Bâtiment d'élevage : « La ventilation dynamique est devenue indispensable dans notre atelier d’engraissement »
Le Gaec de Buysse, dans l’Aisne, fait tourner les ventilateurs en continu depuis l’installation d’un système de ventilation dynamique dans leur bâtiment d’engraissement. La santé et les performances de croissance des taurillons s’en trouvent améliorées.
Le Gaec de Buysse, dans l’Aisne, fait tourner les ventilateurs en continu depuis l’installation d’un système de ventilation dynamique dans leur bâtiment d’engraissement. La santé et les performances de croissance des taurillons s’en trouvent améliorées.





Même par 4 °C un jour venteux de novembre, les ventilateurs tournent dans le bâtiment d’engraissement du Gaec de Buysse, à Le Hérie-La-Vieville, dans l’Aisne. Au nombre de cinq, répartis dans la longueur du bâtiment, ils extraient l’air par le décrochage de la faîtière et le poussent vers le bas sur les 400 taurillons en place, logés vingt-deux par case. L’air sort ensuite par les côtés, sous le toit et à travers les filets brise-vent. « Nous ne les arrêtons jamais. Depuis leur installation, l’ambiance du bâtiment est bien plus agréable, et les performances sont au rendez-vous », affirme Gery Buysse, installé sur l’exploitation de polyculture-élevage avec son frère Alexandre. Un générateur électrique assure le fonctionnement des ventilateurs en cas de coupure.
Compenser la surchauffe des panneaux photovoltaïques
L’installation des ventilateurs, en juin 2024, est la dernière pièce du puzzle dans l’aménagement de ce bâtiment construit en 2021. « Nous avions pris modèle sur le bâtiment d’un voisin, entièrement ouvert. Cependant notre site est exposé à des vents beaucoup plus forts, d’énormes courants d’air traversaient le bâtiment, et nous avons essuyé des problèmes respiratoires tout l’hiver », relate Gery Buysse. Pour tenter de bloquer le vent dominant qui s’engouffre dans le bâtiment, les éleveurs montent cet hiver-là un mur de paille, puis un bâtiment de stockage de fourrage. Mais les courants d’air persistent. Des filets brise-vent posés en décembre 2022 améliorent enfin la situation. Cette fois, la correction est trop forte : « Quand nous fermions les filets, l’air sentait fort l’ammoniac. »
La ventilation naturelle s’avère insuffisante en 2023, quand les panneaux photovoltaïques installés sur la toiture amplifient l’effet de la canicule au mois de septembre. « Même en ouvrant grand les filets, l’air ne circulait pas assez. Dès 25 °C à l’extérieur, les taurillons étaient énervés. Pendant un week-end, le thermostat a atteint 41 °C dans le bâtiment », se souvient Éric Buysse, qui a transmis l’exploitation à ses fils. Les éleveurs étudient alors les options de ventilation dynamique avec leur conseiller. L’option d’une ventilation à pales verticales est rapidement écartée. « Ces ventilateurs coûtent moins cher à l’unité, mais il en aurait fallu un grand nombre. Finalement, la ventilation horizontale nous est apparue comme la solution la plus adaptée », résume Gery Buysse.
La bonne installation des ventilateurs est cruciale. « Au premier coup de chaud en juin 2024, deux des cinq ventilateurs se sont coupés, car ils étaient mal réglés. L’effet sur le comportement des bovins a été rapidement très visible dans les cases impactées », relate l’éleveur. Une fois les réglages corrigés, les éleveurs n’ont plus constaté de problèmes. « Les taurillons apprécient de sentir l’air circuler. Ils se couchent souvent près des ventilateurs, voire en dessous lorsqu’il fait chaud », observe Éric Buysse.
La consommation d’électricité reste « raisonnable » malgré le fonctionnement continu de la ventilation dynamique. « À 12 centimes le kW en moyenne, la facture avoisinerait 4 000 euros par an si les ventilateurs tournaient constamment à plein régime. Dans les faits, nous l’estimons à 3 000 euros par an », chiffre Gery Buysse.
