Le vêlage à 2 ans en race blonde d’Aquitaine
Dans la Somme, avec seulement dix hectares de prairies pour quarante vêlages, Benoît Vignon conduit un système intensif dans lequel le vêlage à 2 ans s’est bien intégré. Il a choisi en l’adoptant de ne pas augmenter le nombre de vêlages, et la rentabilité du système se tient bien.
Dans la Somme, avec seulement dix hectares de prairies pour quarante vêlages, Benoît Vignon conduit un système intensif dans lequel le vêlage à 2 ans s’est bien intégré. Il a choisi en l’adoptant de ne pas augmenter le nombre de vêlages, et la rentabilité du système se tient bien.
Benoît Vignon s’est installé en 2008 à La Chaussée-Tirancourt dans la Somme. L’élevage, ce n’était pas son truc a priori, et il travaille seul sur l’exploitation. Mais pour valoriser les dix hectares de prairies naturelles séchantes (20 à 30 cm de terre sur des craies), il a conservé le petit troupeau de blondes d’Aquitaine. En 2016, l’année a été très difficile. Pour pouvoir récupérer de la trésorerie en réformant davantage de vaches, sur les conseils de Daniel Platel de la chambre d’agriculture de la Somme, il a mis à la reproduction un maximum de génisses, dont celles de quinze mois.
Des vêlages bien groupés et un gabarit suffisant
Le gabarit et le niveau génétique du troupeau le permettaient. Le poids moyen des vaches de réforme est autour de 500 kgC. Tout le troupeau était déjà inséminé et les vêlages groupés méthodiquement entre le 20 août et le 20 octobre, avec réforme systématique de toutes celles qui sortent du cadre. D’autre part, comme la surface en prairies est très restreinte et que l’éleveur accède à des coproduits, l’alimentation du troupeau était déjà basée sur des concentrés – pulpes sèches de betterave et drêches semi-humides issues de la fabrication du bioéthanol à partir du blé – avec de la paille. benoît Vignon complémentait déjà les veaux sous la mère et gardait déjà en bâtiment les génisses après leur sevrage.
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Il y a quatre ans, des génisses ont donc vêlé à 2 ans pour la première fois. Constatant que cela se passait bien, benoît Vignon a maintenu cette organisation. « À 2 ans, les génisses ont tendance à vêler quelques jours avant terme et les veaux sont un peu plus petits. Il n’y a pas plus de problèmes qu’avec des génisses de 3 ans », observe-t-il.
Pas plus de problèmes au vêlage qu’à 3 ans
Benoît Vignon pèse les veaux à la naissance et ils sont ensuite suivis par Bovins croissance. Ils sont complémentés sous la mère (moitié pulpes sèches moitié drèches). L’objectif de croissance de 1200 grammes par jour de la naissance au sevrage est atteint. Ensuite, il vise pour les génisses une croissance de 900 grammes par jour du sevrage au vêlage, pour atteindre 80 % de leur poids adulte au vêlage à 24 mois. Elles reçoivent sur cette phase en bâtiment de la pulpe de betterave surpressée et 1 kilo d’aliment. Elles sortent au pré quand les vaches libèrent les prés, d’août à l’insémination. Elles y ont une complémentation (pulpes et drêches) et ce court passage n’est pas très profitable pour leur courbe de croissance, mais cela leur permet de gambader et d’initier leur immunité parasitaire. Toutes celles qui atteignent 515 kilos de poids vif – soit 60 % du poids vif adulte du troupeau – au 11 novembre, date de mise à la reproduction sont inséminées (à l’âge de quinze mois).
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Un groupage de chaleurs est systématiquement pratiqué, pour les génisses et aussi pour les vaches. « On commence par les vaches. Nous avons utilisé l’an dernier 1,32 paillette par femelle de moyenne. » Une échographie est pratiquée pour établir le diagnostic de gestation. Les génisses pleines sortent ensuite au pré avec les vaches pleines (sans complémentation) et sont rentrées en août pour vêler. Elles ne sont pas ici séparées des vaches ni surcomplémentées de deux UF (petit effectif et organisation du bâtiment). « Le troupeau est écorné et tout le monde a bien sa place au cornadis. » Et les génisses élèvent leurs veaux comme les vaches, jusqu’au sevrage à sept mois.
Des poids de carcasse maintenus sur le troupeau
Le taux de mortalité des veaux varie sur les quatre dernières années de 3 % à 15 %. « Trois veaux mal placés cette année-là,…sur un petit effectif… ». Les IVV des primipares sont rigoureusement les mêmes que celui des vaches – 366 jours de moyenne - puisque toutes celles qui retardent sont réformées. Le poids moyen de carcasse des vaches ayant vêlé à 2 ans est de 487 kgC à 3,6 ans. Sur l’ensemble des ventes, les réformes faisaient 503 kgC de moyenne en 2020. C’était 508 kgC en 2015, et 494 kgC en 2016 avant le passage au vêlage à 2 ans. Et benoît Vignon ne pousse pas beaucoup leur niveau de finition, certaines sont aussi finies avec leur veau à leur pis… Les veaux mâles sont sevrés avant la mise à l’herbe et sont vendus broutards à sept mois et demi, entre 300 et 340 kilos.
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Une production de 380 kilos de viande vive par UGB
Benoît Vignon a choisi, pour ne pas se charger en travail, de ne pas augmenter le nombre de vêlages, et il a conservé un taux de renouvellement de 20 % avec 35 à 40 vêlages par an. Mais le vêlage à 2 ans a permis de faire beaucoup progresser la quantité de viande finie par UGB : elle est de 380 kgVV/UGB alors que la référence (système broutards en Blonde dans la Somme) est de 310 kgVV/UGB.
Le produit de l’élevage (entre 922 et 972 euros/UGB sur les trois dernières années) n’a pas baissé. La marge brute s’est établie entre 407 et 505 euros/UGB sur les trois dernières années : elle est conforme à la référence (477 euros/UGB), alors que les charges, notamment alimentaires à cause des cours des coproduits, ont augmenté. « Au final, la rentabilité se maintient, et c’est ce qui était recherché et attendu. Pour améliorer la rentabilité en passant au vêlage à 2 ans, il faut augmenter le nombre de vêlages avec le même nombre d’UGB », rappelle Daniel Platel.