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De nombreux freins à l’export pour la filière viande bovine

FranceAgriMer apporte dans un rapport publié le 25 juin 2021 des éléments d’analyse sur la compétitivité de la viande bovine. Un groupe de travail de professionnels de la filière a identifié les freins.

Les exportations de viande sont aujourd’hui très faibles du fait d’une compétitivité dégradée.
Les exportations de viande sont aujourd’hui très faibles du fait d’une compétitivité dégradée.
© C. Delisle

Le groupe de travail « filière bovine vif et viande » composé de professionnels a noté que les exportations de viande sont aujourd’hui très faibles du fait d’une compétitivité dégradée, et « reposent plus sur la nécessité d’équilibre carcasse et de valorisation de tous les morceaux ». De grosses inquiétudes ont été relevées pour le marché de l’export en vif sur la question du bien-être animal et le transport des animaux vivants. Il est noté toutefois la possibilité d’un effet positif, comme avec l’Allemagne qui se désintéresse du porc ce dont bénéficie la viande bovine.

La réglementation pour l’abattage rituel permet à la France d’être correctement placée pour l’export de viande, relève ce rapport. « Le marché est en croissance, le produit français convient bien et est reconnu pour sa qualité. Le sujet est sensible et il est difficile à discuter avec un risque de se couper des marchés si le sujet n’est pas traité et négocié (ONG, culte, pays clients). L’étiquetage du mode d’abattage pourrait pénaliser la filière. »

De nombreux freins réglementaires

Le statut vis-à-vis de l’ESB de la France est actuellement défavorable pour l’export, et le groupe de travail s’inquiète que la France ne puisse accéder au statut favorable de « pays à risque négligeable » dès mai 2022 si les négociations à l’OMC sont en retard. Le statut FCO balise aussi toujours le terrain avec des contraintes sanitaires et des embargos de la part de pays tiers (la Russie est fermée, certains pays sont ouverts avec de fortes contraintes). Et la Loi de santé animale apporte depuis cette année un fort risque que les opérateurs se détournent de certains marchés.

Enfin la PAC pour la période 2023-2027 induirait une moindre rentabilité des troupeaux allaitants sans adaptation, avec le risque d’une diminution de leur production. Les accords de libre-échange font bien sûr partie de la liste « pour la concurrence déloyale des importations en termes de prix, mode d’élevage et qualité des produits ».

Au niveau des élevages ont été identifiés l’image dégradée du métier d’éleveur à cause du faible revenu dégagé et du lobbying d’ONG, et le décalage avec notamment l’Espagne et la Pologne qui ont monté leurs filières d’engraissement.

Et des freins structurels

Au niveau des entreprises agroalimentaires, un manque d’investissements a été souligné, que pourrait combler en partie le plan de relance avec son volet modernisation des abattoirs. « Des économies d’échelle sont faites chez nos concurrents dans les grands groupes. Accéder à de nouveaux marchés exports représente un coût important — des outils performants, des services qualité, des audits stricts — et le rapport bénéfice/coût n’est pas évident sur certaines destinations. »

En dehors du prix, le groupe de travail a mis en avant le facteur de compétitivité du savoir-faire pour les différents maillons de la filière, qui existe bien mais se fragilise. « La formation est un outil essentiel mais ne suffit pas pour inverser la tendance, liée à l’image négative des métiers de la viande. » Trouver du personnel est une difficulté dans certaines régions.

« L’hétérogénéité de la production française est un frein pour répondre aux marchés mondiaux, de même que la tendance nationale au rapprochement des zones de consommation, avec des outils à taille modérée. » Avancer sur les marchés mondiaux nécessite en effet de disposer d’animaux semblables en grand nombre et d’outils de grande capacité.

Un solde commercial positif autour de + 140 000 téc

« En sommant viande et vif, le solde commercial négatif des viandes est contrebalancé par les exportations de bovins vivants. Ainsi, la balance commerciale française est positive, à un palier autour de +140 000 téc depuis 2016 », rappelle FranceAgriMer. Du côté des exportations, la France se situe en 15e position mondiale en 2019 pour la viande bovine et en 12e position mondiale pour les importations. C’est en revanche le premier exportateur mondial de bovins vifs du monde, devant l’Australie et le Mexique.

 

Lire aussi : Coût de production : un indicateur complexe et différents scénarios à définir

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