Alimentation
Des acides gras polyinsaturés pour réduire les émissions de méthane par les bovins
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Comment réduire la production de méthane par les bovins ? Beaucoup d´études portent sur le sujet, et il n´y a pas de solution idéale pour l´instant. L´apport d´acides gras insaturés est la voie la plus prometteuse.
Chez le ruminant, le méthane est produit naturellement pendant la fermentation des aliments dans le rumen, et il est rejeté dans l´air essentiellement par voie orale (à 95 %) au cours d´éructations et très peu par flatulences (5 %), contrairement à une idée répandue. Ce méthane est signe de bon fonctionnement du rumen, mais il est également un puissant gaz à effet de serre.
« Le méthane éructé constitue une perte en énergie estimée à 6 à 10 % de l´énergie brute ingérée, rapporte Cécile Martin de l´Inra de Theix. La réduction de la méthanogenèse a donc aussi un intérêt nutritionnel. »
L´élimination des protozoaires du rumen, l´ajout de différents types de bactéries, une technique de vaccination contre les micro-organismes du rumen qui produisent du méthane ont été testés de par le monde. Des plantes ou extraits de plantes (ail, piment, yucca, rhubarde) sont aussi étudiés.« Ces voies ne répondent pas pour l´instant au triple objectif d´efficacité à long terme, de sécurité pour l´animal et l´homme, et de coût, analyse Cécile Martin. Par contre les diacides organiques (aspartate, malate ou fumarate) si le problème de leur coût était résolu pourraient s´avérer intéressants. » Il s´agit de substances naturellement présentes dans des plantes consommées par les bovins, qui capturent l´hydrogène formé dans le rumen avant que les micro-organismes ne soient capables de le transformer en méthane.
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Vache appareillée pour mesurer son émission de méthane. ©Inra- Christophe Maître |
Orienter les fermentations du rumen
Une équipe de chercheurs de l´institut Rowett d´Aberdeen au Royaume-Uni a mis au point une technique d´encapsulation du fumarate. D´après leur essai de cette année sur des agneaux, l´additif ainsi formulé permettrait de réduire de 75 % la quantité de méthane rejetée et par la même occasion d´améliorer l´efficacité alimentaire de 20 %.
Les acides gras polyinsaturés et en particulier l´acide linolénique (ALA) ont aussi un intérêt pour réduire la formation de méthane dans le rumen. L´ALA inhiberait les micro-organismes producteurs ou utilisateurs de l´hydrogène ruminal qui sert de matériau de base pour la formation du méthane. Un essai sur agneaux a montré qu´une ration à 2,5 % d´huile de lin, source d´ALA, a diminué la production de méthane de 10 %.
Une autre voie pour réduire la production de méthane pourrait être de modifier les systèmes d´élevage. « Une diminution de la méthanogenèse passe essentiellement par une intensification. L´augmentation de niveau d´ingestion et du pourcentage de concentré dans la ration permettent de réduire les émissions ramenées au litre de lait ou au kilo de viande produit. » L´augmentation du niveau d´ingestion réduit le temps de séjour des aliments dans le rumen et de ce fait la méthanogenèse. Et les concentrés, en particulier ceux riches en amidon, sont à l´origine d´une orientation des fermentations dans le rumen qui défavorise la formation de méthane.