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Faire face aux antiviandes

Recul de la consommation, pression du lobbying antiviande, évolution des habitudes alimentaires… ont été autant de volets forcément abordés lors du dernier congrès de la FNICGV.

Les multiples accusations auxquelles la viande est régulièrement confrontée dans de trop nombreux médias se sont forcément retrouvées au cœur des débats lors du dernier congrès Bétail et Viande organisé fin juin par la Fédération nationale de l’industrie et des commerces en gros des viandes (FNICGV) à Bordeaux. « Pas une journée ne se passe sans que notre service presse nous fasse écho d’une émission TV ou radio ou d’un article (presse papier ou internet) dénigrant la viande ou l’élevage », expliquait Bruno Dufayet, éleveur de Salers dans le Cantal et Président de la commission des enjeux sociétaux d’Interbev. Et ce dernier de préciser que même si les éleveurs ne le voient pas, cela se traduit en retour par l’envoi par Interbev de nombreux courriers vers ces médias.

Il y aurait dans la population française seulement 3 à 4 % de végétariens. Cette proportion est différente selon les tranches d’âge avec une proportion plus importante chez les jeunes comparativement à leurs aînés. Une partie de ces adeptes d’une alimentation sans viande voire sans aucune protéine animale est particulièrement active pour chercher à rallier d’autres personnes à leur cause. Promouvoir sans relâche une alimentation excluant tout produit carné est même la mission que se sont donnée certaines associations. L’une des plus médiatisée, L214, prône d’ailleurs le « véganisme ». Un mode de consommation qui va bien plus loin que la seule absence de viande dans les assiettes, dans la mesure où cela consiste à ne consommer aucun produit ou service issu des animaux ou de leur exploitation, y compris porter des chaussures en cuir ou des vêtements en laine !

Des legs et des dons

« Qui finance ces associations ? », interrogeaient de nombreux congressistes. « D’après leurs dires, l’essentiel de leurs ressources est lié à des dons. Une part provient également de subventions octroyées par différents organismes pour financer certaines études », expliquait Jean-Luc Mériaux secrétaire général de l’UECBV.

Sur son site internet, l’association L214 explique par exemple que les dons et legs dont elle bénéficie lui permettent de « mener des enquêtes dans les élevages et les abattoirs, organiser de larges campagnes de sensibilisation aux conditions de vie des animaux, promouvoir une consommation éthique et œuvrer à une société respectueuse des animaux. » Le « buzz médiatique » faisant suite aux différentes actions menées par cette association lui permet d’élargir son audience à un nouvel auditoire au sein duquel il y a forcément de nouveaux donateurs potentiels.

Mieux appréhender les évolutions de la société française

« Je suis fermement convaincu que l’on doit inclure dans la formation agricole des données sociologiques pour permettre aux futurs éleveurs de mieux appréhender les évolutions de la société française. La zootechnie et la physiologie végétale c’est important. Informer les jeunes éleveurs sur les évolutions des comportements des consommateurs, cela l’est également », estimait Bruno Dufayet. Il est également important que les éleveurs soient mieux armés pour répondre à des interrogations sur ces sujets, que ces dernières soient formulées par des journalistes ou même tout simplement par des consommateurs faisant partie du cercle plus restreint de la famille et des amis.

« Il y a aussi une nécessité de travailler notre argumentaire de façon transversale à l’ensemble de la filière. Chacun de ses maillons doit être capable de parler du métier des autres. On a besoin de construire des argumentaires avec la caution scientifique d’instituts techniques et de l’Inra de façon à pouvoir étayer nos propos », précisait Denis Lerouge, directeur communication d’Interbev. Reste ensuite à diffuser le plus largement possible ces messages.

« Les militants antiviande ont une parfaite maîtrise de la façon dont fonctionne la plupart des différents médias. Ils sont aussi très à l’aise avec l’utilisation des réseaux sociaux, précisait Pascal Perri, économiste et ancien journaliste devenu chef d’entreprise. Trouvez-vous des ambassadeurs, des personnalités qui travaillent pour vous. Exprimez-vous sur les réseaux sociaux. Plus vous serez nombreux à y être présents et plus vos messages seront relayés et entendus. Il faut assumer son métier, être fier de ce que vous faites et ne pas avoir peur de l’afficher. »

Pour ce spécialiste de la communication et des médias, les acteurs de la filière viande gagneraient à avoir un discours plus offensif. 95 % des Français consomment régulièrement de la viande. Cela représente quand même une écrasante majorité. Ce serait un comble que 3 à 4 % des Français décident pour les 95 % restants !

Reste que trouver des artistes ou des représentants des médias résolument proviande et affichant ouvertement leur appétit pour cet aliment n’est pas chose facile. Le discours ambiant n’est pas favorable à ce genre de prise de position. Et il est plus facile d’aller dans le sens du vent plutôt que de chercher à remonter une rivière à contre-courant. Cela explique d’ailleurs pourquoi bien des prescripteurs d’opinions préfèrent s’afficher attablés dans un restaurant végétarien plutôt que devant une côte de bœuf même si cette dernière leur fait pour autant très envie.

« Nous nous devons d’être offensifs, mais de façon intelligente et structurée. Il faut assumer le fait d’être omnivore. Et être fier de dire que l’on représente 95 % des Français, soulignait Bruno Dufayet. Et d’ajouter : il y a quand même aussi des reportages et des émissions qui présentent l’élevage et la viande de façon positive ».

Bannir la vache P des viandes piécées

Un consommateur déçu rechigne à revenir aux achats. Le recul de la consommation s’explique aussi par des viandes de qualité insuffisante. Un steak décevant incite à opter pour des produits carnés issus d’autres espèces. « Certains animaux insuffisamment finis ne répondent pas à leur valeur d’usage. Il y a en France environ 20 % des bovins dont l’intégralité des muscles devraient aller sur le seul circuit du steak haché », s’agaçait Laurent Spanghero, ancien président de la FNICGV. Pour Gilles Gauthier, actuel président de cette fédération, toutes les carcasses classées 1 en état d’engraissement et les vaches notées P en conformation ne devraient pas pouvoir être vendues tranchées en UVCVI afin de ne pas prendre le risque de décevoir le consommateur. « On fait régulièrement ces propositions dans les congrès, mais elles ne sont toujours pas mises en application. On manque de courage ! »

La viande, une idée par jour

Faut-il manger de la viande tous les jours, plusieurs fois par jour ou une à deux fois par semaine ? Beaucoup de personnes ne savent pas comment se situer d’un point de vue fréquence de consommation. Pour donner des repères, des idées de recette et des informations sur la viande et ses à-côtés, l’interprofession a mis en place ce repère : la viande, une idée par jour : 365 raisons de ne plus s’en passer. Il s’appuie sur un site internet (laviande1ideeparjour.fr) avec tous les jours une information nouvelle sur cet aliment.

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