Elevage Bovin
Le vêlage à deux ans sans pénaliser le gabarit adulte des femelles
Elevage Bovin
Au Gaec du Coteau, Sabot d´Or Charolais 2003, Jacques Rimbaud estime que le succès du vêlage à deux ans tient à la rigueur du suivi des génisses. Une alimentation soutenue pendant leur lactation - qui est aussi écourtée à six mois - est une des clés de sa réussite.
« Le niveau de mon troupeau est le fruit du cumul génétique depuis 1976 de l´utilisation de taureaux d´insémination, et de la rigueur de la conduite d´élevage », explique Jacques Rimbaud. Il est installé au Pin, dans le nord du département des Deux-Sèvres, en gaec avec son frère Joseph, qui s´occupe pour sa part à temps plein de l´atelier porcs. Le troupeau charolais de Jacques Rimbaud est d´un gabarit impressionnant. L´éleveur a toujours porté l´effort d´amélioration sur la croissance et le developpement squelettique qui y est lié. Depuis une vingtaine d´années, la quasi-totalité des génisses vêlent à l´âge de deux ans. « J´ai mis du temps à trouver la bonne technique et j´ai connu pas mal d´échecs, mais aujourd´hui la conduite des génisses est bien calée », explique l´éleveur. « Ce qui est primordial à comprendre, c´est que le gabarit moyen des adultes ne sera pas pénalisé par la pratique du vêlage à deux ans à partir du moment où pendant leur première lactation, les génisses sont nourries à peu près comme des taurillons. »
Autre condition de réussite souvent mieux connue, les génisses doivent avoir un poids suffisant, au moins 400 kilos à la mise à la saillie. Celles de Jacques Rimbaud pèsent en moyenne aujourd´hui 488 kilos...
La conduite d´élevage qu´a adoptée l´éleveur depuis trente ans se rapproche de celle pratiquée par les éleveurs laitiers. Toutes les femelles sont inséminées et conduites ensemble, à part les primipares qui constituent un second lot. Les veaux sont maintenus pendant la période hivernale dans des boxes, et ils sont lâchés matin et soir pour la têtée. « Pour que ce système fonctionne bien, il faut des veaux du même âge. »
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©S. Bourgeois |
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Fort soutien alimentaire pendant la lactation
Les vêlages sont groupés au mois d´août à 85 %, le reste a lieu pour 10 % en septembre et 5 % en octobre. Quand arrive le moment de la rentrée en stabulation pour les veaux, aux premières pluies de l´automne, ils sont en moyenne âgés d´un mois et demi (les mères restent en pâture encore un moment). Au début, les veaux sont enfermés deux heures par jour dans leurs parcs, puis de plus en plus longtemps jusqu´à y passer tout leur temps en dehors des deux têtées quotidiennes de vingt minutes minimum chacunes. « Les huit premiers jours, les têtées sont compliquées mais les habitudes sont ensuite assez vite prises. Je surveille que chaque veau tête sa mère et pas une autre. Les vaches se placent d´elles-mêmes toujours au même endroit de la stabulation ou de l´aire extérieure dont elles disposent quand je lâche les veaux, ce qui fait que les veaux savent ou trouver leur mère rapidement. »
Cette conduite permet selon l´éleveur de faire consommer aux veaux davantage d´aliments entre quatre et sept mois que s´ils étaient conduits classiquement au milieu des mères, et leur croissance est aussi favorisée par le calme dont ils bénéficient dans leurs parcs. De l´autre côté, la détection des chaleurs des mères est facilitée car elles s´expriment davantage. « Jusqu´à la mi-décembre, les chaleurs sont facilement détectées au cours de mes visites matin, midi et soir. Il y en a plusieurs par jour. Il reste quelques retours dans l´hiver moins évidents à voir. »
Les génisses sont inséminées avec des taureaux à vêlages faciles. Elles sont rentrées en stabulation au moment du vêlage, qui se passe sans plus de problèmes que si elles avaient trois ans. « Je réduis un peu leur alimentation, constituée d´herbe pâturée, pendant les deux derniers mois de gestation », note l´éleveur. Il faut aussi ne pas perdre de vue que leur gabarit chez Jacques Rimbaud est nettement supérieur à un certain nombre de génisses charolaises plus courantes vêlant classiquement à trois ans.
Sur seize vêlages à deux ans l´an dernier, un d´entre eux s´est déroulé sans aide, dix avec une aide facile, quatre ont été un peu difficiles et une césarienne a été faite. Les génisses consomment à partir du vêlage sept kilos de matière sèche d´ensilage de maïs, un peu de foin, 1,5 kilo de tourteau de soja, 0,8 kilo de céréales et 150 g de minéraux. Quand le silo d´herbe est ouvert en octobre, l´ensilage de ray-grass hybride remplace la moitié de l´ensilage de maïs (elles reçoivent 5 kilos MS d,ensilage d´herbe et 4 kilos MS ensilage de maïs, 1,2 kilo de tourteau de soja et 0,8 kilo de céréales). Et ceci jusqu´au sevrage de leurs veaux. Ils têtent deux fois par jour comme les autres, et reçoivent juste un peu plus de concentrés que les veaux de multipares. Ils sont sevrés à six mois. Les veaux femelles de primipares rejoignent le lot des veaux femelles de multipares en juin au pâturage. « Elles sont souvent plus légères que les vaches, mais pas toujours. Ce sont les meilleures du troupeau génétiquement. Pour leur deuxième vêlage, elles ne se retardent pas spécialement par rapport aux autres », estime Jacques Rimbaud.
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