« Avec le robot d'alimentation, nous avons réorganisé le travail et gagné sur les performances des vaches laitières et des jeunes bovins »
Au Gaec Maillard, dans l’Orne, l’automate Aura de Kuhn a trouvé sa place pour faire gagner du temps et réduire la pénibilité du travail des deux associés et de leurs salariés. Une amélioration notable des performances du troupeau laitier et des jeunes bovins charolais est mesurée.
Au Gaec Maillard, dans l’Orne, l’automate Aura de Kuhn a trouvé sa place pour faire gagner du temps et réduire la pénibilité du travail des deux associés et de leurs salariés. Une amélioration notable des performances du troupeau laitier et des jeunes bovins charolais est mesurée.
![<em class="placeholder">éleveur robot d'alimenation</em>](https://medias.reussir.fr/bovins-viande/styles/normal_size/azblob/2025-01/_rbv334_doss_gaecmaillardaura_niv1_01.jpg.webp?itok=b_1UdWqK)
![<em class="placeholder">robot d'alimentation Kuhn Aura silo désilage autonome</em>](https://medias.reussir.fr/bovins-viande/styles/normal_size/azblob/2025-01/_rbv334_doss_gaecmaillardaura_niv1_03.jpg.webp?itok=eU1ON2hn)
![<em class="placeholder">jeunes bovins charolais engraissement</em>](https://medias.reussir.fr/bovins-viande/styles/normal_size/azblob/2025-01/_rbv334_doss_gaecmailardaura_niv1_02.jpg.webp?itok=b7QPowL6)
Depuis 2022, un automate de présérie Kuhn Aura est en service chez Anthony et Nicolas Maillard, à Saint-Bômer-les-Forges dans l’Orne. Robotiser la distribution de l’alimentation des vaches laitières et des jeunes bovins charolais a constitué pour les deux frères une étape de plus dans l’adaptation de leur exploitation. Ils travaillent avec un robot de traite depuis 2008, et en 2018, ils ont mis en route une unité de méthanisation.
« Un de nos salariés, qui travaille avec nous depuis vingt-trois ans, désilait auparavant de huit heures à midi. Maintenant, il s’occupe des veaux à la place de notre père, et c’est lui aussi qui est chargé de tout ce qui tourne autour du robot », explique Anthony Maillard. En semaine, les éleveurs estiment avoir libéré 2 à 2,5 heures de travail par jour pour chacun. Le samedi matin, les deux associés n’ont qu’un tour à faire en un quart d’heure, alors qu’avant l’un d’entre eux avait quatre heures de désilage à faire.
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Le travail d’astreinte pour la distribution de l’alimentation est désormais succinct. Il y a certes toujours les silos à découvrir, et un petit nettoyage de leurs abords est à assurer une fois par semaine. La gestion des refus dans les auges revient à peu près deux fois moins souvent qu’avant. Il y a en revanche deux cases à approvisionner avec les fourrages secs (foin ou enrubannage, paille), à raison d’une fois tous les trois jours à peu près.
C’est le seul aménagement que les éleveurs ont eu à réaliser pour installer l’automate : quatre cellules équipées de vis (pour le blé, le maïs, le tourteau de soja et le tourteau de colza) et deux cases au même endroit permettent un chargement rapide de l’automate.
Le bol de 3 m3 avec deux vis verticales fonctionne de 4 heures du matin à 21 heures tous les jours. Dix-neuf rations différentes – quinze pour le troupeau laitier des génisses de 6 mois aux vaches de réforme, et quatre pour les jeunes bovins charolais – sont distribuées à heures régulières. En presque trois ans de fonction, la machine a déjà 16 000 heures au compteur.
Un gain de 15 kg de poids de carcasse
Pour les 350 jeunes bovins charolais engraissés chaque année, la ration est formulée avec les mêmes aliments qu’avant l’arrivée du robot. Les éleveurs la distribuaient auparavant avec une mélangeuse une fois par jour en semaine, et une fois dans le week-end. La ration était repoussée une fois, et les refus étaient retirés tous les jours à tous les deux jours. Deux ou trois rations étaient ajustées sur la période d’engraissement. Désormais, ce sont quatre phases qui sont définies. Les broutards reçoivent une ration foin et concentrés à leur arrivée. La ration est constituée en fin d’engraissement de 21 kg brut d’ensilage de maïs, 1,5 kg brut d’ensilage d’herbe, 2,2 kg brut de blé, 1,5 kg brut de maïs grain et 1,8 kg brut de tourteau de soja avec des minéraux.
