magasins et les bassins d’élevage de leur région, sous la forme de parrainage. Les filières en sont dynamisées.
En savoir plus
En 2008, 11000 à 12000 tonnes de viande bovine EQC ont été commercialisées, 61 % de races à viande et 39 % de races laitières mixtes.
Six races sont concernées: Normande, Charolaise, Blonde d’Aquitaine, Limousine, Salers, Montbéliarde.