Mâche bio : quelles sont les spécificités de la culture dans le Sud-Est
La mâche peut faire partie de la rotation en hiver des maraîchers bio dans le Sud-Est. Cette culture présente certaines spécificités qui ont été étudiées par le Grab. [Texte : Catherine Mazollier, Grab]
Dans le Sud-Est, la mâche est une des cultures de diversification en hiver sous abris pour les maraîchers bio. Elle permet d’assurer une rotation des familles, en alternance avec les cultures de salade, d’épinard, de persil… De plus, c’est une espèce non sensible aux nématodes à galles Meloidogyne. Très peu de ravageurs attaquent la mâche, mais les risques de maladies sont assez importants. Phoma, Sclerotinia, Rhizoctonia, oïdium peuvent réduire le rendement potentiel et allonger le travail de récolte.
Contrairement au Val de Loire, où le semis direct est pratiqué, la mise en place se fait dans le Sud-Est avec des plants en motte (type salades), à raison de six graines par motte en moyenne, plantés généralement sur paillage plastique à une densité de 28 à 44 plants par mètre carré. Le potentiel de rendement est assez variable selon les variétés, ainsi que les conditions et la durée de culture. À la densité de 32 plants par mètre carré, il varie entre 1 kilo par mètre carré et 1,8 kilo par mètre carré.
La mâche est assez sensible aux à-coups climatiques et montre souvent des désordres de croissance en condition de forte chaleur : feuilles en cuillère et risques de montaison. En conditions gélives, notamment si les températures descendent durablement en dessous de -5 °C, on observe des nécroses et des crispations du feuillage. Les variétés présentent des différences de sensibilité assez importantes à ces problèmes.
Mâche à petites graines aux feuilles petites et rondes
Le type variétal retenu dans le Sud-Est est celui des mâches à petites graines, dont les feuilles, petites et rondes, correspondent davantage à la demande du marché que les variétés à grosses graines, dont les feuilles sont très longues. Cette culture est coûteuse en plant et exigeante en main-d’œuvre lors de la plantation, en raison des fortes densités. Elle est également longue à récolter et conditionner, notamment si la présence de feuilles jaunes impose un tri important à la coupe.
Par ailleurs, les débouchés commerciaux sont limités, et les risques sanitaires ou de montaison sont assez importants si la culture doit patienter. Le planning de production est assez resserré et permet des récoltes essentiellement de mi-décembre à mi-février.
Cela correspond à un semis réalisé entre fin septembre et mi-octobre et une plantation entre le 10 et le 20 octobre. Les créneaux situés avant et après cette période de culture idéale (récolte en automne ou en fin d’hiver) sont risqués, car ils présentent un risque de montaison.
Toutes les variétés disponibles sont des variétés populations, il n’y a pas d’hybrides F1. En AB, si les variétés souhaitées ne sont pas disponibles en semence biologique, il est possible d’obtenir une dérogation en semence conventionnelle non traitée. Des essais réalisés en 2006-2008 puis en 2018-2019 par le Groupe de recherche en agriculture biologique (Grab) ont permis d’évaluer différentes variétés et densités de culture en production biologique hivernale sous abri. Onze variétés disponibles en semences biologiques ou conventionnelles non traitées ont été observées à la densité de culture de 32 plants par mètre carré, avec des mottes salades (six graines par motte).
Trophy la plus intéressante sur les trois créneaux
Les essais ont visé trois périodes de culture : plantation le 23 octobre et récolte le 14 décembre pour le premier ; plantation le 19 novembre et récolte le 1er février pour le deuxième ; plantation le 19 décembre et récolte le 20 février pour le troisième. La variété la plus intéressante sur les trois créneaux est Trophy (Clause), ce qui confirme les observations en culture et les résultats des essais antérieurs du Grab. Elle associe un bon rendement, une belle présentation et une bonne tolérance à la montaison.
Les quatre autres variétés de Clause présentent un intérêt moindre que Trophy. Gala, proche de Trophy et désormais disponible en semence biologique, présente cependant présente des feuilles très ternes au troisième essai. Princess est seulement intéressante dans le troisième essai.
Un bon potentiel de rendement
Festival est davantage intéressante au troisième essai que dans le deuxième. Agathe présente peu d’intérêt : rendement plus faible, feuille assez terne souvent en cuillère, sensibilité à la montaison.
La variété Calarasi (Rijk Zwaan) présente un bon potentiel de rendement et sa feuille est foncée et brillante, mais elle présente une sensibilité à la montaison dans le troisième essai. Trois variétés disponibles en semence biologique sont peu adaptées à la production hivernale : Vit, Baron et Granon. Leurs feuilles sont souvent ternes, crispées, parfois bordées et leur rendement souvent inférieur. Granon et Vit ont été sensibles à la montaison. Enfin, Elan et Match ne sont pas recommandables dans ces conditions de culture, même si leur comportement est meilleur dans le troisième essai.
Quelle densité optimale de plantation ?
Avec un paillage classique, une densité de 32 plants par mètre carré (plants à 12,5 cm sur la ligne) présente le meilleur compromis, d’après les essais du Grab. Cette densité assure un rendement supérieur à la densité 28 plants par mètre carré (plants à 14,3 cm). Alors qu’au-delà de 32 plants par mètre carré (densités 36 et 40 plants par mètre carré testées), non seulement le rendement n’augmente pas, mais il y a davantage de feuilles jaunes et les risques de Sclerotinia sont accentués.
Avec un paillage « spécial mâche », une forte densité de 44 plants par mètre carré permet un développement convenable des plantes, sans incidence négative au niveau sanitaire. Elle assure un gain de rendement variable selon les conditions de culture. Ainsi, dans les essais du Grab, la forte densité assure des gains de rendement respectifs de 500 et 400 grammes par mètre carré pour les récoltes de mi-décembre et début février, comme dans les essais de 2008, mais aucun gain pour la culture récoltée fin février. Il conviendra de valider ces résultats et d’en étudier les aspects financiers (surcoût des plants et de la main-d’œuvre de plantation, à comparer au gain de chiffre d’affaires obtenu).