Deux distributions par jour sont assurées pour les plus jeunes, et en deuxième partie de l’engraissement, le robot passe à trois distributions par jour. « Avec plus de stimulation et du fourrage plus frais, les performances de croissance des jeunes bovins ont progressé et les poids de carcasse moyens ont gagné 15 kg », a expliqué le conseiller de Littoral normand lors d’une porte ouverte organisée en novembre 2024. Les jeunes bovins sont vendus en moyenne à l’âge de ? mois à un poids moyen de ? kilos de carcasse. « Ils sont calmes. La compétition à l’auge est limitée grâce à la multidistribution. »
5 % de gaspillage en moins de la ration
Les refus ne sont plus à retirer qu’une fois tous les trois jours. Les éleveurs ont chiffré avoir réduit de 5 % les pertes de fourrage – une économie qui représente l’équivalent de la production d’un hectare sur vingt. Le risque d’ingestion de corps étrangers est réduit, car l’effet de l’aimant disposé sur une des vis dans le bol porte sur un faible volume de ration (maximum 1,1 tonne).
Le fonctionnement de l’automate a toujours été conforme aux attentes des éleveurs. Son interface sur Smartphone est intuitive et permet d’agir immédiatement. L’investissement total de 260 000 euros comprend la mélangeuse automotrice autonome Aura, mais également les périphériques tels que la base GPS pour le guidage à l’extérieur, le routeur et les relais Wi-Fi pour le pilotage des vis de chargement des concentrés.
Fiche élevage
Une automotrice modèle réduit autonome
L’automate Aura de Kuhn assure les fonctions de chargement, pesée, mélange, distribution et repousse de l’alimentation. Il libère ainsi de l’astreinte liée au déplacement des stocks d’un lieu à un autre. Le sol n’a pas besoin d’aménagement particulier pour que l’automate se déplace. D’autre part, il est simple – sous la supervision des techniciens habilités – de modifier les circuits, si par exemple un nouveau silo est mis en service ou bien un changement dans les bâtiments est opéré.
Aura est déployé commercialement depuis 2021 en France avec des machines de présérie. Celles-ci sont en service essentiellement en élevage laitier bovin et caprin, mais également en engraissement spécialisé de jeunes bovins.
« Nous positionnons Aura pour la délégation de travaux. C’est comme si un chauffeur d’automotrice en Cuma venait faire le travail de distribution de l’alimentation », présente Pierrick Blanchard, responsable commercial et marketing chez Kuhn Audureau, tirant le bilan de ces premières années en élevage.
« Aura est une machine agricole. On estime qu’une valeur de revente va se révéler et des packs de reconditionnement sont à l’étude », ajoute-t-il. L’automate fait toujours l’objet de recherches et va encore évoluer. Une version électrique est même à l’étude, alors qu’aujourd’hui aucun système électrique ne désile de fourrages. Aura fonctionne au GNR, à raison de 3,8 litres de consommation moyenne à l’heure.
Deux à trois kilos de lait en plus par jour
Le passage à une distribution automatisée de l’alimentation s’est traduit par une amélioration des performances des vaches laitières au Gaec Maillard. « La production a progressé de deux à trois kilos de lait par jour, et la fréquentation du robot est en hausse, avec + 0,2 passage par jour », a présenté ? conseiller chez Littoral normand lors d’une porte ouverte organisée en novembre 2024. Le troupeau produit 11 000 kg de moyenne par vache (TB 44 et TP 34,8).
La ration était auparavant distribuée avec une mélangeuse une fois par jour et repoussée deux fois. L’automate réalise désormais six distributions par jour. « Les primipares sont les plus grandes bénéficiaires, car avec la multiplication des distributions, elles trouvent davantage de disponibilité à l’auge et arrivent mieux à prendre leur 'part du gâteau'. »
Pour les vaches taries, la distribution est restée quotidienne, mais des lots sont définis et la préparation au vêlage est fignolée.
Les génisses sont désormais conduites en deux lots avec deux distributions par jour (contre un lot et une distribution par jour auparavant). Un à deux mois ont été gagnés sur l’âge à l’IA, et l’âge moyen au premier vêlage est passé de 26 à 24 mois.