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Du croisement pour améliorer conformation et précocité

Pascal Regourd insémine une grande partie de son cheptel Limousin avec des taureaux Inra 95 et un peu de Blonde d’Aquitaine pour améliorer les qualités bouchères de ses veaux d’Aveyron.

Lorsque le marché est un peu poussif, un croisé sera toujours préféré à un veau de race pure, affirme Pascal Regourd. Il est éleveur à La Capelle-Bleys en Aveyron, au cœur de la zone veau d’Aveyron et du Ségala, avec un cheptel de 85 Limousines conduit en insémination. Depuis quinze ans, il fait du croisement avec des taureaux Inra 95 et Blond d’Aquitaine. Il y est venu progressivement. Mais, ces dernières années, il est passé à la vitesse supérieure car, suite à un épisode de paratuberculose, il ne produit plus, pour l’instant, son renouvellement. Il achète des génisses d’un an. Seul sur son exploitation, il vise la simplification du travail et la facilité de vêlage. La majorité des mises bas se déroule de fin mars à fin novembre. Pour ne pas prendre de risque, il fait inséminer les primipares (20 % du cheptel) avec des Limousins agréés qualités bouchères. En deuxième année, sur celles qui ont eu un vêlage un peu plus difficile, il met un taureau Blond bien indexé en facilité de naissance (Poker). Il utilise aussi du Blond (Gazou…) sur les vaches « grossières » pour améliorer la finesse et le rendement. Environ 20 % du cheptel est inséminé en Blond. Sur les 60 % restants, il met des taureaux Inra 95, notamment parmi les nouveaux du catalogue (Full, Hercule), qui présentent un bon compromis entre conformation et facilité de naissance.

« Des veaux très recherchés par les Italiens »

« Les éleveurs de veau d’Aveyron et du Ségala font du croisement Inra 95 pour améliorer la conformation, le rendement carcasse et la précocité de finition, explique Jean-Michel Couzy de la coopérative d’IA Coopelso. Ils obtiennent au minimum du U = ou U +. Sur les veaux femelles en particulier, on met plus facilement du poids entre 300 et 400 kilos avec du croisement. Avec un taureau Limousin à vêlage facile, elles plafonnent plus vite. En choisissant les mêmes taureaux, ils ont aussi plus de régularité. Les pères et mères des taureaux proposés sont connus et ont fait leurs preuves. De plus, ils sont indexés sur la couleur de viande et la couleur de robe. Au niveau de la coopérative, sur les troupeaux Limousins en production de veau d’Aveyron qui font de l’insémination, 50 % des IA sont réalisées en Inra 95, 25 % en Blond et 25 % en Limousin. » Pour un veau label, l’idéal de poids se situe entre 350 et 400 kilos vif. Mais, Pascal Regourd apprécie encore plus le croisement pour les veaux non labellisés (environ 40 %) qui sont expédiés sur le marché italien via son groupement (Unicor). Il les alourdit un peu plus (450 kg). « Ces veaux précoces et bien conformés sont très recherchés », dit-il. La différence de valorisation est surtout sensible en effet sur les veaux non labellisés et encore plus sur les non labellisables (voir tableau).

Des semences sexées pour le renouvellement

L’épisode de paratuberculose étant terminé, Pascal Regourd va de nouveau produire son renouvellement et donc modifier sa stratégie de reproduction. Plusieurs raisons le poussent à cela. Les risques sanitaires sont moindres par rapport à l’achat. Les animaux manipulés dès leur jeune âge sont plus dociles. Élever ses génisses lui permet de valoriser des parcelles éloignées et de soulager la stabulation principale (56 places) où il fait téter les veaux, en logeant les mères des génisses dans un autre bâtiment. Il les insémine en deux lots (août et décembre-janvier) de sorte qu’elles soient confirmées pleines à la mise à l’herbe. Il peut ainsi les conduire comme des broutardes. Sélectionner les futures reproductrices lui permet enfin de faire du cumul génétique. Auparavant, pour produire son renouvellement, il inséminait 30 à 35 vaches avec des taureaux Limousins agréés qualités maternelles afin d’obtenir une quinzaine de génisses. Désormais, il va utiliser des semences sexées. Avec 25 premières IA sexées (30 % du cheptel), il devrait avoir son lot de génisses. « Nous proposons six taureaux agréés qualités maternelles en semences sexées », précise Jean-Michel Couzy. Elles coûtent cher, environ 45 euros, mais, il pourra ainsi continuer à faire le maximum de croisement. La bonne maîtrise de la reproduction lui permet de jouer cette stratégie. Le taux de réussite à la première IA est de 75 % pour les vaches et de 80 % pour les génisses. « Ce que j’apprécie aussi dans l’insémination, c’est le suivi de reproduction et le suivi génétique qui vont avec. Mais, je peux faire de l’IA parce que les vaches rentrent matin et soir, la production s’y prête bien. »

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