«Votre force, ce sont vos projets ; des projets structurants»
Le Préfet coordinateur Massif central séduit par les projets initiés par la Copamac-Sidam, et présentés le 23 novembre au Gaec des Thuyas à St Just près Brioude : la démarche Montlait et l’étude météorologique pour anticiper le changement climatique.
Après son passage dans le Cantal, le Préfet de Région Coordinateur Massif-Central, Pascal Mailhos, était invité par la Copamac-Sidam sur une exploitation de St Just près Brioude, la famille Vazeille du Gaec des Thuyas, engagée dans la démarche Montlait. En présence de nombreuses personnalités du département et de la région, cette visite a permis de «mettre en avant des démarches mises en place par la profession sur le territoire Massif-Central, pour apporter des solutions concrètes aux problématiques rencontrées sur nos zones de montagne» comme nous l’a expliqué Christine Valentin présidente de la Chambre d’agriculture de Lozère et présidente du Sidam.
Ce samedi 23 novembre à St Just, c’est la démarche Montlait qui a été présentée au Préfet de Région, très à l’écoute de l’exploitante Christine Vazeille qui a d’abord présenté l’exploitation depuis son arrivée en 1985 quand elle a «pris le mari et le métier» et rejoint «une famille qui a accepté (mes) lacunes», elle qui était fille d’artisans, jusqu’à aujourd’hui avec l’entrée de son fils Jean-Baptiste ouvrier agricole avant son installation il y a 2 ans.
L’agricultrice a décrit l’évolution du Gaec au fil des ans, avec ses interrogations, ses doutes, ses difficultés mais aussi ses orientations, ses engagements et ses valeurs.
Le prix du lait en 2018 identique à 2001 !
De cette visite, on retiendra, et le Préfet de Région lui aussi, 3 grands sujets. D’abord le prix du lait. Au Gaec des Thuyas, on a produit en 2017/2018, 500 000 litres de lait avec une moyenne par vache de 7 800 l. Le prix de base moyen a été de 325 €/1 000 l soit «le même qu’en 2001», fera ressortir Christine Vazeille, alors que dans le même temps tout a augmenté… Grâce à leurs efforts constants sur la qualité, le prix moyen payé à l’élevage est de 374 €/1 000 l. Les responsables professionnels présents comme le Député Jean-Pierre Vigier ont insisté sur ce point, dénonçant un prix du lait bien trop bas. En effet, les 374 € sont «exceptionnels» car ils tiennent compte d’une qualité supérieure et d’une valorisation spéciale avec la marque Montlait. Et on en arrive au deuxième sujet mis en exergue, la démarche Montlait à laquelle Christine Vazeille a adhéré dès la première heure. Dominique Barrau président de l’APLM (Association des Producteurs de Lait de Montagne) qui gère cette marque a expliqué la genèse de cette initiative portée depuis le début par les producteurs. Parti du constat que la marque “montagne“ était utilisée par la distribution sans retour aux producteurs, et après la crise laitière de 2009, à 4 ils ont créé l’APLM puis se sont lancés pour convaincre des éleveurs du Massif central à les rejoindre. «Quand on a eu 500 adhérents et 260 000 € (cotisation de 15 €/10 t de lait), on s’est dit, c’est plus une idée, c’est une responsabilité» et de là a été créée la marque Montlait qui au fil du temps a fait son chemin auprès des distributeurs et des opérateurs. En 2019, Montlait c’est 10 millions de litres de lait, de raclette et depuis cet automne, de beurre. La gamme s’est élargie. Cette démarche est une réussite, puis-qu’elle permet un retour de 7cts au producteur, et mieux elle redonne de la «fierté» aux éleveurs adhérents qui «retrouvent du lien avec leur produit», notamment lors des animations en magasins, comme le souligne Christine Vazeille.
Préfet à l’écoute
Cette rencontre a permis d’échanger autour de la dénomination “Montagne“. Patrick Bénézit président de la Copamac, insiste pour que cette spécificité soit reconnue et que les produits issus des fermes en zone de montagne soient mieux valorisés. Un travail en cours pour la profession.
Enfin le troisième volet abordé sur l’exploitation du Gaec des Thuyas, c’est l’étude engagée par la profession pour faire face aux changement climatique et s’armer face aux aléas tels la sécheresse de cette année 2019.
Ainsi, la Copamac-Sidam a recruté un météorologue pour faire une étude, à l’échelle des exploitations, avec des calculs d’indicateurs climatiques. «L’idée est d’anticiper les changements et d’engager une réflexion collective pour faire évoluer les systèmes d’exploitation afin d’aller vers une autonomie alimentaire pour les animaux mais aussi pour les humains», comme l’a expliqué Olivier Tourand secrétaire-adjoint de la Chambre d’agriculture de la Creuse en charge de ce dossier au Sidam.
À l’issue de cette matinée, le Préfet Pascal Mailhos s’est montré très intéressé par les différents projets qui lui ont été présentés soulignant la volonté des professionnels «d’anticiper, de rechercher de la valeur ajoutée en valorisant (vos) productions et (votre) territoire, d’être dans l’air du temps», et en les invitant à «bien garder le pilotage» de leurs opérations. Et de lancer à tous les responsables professionnels : «votre force ce sont vos projets ; des projets structurants».