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Droit de réponse
« Agriculture : où sont passés les milliards de l’Europe ? » : Cash Investigation répond à l’interview de Jean-Marie Séronie

Suite à la publication le 7 juin 2022 de « Cash Investigation : « une émission truffée d’erreurs qui n’explique pas à quoi sert la Pac », interview de l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie sur l’émission sur la Pac diffusée le soir même, Véronique Blanc, journaliste réalisatrice de l’agence Premières Lignes ayant réalisé l’enquête pour Cash Investigation, fait jouer son droit de réponse.

[Mis à jour le 27 juin à 14h41]

Voilà les éléments de l'interview de Jean-Marie Séronie que Véronique Blanc, journaliste auteur de l'enquête pour Cash Investigation sur les aides de la Pac conteste :

« L’article intitulé « Cash Investigation « une émission truffée d’erreurs qui n’explique pas à quoi sert la Pac » publié sur le site internet de Réussir comporte de nombreuses inexactitudes et approximations. L’article a cru pouvoir s’attaquer au travail de l’équipe de Cash Investigation, sans s’appuyer sur des éléments d’enquête sérieux, en s’affranchissant d’une règle élémentaire de notre profession, le respect du contradictoire. Nathalie Marchand, la journaliste qui a mené cette interview, n’a jamais cherché à contacter Véronique Blanc, journaliste qui a réalisé l’enquête sur la PAC.


1/ Jean-Marc Séronie sous-entend que nous présentons Cerafel comme « une industrie agroalimentaire ». C’est inexact, il est précisé à deux reprises qu’il s’agit d’une coopérative. Cerafel est le premier bénéficiaire métropolitain, qui a obtenu en 2019 un soutien financier de plus de 19 millions d’euros de la PAC. Pour Jean-Marc Séronie, il ne fait aucun doute que ces aides reviennent aux agriculteurs. Lors de notre enquête, nous avons justement cherché à connaître la part qui serait reversée aux agriculteurs. Nos questions à Cerafel sur ce point et sur l’ensemble de leur programme opérationnel sont restées sans réponse.


2/ Contrairement à ce qui est affirmé, nous n’avons jamais dit que Cerafel, le Conseil régional de la Guadeloupe et les champagnes Mumm étaient « les trois premiers bénéficiaires » de la PAC en France, mais souligné qu’ils font partie des « plus gros bénéficiaires de la PAC ».


3/ Concernant Clélia Sirami et Benoît Biteau, nous contestons fermement vos propos, que les intéressés eux-mêmes ne corroborent pas. Après l’émission, Véronique Blanc a personnellement reçu de la part de Clélia Sérami un message très positif et, Monsieur Biteau a qualifié publiquement (tweet) de « travail d’intérêt général » l’enquête de Véronique Blanc.


4/ Vous mentionnez qu’ « à un moment donné on entend que les aides Pac représentent 70% du chiffre d’affaires d’une exploitation ». Ces propos sont tenus par un agriculteur, parmi les plus importants bénéficiaires de la PAC, lors d’un appel téléphonique diffusé dans le documentaire. Il évoque sa situation personnelle, et aucune généralisation n’a été faite contrairement à ce que fait Monsieur Séronie.


5/ Concernant le paiement vert, Jean-Marc Séronie souligne que « dire que ce verdissement
s’accompagnait d’une enveloppe de 2 milliards d’euros supplémentaires est faux », or rien de tel n’est affirmé dans le documentaire. Il n’est jamais dit que le paiement vert est une enveloppe supplémentaire.