Un investissement rentabilisable en deux ans
Après six mois de fonctionnement, les éleveurs tirent un bilan très positif de leur investissement. « La ventilation dynamique a drastiquement réduit la fréquence et la sévérité des troubles respiratoires et le nombre d’accidents a également été divisé par trois ou quatre, car les bovins sont plus calmes. Au global, nous avons gagné un point de mortalité, soit cinq taurillons finis en plus », estime Gery Buysse, qui chiffre autour de 30 % les économies réalisées sur les frais vétérinaires. « Le gain sur la mortalité représente à lui seul 2 500 euros de pertes en moins », calcule Christian Guibier, conseiller élevage bovins viande à la chambre d’agriculture de l’Aisne. Au-delà de l’aspect pécuniaire, les éleveurs soulignent un soulagement psychologique, et un allègement de la charge de travail : en 2023, ils passaient deux heures et demie chaque jour à soigner les bovins pendant l’hiver.
Les taurillons sont donc en meilleure santé, « et la ventilation permet aussi de maintenir l’ingestion même en cas de coup de chaud », affirme Gery Buysse. L’atelier a ainsi gagné 100 grammes de GMQ depuis l’installation des ventilateurs. « À âge égal, cela représente 28 kg vifs supplémentaires par taurillon fini », chiffre Christian Guibier. Entre l’amélioration du GMQ, la réduction des pertes et la diminution des frais vétérinaires, l’exploitation ressort gagnante : elle produit davantage de taurillons, plus rapidement, avec des coûts de production plus avantageux. À ce rythme, l’investissement de 52 000 euros « pourrait être rentabilisé d’ici deux ans ». Les éleveurs ont déposé un dossier de demande de subventions. S’il est validé, la région prendra en charge jusqu’à 45 % du montant.
Les éleveurs comme leur conseiller s’accordent à imputer l’amélioration des performances de croissance majoritairement à la mise en place de la ventilation dynamique, bien que l’ajustement de la ration d’engraissement ait également pu jouer un rôle. Celle-ci est constituée à 78 % de coproduits. Sa principale composante est la pulpe de betterave, que l’exploitation rachète à la sucrerie en tant que planteur. Elle représente à elle seule 19 des 30 kg de la ration journalière. Les éleveurs achètent à un négociant 2 kg de purée Mousseline de pommes de terre, 1,2 kg de drêches sèches de maïs, et ils intègrent 0,7 kg de farine de maïs. « Un moulin vient chaque mois moudre une partie de notre grain. Nous séchons la farine grâce à la chaleur de notre méthaniseur », explique Gery Buysse. 2,7 kg d’ensilage de seigle, 1,5 kg d’ensilage de luzerne, ainsi qu’un peu de paille, de tourteau de soja et de minéraux viennent compléter la ration.
Chiffres clés :
Six niveaux de vitesse pour s’adapter à la météo
Les ventilateurs installés au Gaec de Buysse disposent de six niveaux de vitesse, réglables depuis un panneau de contrôle posé à l’entrée du bâtiment. Les éleveurs diminuent la vitesse lorsque les filets brise-vent sont ouverts, sans couper la ventilation pour autant. « Nous craignions initialement que les taurillons aient froid, mais ils s’agitent si nous réduisons trop la ventilation. Même lorsqu’il gèle, nous la laissons généralement réglée à vitesse moyenne pour maintenir la circulation de l’air », décrit Gery Buysse.
Les ventilateurs peuvent également fonctionner en « marche arrière », c’est-à-dire faire sortir l’air par le haut. « Cela aurait un effet asséchant sur les litières, et est censé être utile en cas de pluie pour éviter de faire rentrer l’humidité », relaie Éric Buysse. Les éleveurs admettent ne pas encore bien maîtriser cette fonctionnalité. « Nous l’avons testée, mais les taurillons ressentent moins la ventilation et s’agitent. Par conséquent, nous maintenons la ventilation en marche avant, même par temps de pluie. » Pour autant, les éleveurs ne constatent pas davantage de dermatites et autres problèmes de pieds.