Inondations : les éleveurs du Pas-de-Calais en proie à des remontées de nappes
Dans le Pas-de-Calais, presque un mois après les vagues d’inondations historiques subies, la plupart des bâtiments d’élevage ont été assainis et les troupeaux ont pu regagner leur stabulation. La vigilance reste cependant de mise, les sols étant encore gorgés d’eau et la décrue des rivières trop lente. D’après un premier bilan de situation de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, certains éleveurs doivent désormais faire face à des remontées de nappes superficielles.
Dans le Pas-de-Calais, presque un mois après les vagues d’inondations historiques subies, la plupart des bâtiments d’élevage ont été assainis et les troupeaux ont pu regagner leur stabulation. La vigilance reste cependant de mise, les sols étant encore gorgés d’eau et la décrue des rivières trop lente. D’après un premier bilan de situation de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, certains éleveurs doivent désormais faire face à des remontées de nappes superficielles.
« La plupart des étables ne sont plus inondées, mais certaines exploitations sont aujourd’hui confrontées à des problèmes de remontées de sources qui empêchent leur bon fonctionnement », révèle Paul Lamothe, conseiller viande à la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, après une réunion d’urgence avec les professionnels tenue le 11 décembre 2023. Dans les zones les plus à risque, des drains avaient été posés en prévision, mais la remontée des eaux est telle que ces précautions ne suffisent plus.
« Certains ont eu recours à du matériel de pompage mais dès le retour des pluies, l’eau revenait aussitôt », indique Paul Lamothe, qui déplore peu de solutions possibles. En allaitant, « les bâtiments et matériels ont été dans l’ensemble moins impactés qu’en élevage laitier », nuance-t-il. Pour ceux confrontés à des remontées de sources, il y aura éventuellement des fonds de litière à drainer et à bétonner, selon lui.
Abattages d’urgence et déclassement
S’agissant des dommages causés aux animaux, « la part de veaux morts par noyade reste infime. Nous avons également peu de remontées de terrain, à ce jour, concernant d’éventuels problèmes sanitaires (diarrhées, difficultés respiratoires, …) liés aux inondations. En revanche, quelques éleveurs ont dû faire partir en abattage d’urgence des lots qui ont été déclassés », renseigne Paul Lamothe. Des discussions sont en cours avec l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) et la région pour débloquer des indemnisations à ce sujet.
20 à 30 % de pertes en fourrages
Les inquiétudes se portent essentiellement aujourd’hui sur les conséquences indirectes liées à l’alimentation souillée ou de moindre qualité. « Les ballots d’enrubannage gorgés d’eau sont rendus inutilisables. Pour les silos de maïs aussi baignés dans l’eau, qui n’ont pas encore été ouverts, il est encore difficile d’estimer le niveau de pourriture, de mycotoxines et de botulisme », reprend le spécialiste.
Au global, « les pertes en fourrages atteignent 20 à 30 % sur les exploitations touchées », poursuit-il. La bonne année fourragère pourrait permettre d’éviter de trop fortes tensions en volumes. « L’approvisionnement de fourrages aux éleveurs en difficulté s’organise au niveau local », rapporte Paul Lamothe.
Concernant la paille, la plupart des éleveurs étaient bien fournis et en capacité à offrir ou à vendre des balles aux élevages sinistrés, mais à cause des orages survenus au moment des moissons, la qualité laisse à désirer, rendant la paille peu absorbante.
Des impacts sur le long terme qui pourraient être conséquents
« Les dégâts sur le long terme engendrés par le stress, le dérèglement des animaux et l’apport temporaire d’une alimentation de moindre qualité ne sont pas encore visibles mais pourraient être importants. En bovin allaitant, des pertes de croissance sont inévitables. S’agissant des impacts sur la reproduction, ils sont encore difficiles à prévoir », témoigne Paul Lamothe, conseiller viande à la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
Autre point important, « les prairies qui ont été immergées et recouvertes de sédiments seront-elles aussi productives au printemps et saines ? (sanitaire, métaux lourds, hydrocarbures, …) », interroge l’expert. Autant de questions qui mériteront d’être affinées dans les mois à venir.
Près de 450 animaux délocalisés à cause des inondations
Les premiers chiffres remontés aux organisations professionnelles du Nord-Pas de Calais (chambre d’agriculture, syndicat, GDS, …) recensent 265 communes touchées par les inondations. Près de 100 éleveurs de bovins allaitants et laitiers sont fortement impactés et 150 le sont moyennement. Environ 450 animaux ont dû être déplacés dans des stabulations voisines vides ou chez d’autres éleveurs. Le GDS met en place des tests pour vérifier les statuts sanitaires. Ces analyses sont prises en charge par le GDS 62 et le département.