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Méthanisation
Le Gaec Bois Joli relance l'intérêt de la méthanisation discontinue

À contre-courant de la technique dominante de « l’infiniment mélangé », Denis Brosset a préféré opter pour une méthanisation sur effluents solides qui minimise le lisier.

La biométhanisation permet de fabriquer du combustible, de rendre l'azote et le carbone plus disponibles pour les plantes tout en assurant la mise aux normes.
La biométhanisation permet de fabriquer du combustible, de rendre l'azote et le carbone plus disponibles pour les plantes tout en assurant la mise aux normes.
© V.Bargain

Le Gaec Bois Joly de Denis Brosset et de Jean-Louis Vrignaud s’est engagé dans l’agriculture durable depuis plusieurs années. En 2002, il a contracté un CTE pour faire basculer son système fourrager basé essentiellement sur le maïs ensilage (un « classique » en Vendée) vers un système herbager. Il comportait aussi un volet économies d’énergies. Cette année, une nouvelle étape est franchie avec la mise en route d’une unité de biométhanisation, opérationnelle depuis le mois de mai. C’est la deuxième de ce type en France. « Ma réflexion avait démarré en 2000 après l’écoute d’une émission de radio sur ce sujet. Avec nos 50 vaches allaitantes et nos 500 lapines, nous savions que nous aurions à nous mettre aux normes PMPOA. L’objectif était de trouver une solution qui soit un investissement plutôt qu’une dépense », explique Denis. La méthanisation y répond: elle permet de générer un revenu (vente d’électricité) tout en répondant à l’objectif d’une meilleure gestion des effluents. Il a fallu plusieurs années de recherches pour se décider. Le temps d’apprendre, de découvrir les pionniers de la méthanisation des années 1970- 1980, de visiter des installations d’agriculteurs (telle que celle de Pierre Lebbe dans les Hautes-Pyrénées), de rencontrer des bureaux d’études ou des fournisseurs de matériel. L’association Eden l’a beaucoup aidé, et c’est avec son bureau d’études associé, Aria Energies, que s’est concrétisé le projet. Les premiers coups de pioche du chantier ont été donnés en juillet 2006.

Manipuler du fumier plutôt que du lisier

Toutes les installations de méthanisation allemandes sont basées sur le principe de l’infiniment mélangé, c’est-à-dire le brassage permanent d’un mélange liquide de matières organiques contenant des bactéries méthanogènes et qui travaille en continu. C’est aussi la technique choisie par Gabriel Bonnin aux Herbiers pour Biogasyl. La méthode dite « discontinue » ou par « voie sèche » consiste à travailler en fermentation anaérobie avec un substrat solide mis en silo étanche (voir infographie). Il faut plusieurs silos pour produire du gaz en permanence. « J’ai préféré opter pour la technique française employée chez Pierre Lebbe en 2000, qui privilégie le fumier plutôt qu’un système à base de lisier. D’autres bureaux d’études m’ont dit que cela ne marcherait pas à cause d’une production en méthane trop lente à démarrer. » Trois arguments majeurs militaient pour cette technique : la production d’environ 800 tonnes de fumiers sur la ferme (plus 200 tonnes de lisier de lapins) et disponibilités autour (500 tonnes des voisins et du frère paysagiste), la volonté de réutiliser les issues de fermentation riches en azote et en carbone pour l’épandage sur ses prairies et la simplicité de fonctionnement et d’intervention. Par contre, le chargement et le déchargement des silos pouvaient être un inconvénient. « En réalité, je passe 8 heures tout compris (manipulation, branchements, bâchage…) pour réaliser un silo de 180 m3. »

Montage du projet sans aide

Quand les associés ont commencé à finaliser le projet, ils ne comptaient que sur les subventions accordées par la mise aux normes PMPOA. Ils ont donc calculé leur investissement au plus près, sans pour autant sacrifier la technique au prix. Le gros oeuvre (terrassement, dalles béton, murs, isolation) a été réalisé par le Gaec. Pour être sûrs de réussir techniquement, ils n’ont pas hésité à isoler les murs, à y insérer un système de chauffage (maîtrise de la température de fermentation), et à investir dans un moteur fiable. Le cogénérateur coûte à lui seul 51 000 euros, « mais on m’a assuré de sa longévité et le SAV est à moins d’une heure de chez moi. » L’investissement s’élève à 279000 euros, sachant que la partie PMPOA est incluse. Il est prévu de produire 135 000 m3 de biogaz, transformés en 220 000 kWh électriques (équivalent à la consommation de 70 foyers) ce qui devrait générer 35 000 euros de recettes et dégager 450000 kWh caloriques. Le Gaec touche 11 centimes d’euro par kilowatt vendu à EDF, auxquels vont s’ajouter trois centimes de prime de valorisation de la chaleur.Ayant eu vent du projet, l’Ademe s’est intéressé à son caractère novateur. Elle a accordé une subvention, moyennant un suivi de la station durant deux ans, de manière à évaluer son intérêt technique, écologique et économique. Le conseil général de Vendée a aussi apporté une aide. Au total, le Gaec a bénéficié de 140 000 euros de subventions. Compte tenu de la maintenance et des prêts (15000 €/an), le Gaec table sur un retour sur investissement de six années avec les aides comprises. « Sans elles pour couvrir les frais et les prêts, il faudrait que le moteur tourne en continu. » Après cinq mois de fonctionnement et de montée en charge de la production de biogaz, Denis a trouvé ses repères. Il passe environ cinq à dix minutes par jour pour venir contrôler et noter les paramètres (températures, production électrique, débits, pression…).

D'autres projets de valorisation

Il a considérablement réduit le temps de remplissage des silos, avec l’objectif d’une journée passée toutes les trois semaines, pour un temps de fonctionnement prévisionnel de deux mois par silo. « Le problème, c’est que je risque de manquer de matière organique pour faire fonctionner le moteur 24 heures sur 24. » L’autre préoccupation de Denis est de mieux valoriser la chaleur. « Pour faire monter le taux de revalorisation énergétique, j’envisage de bâtir un séchoir pour du bois déchiqueté issu de taille, et aussi dans l’objectif d’ajouter une activité de fabrication de produits pressés pour le chauffage. » À plus long terme, si l’unité produit trop de gaz pour son cogénérateur, Denis pense déjà à des biocarburants gazeux.

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