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Biostimulants issus d'urine fermentée : Toopi Organics lève 16 millions d’euros pour construire deux usines

La jeune entreprise spécialisée dans la collecte et la transformation de l’urine humaine en biostimulants microbiens pour l’agriculture annonce la construction de deux sites de production et le développement de trois nouveaux produits.

développement
Alexandra Carpentier, directrice générale de Toopi Organics et Michael Roes, son co-fondateur et président, tablent sur un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en 2027 pour deux millions de litres d’urine collectés.
© Toopi Organics

Toopi Organics, la jeune entreprise de biotechnologie spécialisée dans la collecte et la transformation d’urine humaine en biostimulants pour l’agriculture, a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, avoir sécurisé 16 millions d’euros pour financer son déploiement industriel et commercial en France et en Belgique.

Ce tour de table est composé d’une série A de 11 millions d’euros et de près de 5 millions d’euros de fonds non-dilutifs. Le fonds VisVires New Protein (investisseur historique d’Ynsect) a mené cette levée de fonds, suivi des fonds à impact Edaphon, Noshaq et MAIF Impact, ainsi que de BNP Paribas Développement. Les investisseurs historiques, dont IRDI, JOHES, et MakeSense, ont également participé à ce tour de financement.

 

Première utilisation du biostimulant Lactopi Start en Belgique

Spécialisée dans la collecte et la transformation de l’urine humaine en biostimulants microbiens pour l’agriculture, Toopi Organics a vu le jour en Gironde en 2019. La société, qui compte aujourd’hui 27 salariés, a obtenu en 2022 l’autorisation de commercialiser son premier produit urino-sourcé dans six pays de l’Union Européenne. Il s’agit de Lactopi Start, un biostimulant issu de la fermentation de l’urine humaine pour le remplacement partiel (jusqu’à 50 %) des engrais chimiques.

Au printemps, nous avons utilisé 10 000 litres pour couvrir 400 ha de betteraves, chicorée, maïs et pommes de terre

Sa commercialisation a commencé en Belgique et ce produit bénéficie d’un bon retour selon Etienne Tavier, responsable spécialités et engrais UAB de la SCAM (Société coopérative agricole de la Meuse) basée en Wallonie : « Au printemps, nous avons utilisé 10 000 litres pour couvrir 400 ha de betteraves, chicorée, maïs et pommes de terre, à raison d’environ 25 à 30 litres par hectare. Les essais ont été concluants, dès le démarrage, les cultures ont bien réagi avec un système racinaire qui s’est bien développé. Du coup, pour cet automne, nous repartons avec 10 000 nouveaux litres pour le colza et les céréales ».

Collecter et transformer deux millions de litres d’urine en 2027

Lauréat des prix i-LAB, i-NOV, d’un appel à projet France 2030 et bénéficiaire d’un contrat à impact social de l’Ademe, Toopi Organics a pour objectif de fermenter plus de 2 millions de litres d’urine en 2027, contre 250 00 l aujourd’hui. Pour ce faire, deux usines vont être construites, une en France à côté du site actuel de Loupiac-de-la-Réole (achèvement prévu en 2025), et une autre en Belgique, dans la province de Liège (achèvement prévu en 2027). « La capacité de production faisait défaut » explique Michaël Roes, co-fondateur président de Toopi Organics.

Outre ces deux sites, les 16 millions d’euros vont aussi servir à la commercialisation de trois nouveaux produits : « Un servira à capter l’azote atmosphérique pour toutes les cultures, le deuxième apportera une meilleure résistance au stress hydrique et le troisième captera l’azote atmosphérique pour des cultures spécifiques » précise Alexandra Carpentier, directrice générale de Toopi Organics.

15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2027

L’objectif est donc de collecter, lors de grands événements comme les JO de 2024 ou la Coupe du monde de rugby (village rugby de Bordeaux) ou encore lors des grands festivals et dans les bâtiments accueillant un public nombreux, et de transformer plus de 2 millions de litres d’urine en Europe en 2027 (un million de litres pour chaque nouveau site), évitant ainsi de souiller plus de 24 millions de litres d’eau potable aux toilettes, d’éviter 50 000 t d’émissions de CO2 et l’épandage de 10 000 t d’engrais chimiques, selon l’entreprise. Les prévisions de chiffres d’affaires sont de 3 millions d’euros en 2025 et de 15 millions d’euros en  2027.

Interrogé sur l'installation de micro-usines à la ferme, Michaël Roes a répondu : « Techniquement, ce n'est pas possible, mais à l'échelle territoriale, on y pense. Les modèles économiques possibles sont nombreux ».

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