Bien maîtriser l’arrêt de la réduction des dents des porcelets
Des pistes concernant à la fois les porcelets et les truies permettent d’arrêter la réduction des dents des porcelets tout en limitant les risques de blessures.
Des pistes concernant à la fois les porcelets et les truies permettent d’arrêter la réduction des dents des porcelets tout en limitant les risques de blessures.
Les porcelets naissent avec huit dents de lait correspondant aux canines et à la troisième paire d’incisives. Elles sont très pointues, positionnées verticalement (droites) et légèrement vers l’extérieur de la gueule. Cette disposition est particulièrement efficace lors de combats entre porcelets (coups de tête vers le côté) et confère donc un véritable avantage à ceux qui sont les « mieux équipés ». Elles leur permettent ainsi de s’approprier une ou deux tétines sur la mamelle de la truie et de les défendre ensuite. Une fois les tétines attribuées, les combats sont beaucoup plus rares. Compte tenu de leurs caractéristiques, ces dents sont susceptibles de causer des blessures à la mamelle, de l’inconfort chez la truie ou des lésions sévères lors de combats entre les porcelets. La réduction des dents réalisée peu après la naissance sur les porcelets a pour objectif de réduire ces risques. Les avis scientifiques sont cependant partagés sur les bénéfices réels de cette opération. Si plusieurs études ont montré un plus grand nombre de lésions sur les porcelets et les truies avec des dents intactes, d’autres n’ont pas observé ces phénomènes.
Limiter la concurrence à la mamelle
En pratique, la décision d’arrêt de la réduction des dents ou non dépend principalement des blessures observées sur la mamelle de la truie et sur les porcelets. Plusieurs études ont montré que les truies avec de grandes portées avaient un plus grand nombre de lésions à la mamelle. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène : plus de combats entre porcelets, intensité de tétée plus importante ou encore plus de couchage ventral pour ces truies qui sont fortement sollicitées. Certaines contraintes du milieu comme les barreaux des cages ou la position de la truie peuvent réduire le nombre de tétines disponibles à un instant donné. Dans de tels cas, les porcelets engageront plus facilement des combats pour accéder à une tétine ou défendre la leur. Il faudra aussi veiller à une bonne production laitière qui passe par la sélection de truies bonnes laitières, la mise à disposition de matériaux de nidification (favorisant la montée en lait) et la fourniture de nourriture et d’eau de qualité en quantité suffisante. En permettant à chaque porcelet d’obtenir une quantité de lait suffisante, la probabilité de combats est diminuée et la mamelle probablement moins sollicitée. Par ailleurs, les sols très abrasifs, les extrémités des barreaux des cages de contention ou les onglons des truies sont sources de blessures pour les mamelles et tétines des truies et devront donc faire l’objet de vigilance.
Risque de lésions, même avec le meulage
Les deux méthodes utilisées sur le terrain (épointage avec une pince et limage avec une meuleuse) induisent des lésions importantes aux dents des porcelets : fractures, hémorragies, abcès… Ces lésions sont cependant plus sévères lorsque la réduction est réalisée à la pince. Même si les manifestations physiologiques et comportementales sont faibles, il est probable que ces lésions soient douloureuses. De plus, elles sont autant de points d’entrée potentiels pour les pathogènes présents dans l’environnement des porcelets, augmentant d’autant le risque d’infection. Comme pour la caudectomie, la réglementation interdit la réduction des dents en routine. Elle doit être pratiquée « uniquement lorsqu’il existe des preuves que des blessures causées aux mamelles des truies ou aux oreilles ou aux queues d’autres porcs ont eu lieu ». Elle impose par ailleurs de prendre des mesures adaptées pour prévenir ces blessures. La réglementation précise aussi, que la réduction des dents doit avoir lieu dans les 7 premiers jours de vie. La technique utilisée doit laisser « une surface lisse, intacte et non blessante pour la truie et le porcelet ». C’est pour cette raison que la section à la pince ne devrait plus être pratiquée.