6/ Jean-Marc Séronie prétend que les fraudes en Corse ne sont pas « liées à la Pac mais plutôt des dérives du modèle corse (qui) sont hyper connues ». Or, c’est bien le système déclaratif de la PAC qui est en cause et qui permet ainsi à certains d’en profiter. C’est d’ailleurs ce que l’OLAF, l’office européen de lutte anti-fraude constate dans un rapport datant de 2018 : « les autorités françaises ont reconnu, (...) l'existence de divergences entre la règlementation européenne et la mise en œuvre régionale en Corse : (...), absence de contrôle ex-ante sur la qualification des parcelles faite lors de leur déclaration par l'agriculteur. ». Puis l’Olaf de s’étonner : « le bénéfice des aides (...) ne serait pas subordonné à la possession d'un titre quelconque d'exploitation, mais seulement à une exploitation effective des parcelles agricole, sur une seule base déclarative. » L’Olaf note qu’en Corse ces « faiblesses administratives affectent durablement la gestion des aides de la PAC. ».


7/ Concernant Andrej Babis, la Commission européenne elle-même a conclu à un conflit d’intérêt entre ses précédentes fonctions politiques - qui le rendait décisionnaire pour partie du budget européen dont celui de la PAC - et ses fonctions de dirigeant d’Agrofert.


8/ Concernant la « mise en scène scandaleuse et méprisante » de notre fiction en début d’émission, nous assumons son caractère fictionnel et dystopique. Elle permet de faire comprendre, d’une part que les aides de la PAC sont indispensables au monde agricole et qu’elles ont permis notamment de faire baisser les prix de l’alimentation. D’autre part, que sans elles, la moitié des exploitations seraient déficitaires. Quant « au jeu du gâteau », nous l’avons conçu de manière pédagogique et concrète, cela n’a rien de désobligeant ».

 

L'économiste Jean-Marie Séronie à qui nous avons fait lire ce droit de réponse, commente en retour :

«  Cash investigation fait valoir son droit de réponse sur mon interview concernant son émission "Agriculture : où sont passés les milliards de l'Europe ? ". Je me félicite et remercie l'équipe de Cash investigation pour le grand intérêt porté à mes propos. Je m'en félicite d'autant plus que la réponse ne remet absolument pas en cause le fond de mes critiques. 

Celles-ci portent sur des erreurs, sur la mise en exergue de faits exacts mais d'une manière ambigüe prêtant à confusion pour les non connaisseurs et surtout sur l'absence d'explication de la Pac. Bien plus, elle confirme le caractère superficiel de l'analyse en argumentant que Cerafel est une coopérative alors qu'il suffit de deux minutes pour vérifier que c'est faux, c'est une association d'organisations de producteurs !

Sans ingérence dans les choix éditoriaux, j'invite donc la production de l'émission, pour l'avenir, à vérifier sereinement auprès de sources et d'experts reconnus ses accusations ou affirmations ».

 

En retour, Véronique Blanc, journaliste auteur de l'enquête pour Cash Investigation, répond à Jean-Marie Séronie :

« Monsieur Séronie, d’une part, par notre précédente réponse, nous rectifions point par point vos propres erreurs d’écoute de notre documentaire. D’autre part, concernant Cerafel, il nous a fallu bien plus que 2 minutes pour enquêter sur cette AOP. La filière fruits et légumes bénéficie en effet d'un soutien financier dans le cadre du règlement OCM au travers des programmes opérationnels (PO). Afin d’en savoir plus sur le PO de Cerafel, nous l’avons donc contactée, entre autres, et nous lui avons posé, par mail, des questions précises, qui sont restées lettre morte. Une nouvelle fois, rien ne permet donc d’affirmer ce jour, contrairement à ce que vous dites, que ces aides agricoles bénéficieraient aux agriculteurs. Enfin, selon le Ministère de l’Agriculture : « Une société coopérative agricole, une union de coopératives agricoles, (…), peut être reconnu, par arrêté ministériel, organisation de producteurs (OP). » Coopérative et AOP/OP sont donc deux notions distinctes qui ne s’annulent pas. Et selon le site Cerafel lui-même, Cerafel a reçu ce label : "AGRI CONFIANCE® : LA CERTIFICATION DES COOPÉRATIVES AGRICOLES ».

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