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En Espagne, deux systèmes de production coexistent

Si les systèmes de production espagnols sont diversifiés, les méthodes d’engraissement, elles, sont toutes plus ou moins calquées sur le même modèle. Standardisation et efficacité alimentaire sont leurs forces.

En Espagne, les ateliers d’engraissement se concentrent sur un premier bassin : Aragon et Catalogne, au Nord-Est, accueillent des petits veaux laitiers, croisés lait viande ou de jeunes veaux allaitants destinés à la production de carcasses légères (295 kgéc en moyenne), plébiscitées traditionnellement par les bouchers catalans pour leur prix attractif. « Cette zone, proche de la frontière française, achète à l’étranger un tiers des veaux engraissés, dont 68 % de l’autre côté des Pyrénées, dans les élevages laitiers du sud-ouest de la France, de l’Ouest et du Jura », détaille l’Idele.

Lire aussi | « La croissance de la production bovine espagnole arrive-t-elle à ses limites ? »

Un engraissement le plus rapide possible

L’engraissement des animaux, qui sont âgés de moins d’un mois à leur arrivée en sevrage, dure en moyenne dix à onze mois. « L’éleveur vise un engraissement le plus rapide possible »​​​​​​ grâce à une ration sèche hyperénergétique à base d’aliment et de paille à volonté, qui démarre après la phase en atelier de sevrage, soit à partir de 3,5 mois d’âge (110 jours). Avec des GMQ d’environ 1 600 g/j durant la période d’engraissement, les animaux atteignent 530 à 550 kg vif à l’abattage et sont abattus avant d’avoir 12 mois. « C’est notamment cet âge à l’abattage très jeune qui permet aux veaux de supporter l’alimentation », soulignent les auteurs.

Dans les deux autres régions au centre de l’Espagne, Castilla-y-Léon et Castilla-la-Mancha, les systèmes reposent sur les races allaitantes autochtones, souvent croisées avec des taureaux charolais ou limousins, ou bien sur les races françaises pures, détenues dans les élevages locaux ou via l’achat de broutards âgés de 8 à 10 mois. Les élevages, à la fois naisseurs engraisseurs ou engraisseurs spécialisés, produisent des jeunes bovins et génisses de 14 à 15 mois. « Pour le jeune bovin issu de broutards français, le GMQ se situe autour de 1,6-1,7 kg/jour et ils pourront atteindre jusqu’à 400-450 kgc (soit 700-750 kg vif avec un rendement carcasse de 61-62 %). Pour les races locales comme la race Avileña, les GMQ oscillent entre 1,4 kg/j et 1,7 kg/j. Les jeunes bovins de race locale ou croisés avec une race française atteignent un poids vif de 570-650 kg (320-360 kgéc avec un rendement carcasse de 56 %) », détaille l’Idele. L’engraissement est là encore relativement court : entre six et dix mois selon les types génétiques. La conduite alimentaire varie peu selon la taille d’élevage ou le système de production et correspond à celle des veaux laitiers après sevrage.

Des charges fixes réduites au minimum

En termes de coût, si le poste de l’alimentation pèse lourd (70 à 80 % du coût de production hors achat de l’animal), les charges fixes sont, elles, bien maîtrisées. Les bâtiments sont simples, souvent semi-ouverts sur terre battue. « Le temps de travail ramené par bovin est faible avec une alimentation prête à l’emploi et un paillage réduit », ajoutent les auteurs. Et le cycle de production étant court (moins d’un an entre l’entrée en sevrage et la sortie pour abattage), le nombre de kilo de viande produit se voit multiplié par travailleur, ce qui réduit encore le poids de la main-d’œuvre dans le coût de production.

Lire aussi | Les solutions de la filière bovine espagnole face à la crise

Coopératives et vétérinaires assurent un suivi rapproché

Qu’ils soient installés en atelier de veaux laitiers ou de broutards allaitants, à la tête de petites ou grandes structures, les éleveurs sont encadrés tout au long du cycle de production. C’est leur coopérative qui chapeaute le tout. Afin d’assurer des lots homogènes et de qualité dans chaque unité, elle assure l’achat en gros des veaux à engraisser, sélectionnés et triés au préalable. C’est aussi elle qui fournit les aliments lactés et solides. « Les coopératives emploient par ailleurs des vétérinaires, qui s’occupent du suivi technico-sanitaire. Elles organisent ensuite la collecte et la commercialisation des bovins », fait savoir l’Idele. Et sur le volet sanitaire, tout le monde est logé à la même enseigne. Vaccination systématique à l’arrivée pour se prémunir contre trois à six maladies respiratoires et digestives (1), traitement antibiotique si nécessaire et vermifugation durant l’engraissement. « Des vétérinaires salariés des coopératives visitent toutes les semaines les élevages intégrés et tous les coopérateurs qui le souhaitent, pour assurer le suivi. » Les frais vétérinaires (médicaments, vaccins) s’élèvent à 35-40 euros/veau engraissé, en phase post-sevrage.

(1) Le plus souvent : BVD, RSV et entérotoxine, puis IBR (et vaccination contre la FCO dans certaines zones et contre la pasteurellose en broutard).

Pour en savoir plus, retrouvez le dossier complet Économie de l’élevage de l’Idele n° 542, daté de septembre 2023 : La viande espagnole affiche ses ambitions qui paraîtra début novembre 2023.

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